Ils sont souvent qualifiés « d’invisibles » ou « d’oubliés » et leur situation se dégrade de plus en plus. Face à ce drame et surtout par devoir de reconnaissance, une coopérative a décidé de venir en aide à ces ainés délaissés par la France et par leur pays d’origine.
En fait, Chibani et Chibania désignent en France les anciens travailleurs immigrés généralement maghrébins, mais également originaires d’Afrique subsaharienne, devenus retraités immigrés, mais aussi d’anciens soldats ayant servi au sein de l’armée française.
Arrivés durant les Trente Glorieuses pour reconstruire la France de l’après-guerre, les Chibanis et Chibanias ont mené une vie laborieuse dans la douleur de l’exil.
Selon un décompte officiel, on compte ainsi plus de 900 000 personnes considérées comme Chibanis dont 70 % de Maghrébins et le reste se composent de ressortissants d’Afrique subsaharienne (majoritairement Sénégal et Mali).
Un droit bafoué
Depuis des années, ces immigrés venus « sauver » la France se battent pour leur droit. En effet, malgré un rapport du Haut Conseil à l’intégration en 2004 en leur faveur, leur situation ne s’améliore pas.
Aujourd’hui retraités, des milliers d’entre eux se consument à petit feu dans des conditions souvent indignes, dans des foyers ou logements sociaux. Leur vulnérabilité, doublée parfois de la barrière de la langue, les fait passer à côté de leurs droits fondamentaux.
D’ailleurs, n’ayant pas la nationalité française, ils touchent une retraite beaucoup moins valorisée. Toujours selon des rapports officiels, malgré une petite augmentation du nombre de naturalisés depuis 2013, les demandes ont souvent du mal à se concrétiser.
La jeune génération ne les oublie pas
Face à cette injustice, « la Coopérative Chibanis » est née en mars 2021 à Roubaix (Nord) à l’initiative de Hamza El Kostiti.
Dans son manifeste, la Coopérative Chibanis explique avoir pour vocation « d’agir et de sensibiliser sur la situation de toutes les personnes âgées vulnérables, en particulier des seniors immigrés ».
Pour mener à bien sa campagne, la coopérative a décidé de lancer une cagnotte en ligne sur la plateforme Cotiz’Up (accessible ici >>) avec un premier objectif de rassembler 50 000 €.
Avec cette somme, les bénévoles de la coopérative espèrent, dans un premier temps, « poursuivre l’opération « repas solidaires » à destination des personnes âgées isolées et des personnes en grande précarité ».
Par ailleurs, la Coopérative s’intéresse particulièrement à leurs statuts juridiques. Ainsi, l’association veut « assurer des permanences juridiques et sociales par des professionnels afin de faciliter l’accès aux droits comme le logement, la revalorisation des retraites, la pension ou les aides sociales ».
En outre, ces immigrés sont souvent sans famille et se retrouvent seuls. Afin de les aider à s’en sortir de l’isolement, l’association veut mettre en place « un suivi psychologique par des professionnels ».
Enfin, les bénévoles veulent remercier ces Chibanis pour leur service rendu en leur aidant « à retrouver une vie sociale à travers des temps de rencontres et diverses activités ».
Il faut aussi reconnaître que la crise sanitaire augmente considérablement la précarité chez « ces anciens ». C’est pourquoi, la coopérative tient à souligner que « chaque contribution va réellement changer la vie de ces personnes âgées vulnérables » tout en permettant « à assurer la pérennité́ de missions sociales en leur faveur ».