Ces derniers jours nous avons assisté à une déferlante d’opération coup de poing venant des militants du pkk sur le sol français.
La mise à sac d’une mosquée à Marignane et d’un restaurant turc à Lyon, l’incursion dans la cour de l’Agora de la Commission de l’Europe à Strasbourg, ou encore l’attaque contre le consulat de Turquie au mortier ne sont que la suite d’une longue série savamment occultée par les médias mainstream et le gouvernement.
On pourrait comprendre ce manque de réaction quand les victimes sont turcs, mais comment expliquer ce silence quand il s’agit de troubles à l’ordre public ? D’intrusion dans une institution publique et internationale comme la Commission européenne ? Ou dans les locaux de l’agence AFP en 2017 ?
Au passage, en parlant de l’AFP, il est édifiant de constater que cette agence a visiblement cédé aux revendications du pkk, en effet non seulement l’affaire n’a pas été portée devant la justice mais elle minimise la dangerosité du pkk allant jusqu’à laisser entendre que le pkk ne devrait plus figurer sur la liste des organisations terroristes de la France.
Cet aveuglement des médias et des politiques face à tous ces événements cités plus haut est aisément vérifiable, en effet en tapant sur Google vous ne pourrez accéder que très rarement à ces informations pour la simple raison qu’elles ne sont pas ou très peu relayées.
Financement du Pkk
Alors pourquoi ce deux poids deux mesures quand il s’agit de faire une montagne pour des Loups Gris sans existence juridique et une entitée figurant sur la liste des org. terroristes de la France qui s’adonne régulièrement à des pratiques allant contre les lois ? (Rappelons quand même que, fort heureusement, la justice fait son travail et que des peines sont prononcées contre ces derniers quand il y a une plainte)
Pour répondre à cette question, il faut d’abord rappeler ce qu’est le pkk, ses activités et son mode de financement.
Le pkk est une organisation terroriste et reconnue comme telle par, entre autres, les États Unis, le Canada, la Nlle Zélande, la Grande Bretagne, l’Australie et l’Union Europénne (dont la France). Il a fait plus de 42000 victimes en Turquie durant les 4 dernières décennies, les victimes sont pour un quart des civils, hommes, femmes et enfants sans distinction. Le pkk se dit défenseur de « la cause kurde » tout en tuant des kurdes qui ne font pas allégeance au pkk. Connaissant des difficultés de recrutement, le Pkk kidnappe et forme des enfants soldats (voir les mères de Diyarbakir)
Le pkk hors de la Turquie :
Le Pkk a ses bases arrières en Irak, en Syrie et dans une moindre mesure en Iran et en Arménie où il prend d’autres noms. En Syrie c’est par exemple le Pyd soutenu par le monde occidental contre une prétendue lutte contre Daech (voir le leader du Pyd reçu à l’Élysée).
le Pkk en Europe :
Même si le pkk dispose d’un camp d’entraînement à Lavrion en Grèce, la France semble un des terrains de jeu de prédilection de part ses activités occultes, le nombre de militant et la rente financière. Il en est de même pour l’Allemagne, la Belgique et l’Italie.
Quelles sont ses activités en France ?
- Une propagande ciblant l’opinion publique afin de donner une image innocente à travers leurs médias.
- Recrutement de candidats à la révolution permanente à travers des associations culturelles (voir le rapport des renseignements français et leurs inquiétudes du retour des combattants Ypg français de Syrie)
- Organisations de rencontres, colloques ou miting sous couvert d’associations oeuvrant pour la paix et la reconnaissance du Kurdistan.
- Lobbying et pression sur les politiques, notamment par le biais des partis politiques de l’extrême gauche.
Son financement :
- Prélèvement de gré ou de force, allant jusqu’au rackette, d’un impôt révolutionnaire sous le nom de « Kampanya » auprès des commerçants.
- Traffics d’arme et de drogue : les condamnés de militants du pkk pour ces raisons ne se comptent plus.
Le Pkk et les kurdes :
Le pkk étant une nébuleuse de mouvance marxiste-léniniste, il peine à trouver écho auprès des kurdes majoritairement bien intégrés, conservateurs et sunnites.
Kurdes de Turquie :
Le chiffre reste difficile à déterminer, il faut garder en mémoire que les peuples turc et kurde ont une histoire commune de plus de 1000 ans. Même si cette histoire commune et fraternelle a parfois été entachée par des conflits ponctuels, les deux peuples ont su préserver une complicité rare dans l’Histoire des peuples. Toutefois les chiffres avancés varient de 12 à 20 millions de turcs de culture kurde sur une population totale de 82 millions. Depuis la rencontre des deux peuples, ces derniers ont toujours fait qu’un seul peuple, ainsi depuis l’entrée des turcs en Anatolie en 1071, en passant par les ottomans et enfin sous la République turque, les kurdes ont toujours été associés à la gouvernance, le plus bel exemple étant Turgut Özal, 1er ministre puis Président de Turquie entre 1983 et 1993.
Après ce coup de projecteur sur la nature du Pkk, revenons aux activités et surtout au financement du pkk. Comme dans toute organisation aux pratiques mafieuses, où il y a un aflux massif d’argent, le Pkk ne fait pas exception à la règle qui en découle. Les enjeux astronomiques financiers donnent lieu à des règlements de comptes récurrents en internes. Ainsi, même si la Turquie a été pointée du doigt dans l’assassinat des 3 militantes du Pkk à Paris en 2013, à ce jour rien ne vient corroborer ces accusations et l’enquête semble au point mort, à moins que celle ci ait été abandonnée volontairement.
L’art de faire d’une pierre plusieurs coups.
Il s’agit là d’une stratégie bien rôdée qui a fait ses preuves, évidemment cette stratégie ne tient qu’à un fil. Ce fil étant l’absence et le désintérêt volontaire d’un travail journalistique qui n’aurait aucun mal à dévoiler le pot aux roses. Cette stratégie consiste à accuser de facto la Turquie et sans preuves quand leur locaux ou dirigeants sont attaqués, ainsi :
1- l’organisation Pkk attire l’attention de ses militants sur la Turquie pour mieux dissimuler les mésententes internes dans un but de ne pas démoraliser « les troupes ».
2- Il alimente l’idée très en vogue que la Turquie se permet des opérations en France en envoyant ses services secrets ou ses Loups Gris présents sur le sol.
3- Cette idée est largement reprise par les politiques à des fins électoralistes, et par les médias en mal de sensationnels.
Ainsi chaque partie trouve son compte et aucune n’a intérêt à faire la lumière sur la réalité du Pkk. Mais malheureusement, ces comptes se font aux dépends des relations franco-turques, du souhait d’apaisement entre les 2 pays des citoyens français, turcs, mais surtout franco-turcs.
Les idées fausses :
À lire ou à écouter certains, la Turquie d’Erdogan aurait subitement déclenché une guerre contre les kurdes, certes il y a bien une guerre mais celle ci n’est pas nouvelle et est encore moins menée contre les kurdes mais contre le Pkk. Depuis le début de sa création en 1978, puis son passage aux attentats dans les années 80, le Pkk a toujours été combattu de manière plus ou moins virulente par tous les gouvernements quelque soit sa couleur politique. Aujourd’hui, hormis la branche politique du Pkk, le Hdp, tous les autres partis politiques représentés au parlement, approuvent la lutte contre le Pkk.
Quel est le bilan ?
La minimisation du danger du Pkk renforce le paranoïa et les thèses complotistes d’une prétendue menace turque, elle donne aussi un sentiment d’impunité sans précédent à cette organisation terroriste sur le sol français et plus largement en Europe. Ce sentiment d’impunité donne fréquemment lieu à des saccages d ‘associations ou lieux de culte turques en passant par des agressions physiques.
Espérons seulement que cette organisation ne se retournera pas un jour contre la main si complaisante, car ce jour cette main si accomodante devra faire preuve de beaucoup d’imagination pour expliquer la bienveillance qu’elle lui a accordé.
MB
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