Selçuk Demir : parcours atypique d’un Franco-turc.
Issu d’une famille d’immigrés originaire des côtes de la Mer Noire en Turquie, Selcuk Demir, né le 20 juillet 1979 à Dieppe (Normandie), est le 3ème d’une fratrie de 4 garçons.
Élève assidu et brillant, intéressé par l’actualité, les faits de justice, et le droit, il décide d’intégrer la faculté de droit et sciences politiques. Terminant ses études avec succès, il prêtera serment en janvier 2006 et endossera sa toge au barreau de Rouen. Il se spécialisera dans le droit des affaires, notamment des contrats internationaux et plus spécifiquement le domaine des relations entre la Turquie et la France.
Maître Demir, personnage haut en couleur, intègre, et ayant le contact facile n’est pas qu’un simple avocat. En effet, il est actuellement le Président de l’Alliance des Juristes Franco-turcs, composé de 200 juristes et d’une cinquantaine d’avocats, groupement qui est en mesure d’apporter aides et conseils aux étudiants en droit ou aux jeunes diplômés cherchant des stages au sein de cabinets d’avocats, toutefois, son activisme auprès de la communauté franco-turque ne se limite pas qu’à cela. Il parcours la France entière pour inculquer son savoir-faire et ses conseils lors de séminaires ou colloques sur invitation des différentes associations franco-turques.
Féru de politique et plus particulièrement de la relation diplomatique Franco-Turquie, il met un point d’honneur à représenter et à présenter la Turquie auprès des médias français. Ses interventions médiatiques (une cinquantaine d’interventions télévisées et de radio) sont suivies de près et appréciées par la communauté turque dont nombreux membres le considèrent comme leur porte-parole.
Selçuk Demir ou la force tranquille.
Depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir en Turquie, la presse française, dans sa globalité fustige Recep Tayyip Erdogan, fondateur de l’AKP et président turc, et jette l’opprobre sur ses partisans. Patiemment, tranquillement mais aussi fermement, Maître Demir défait les aprioris que véhicule cette presse partisane.
Medyaturk l’a contacté afin d’avoir sa vision sur l’actualité de la Turquie, qui ébranle la masse média française qui titre tous les jours à leur Une, Recep Tayyip Erdogan.
Pourquoi autant d’interventions à propos de la politique turque alors que vous vivez en France?
Je m’intéresse à la politique en générale, aux relations bilatérales de la France et de la Turquie, à la géopolitique, la conjoncture politique actuelle faisant, avec les élections présidentielles et parlementaires en Turquie qui ont retenues le souffle du monde entier, je me suis impliqué beaucoup plus qu’á l’accoutumée au vue de l’offensive virulente des médias en France contre le Président Recep Tayyip Erdogan.
Comment expliquez-vous la position anti-Erdogan de la presse française? Est-elle orchestrée?
Je pense que la presse française se procure ses sources auprès de groupements restreints d’individus défavorables à Erdogan et ne projette que l’opinion de ces derniers, sans trop approfondir leurs travaux. Il y a une réelle méconnaissance de la complexité de la situation en Turquie, leur source étant trop subjectives, la paresse faisant, elle se contente de commenter l’opinion défavorable émanent de l’opposition.
Nous avons constaté depuis l’article du magazine Le Point titrant « Erdogan, le dictateur » que la presse française attaque les associations franco-turques, les web médias turcs qu’elle met systématiquement en corrélation avec le parti au pouvoir en Turquie et plus précisément Erdogan qu’elle accuse de créer des satellites de l’AKP en France. Pensez-Vous que leur but est de créer une phobie ou simplement de museler ces organisations?
Je pense que les médias sont pris par une paranoïa collective dûe à un soutien massif du président Erdogan par la communauté franco-turque, dont ils ont une image néfaste eu égard à leurs sources. Il considère l’AKP comme une machine produisant de la propagande en Europe, ce qui leur permet d’attiser l’islamophobie, d’alimenter les peurs pour créer du sensationnel et vendre leurs papiers. J’ai, lors de mon intervention du 25 juin sur 28’ARTE, invité les journalistes me questionnant sur l’une des organisations européennes turques, le Cojep, et son fondateur Ali Gedikoglu, à prendre directement contact avec les intéressés pour leur donner un droit de réponse car il est facile de fustiger les absents !
L’accusation contre le DITIB comme bras islamisé de l’AKP en France, en vue de propagande est-elle fondée ?
Non! Le DITIB est apolitique et ne fait pas de prosélytisme politique, le but de ces accusations est de discréditer les mosquées turques en France et attiser l’islamophobie.
Que préconisez-vous aux franco-turcs et plus précisément aux organisations franco-turques? Quelles positions doivent-ils adopter face à ce lynchage médiatique ?
La communication est un art, une science qui demande maîtrise et stratégie. Il faut utiliser les canaux traditionnels afin de répondre à ces attaques de manière réfléchie.
« J’ai une pensée émue … »
La masse média française, les « spécialistes de la Turquie » pronostiquaient la déchéance d’Erdogan lors de ces dernières élections. « La chute du sultan » leitmotiv repris en cascade par tous ces spécialistes du Moyen-Orient, auxquels Maître Demir, lors de sa dernière intervention télévisée, fait un pied de nez ironique :
J’ai une pensée émue pour tous les spécialistes de la Turquie qui annonçaient la chute d’Erdogan… il faudrait qu’ils se remettent en question »