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Allocution de Macron : 13 minutes pour provoquer l’acte 5 du mouvement des Gilets Jaunes

Les français(ses) attendaient avec impatience l’allocution d’Emmanuel Macron, cloîtré dans son mutisme depuis le début du mouvement des gilets jaunes, ce lundi 10 décembre à 20H00. Toute la journée, les médias ont émis des pronostiques, les gilets jaunes ont exprimé, avant l’allocution même, leur scepticisme quant à la présentation de vrais solutions par le président de la république. A 20H00 tapante, ce dernier s’est adressé aux citoyens par une allocution de 13 minutes enregistrée et retransmise.

Loin de l’arrogance jupiterienne

Visage placide, se forçant à afficher une attitude déférente , tel un mauvais comédien, Emmanuel Macron attaque son monologue en soulignant, pendant 2 minutes, la violence lors des mouvements des gilets jaunes et sa détermination à éradiquer celle-ci.

« Je veux vous le dire d’emblée, ces violences ne bénéficieront d’aucune indulgence…aucune colère ne justifie qu’on s’attaque à un policier, à un gendarme, qu’on dégrade un commerce ou un bâtiment public… »

J’attendais, comme tout le monde, de voir l’attitude du président lors de cette allocution, j’appréhendais une posture réfractaire mais quelle inconscience de s’adresser aux citoyens sous des faux airs de bienveillance, pour n’extirper des événements que la violence en marge de ces mouvements de citoyens, fatigués de survivre à découvert,  de travailler sans pouvoir vivre décemment.

Il a voulu paraître plus humble, moins guindé qu’à  son habitude, donnant l’impression d’être plus proche de ses citoyens, revêtant une posture présidentielle ordinaire, loin du ton hautain, cassant de Jupiter, lorsqu’il a réalisé  une ébauche timide de  mea culpa. Toutefois, j’ai remarqué qu’il n’admettait  pas franchement ses erreurs et présentait   beaucoup de difficultés pour exprimer  des excuses. On ressent qu’il n’est pas franc et interprète avec beaucoup de mal  le rôle  d’un président paternel et compréhensif, écrit par ses conseillers en communication.

Au bout de 5 minutes de tirade, Emmanuel Macron décrète l’état  d’urgence économique et social et présente les 4 mesures en réponse aux revendications des gilets jaunes.

Mesures présentées pour désamorcer la crise des gilets jaunes

  1.    Hausse du SMIC de 100€/ mois
  2.    Défiscalisation des heures supplémentaires
  3.   Défiscalisation de la prime de fin d’année ( pour les entreprises pouvant l’attribuer)
  4.    Annulation de la hausse de la CSG pour les retraites  inférieures à 2000€/ mois

On pressent qu’il désire garder la maîtrise de la situation, certainement conscient de l’insuffisance de sa réponse à cette crise et sachant dans son intime conviction que ces quelques gouttes de mesures n’éteindront pas le feu  mis aux poudres par les gilets jaunes, décidés coûte que coûte à obtenir l’ensemble de leurs revendications.

Réactions des gilets jaunes à l’allocution présidentielle

Macron a attisé de plus belle la colère des gilets jaunes qui considèrent les mesures présentées comme de la « poudre de perlimpinpin ».

Malgré des revendications disparates, les gilets jaunes s’accordent sur un socle commun:

  1.    SMIC à 1300€
  2.    L’annulation de la TVA sur les denrées de première nécessité
  3.    L’annulation des taxes sur les carburants ( celles qui sont entrées en vigueur en 2018)
  4.    La démission d’Emmanuel Macron
  5.    La création du RIC ( référendum d’initiative citoyenne)
  6.   Pas de retraite en dessous de 1200€
  7.    Taxation des GAFAM
  8.    Fin du CICE

En conséquence, ils lancent un appel à se mobiliser pour un acte 5 ce samedi 15 décembre, résolus à obtenir d’avantage, considérant que le président est toujours dans une posture de défenseur des riches en refusant de réintroduire l’ISF. Ils s’accordent à réitérer leur volonté de poursuivre en dépit des fêtes qui approchent et sont prêts à durcir le ton en réponse au président.

La situation devient préoccupante aux vues d’un ralentissement de l’économie, de la fatigue des forces de l’ordre, des violences et saccages perpétrés  par les blacks blocs, les extrémistes, des pillages des commerces en marge des manifestations.

Jusqu’alors, près de 80% des français soutenaient le mouvement des gilets jaunes, l’annonce de Macron va-t-elle pouvoir inverser la tendance?

ATD

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