Dans un communiqué parvenu, ce lundi à MedyaTurk Info, le CFCM affirme son mécontentement suite à une organisation d’une réunion à l’Elysée. En effet, d’après le communiqué, il y’avait une réunion lundi à l’Elysée de personnalisés musulmanes dont des membres du CFCM qui ont été choisies par les services du ministère de l’Intérieur. Or, le CFCM ne comprends pas que des « fonctionnaires » puissent décider « de qui va participer à cette réunion et non son Bureau ».
« Le 7 janvier 2019, Emmanuel Macron, président de la République, doit réunir à Paris, à l’Elysée, des personnalités musulmanes dont la sélection a été, semble-t-il, confiée aux services du ministère de l’Intérieur. Ces mêmes services ont pris soin d’écarter d’autres personnes : ceci nous ramène à la période de l’Islam colonial », a expliqué le CFCM,
« Ce traitement nous révolte et nous indigne, car nous sommes encore considérés comme les « indigènes de la République », s’insurge encore le communiqué.
Le président du CFCM Ahmet Ogras a protesté auprès des conseillers du président Macron pour « ne pas avoir été consulté de manière à proposer également des responsables connus pour leur attachement aux intérêts du culte musulman français, mais aussi parce qu’ils sont très représentatifs sur le terrain ».
Le CFCM exige que les personnalités musulmanes et ses membres soient traités « avec respect en veillant à l’égalité de traitement comme les autres responsables des différents cultes », fait savoir le communiqué.
Le communiqué fait également allusion aux « gilets jaunes » et n’écarte pas l’idée de lancer un nouveau mouvement de « gilets verts ».
« Il y a les gilets ‘jaunes’, doit-on mettre des gilets ‘verts’ à notre tour pour que l’on puisse s’exprimer autour de la table de la République », s’est interrogé le l’association musulmane.
Par ailleurs, le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdellah Zekri, a fustigé lundi l’approche « indigéniste » de l’Elysée avec les représentants du culte musulman.
Zekri s’exprimait sur la radio France Maghreb 2 suite à une audience qui a réuni, lundi à l’Elysée, des représentants du CFCM avec le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Abdellah Zekri n’ayant pas été autorisé à assister à cette réunion, a dénoncé l’approche coloniale de l’Elysée.
« Je dénonce cet Islam colonial. Il n’appartient pas du tout à l’Etat ou au ministère de l’Intérieur de désigner qui participe», a-t-il expliqué.
Son propos trouve sa source dans le procédé utilisé par l’Elysée pour organiser ce rendez-vous. Si le CFCM a été bien invité, seuls les membres choisis par la présidence ont pu participer à cette première rencontre de l’année 2019 entre l’Etat et les représentants musulmans.
Abdellah Zekri est revenu sur les « trois points abordés ».
Les représentants de l’Etat ont évoqué, tour à tour, la « lutte contre les discours radicaux », le « financement du culte » et l’islamophobie.
Concernant la radicalisation, le délégué du CFCM estime qu’il faut aussi « que l’Etat combatte, de son côté, les discours haineux des hommes politiques et de certains groupuscules à l’encontre de l’Islam».
Selon Zekri, le président Macron aurait également évoqué « la sécurisation des lieux de culte » et dénoncé les agressions subies par certaines femmes en raison du port du voile.
Emmanuel Macron doit auditionner jeudi les représentants de tous les cultes pour recueillir leurs positions sur le projet du gouvernement d’abroger la loi de 1905 qui régit la séparation entre l’Eglise et l’Etat.
Le président est accusé par les membres de certaines associations de vouloir contrôler l’Islam de France en faisant appel à des personnalités contestées dans la communauté musulmane mais dont leurs relations dociles avec l’état les placent comme interlocuteurs privilégiés.
Fatih KARAKAYA
Source AA