La stigmatisation des Musulmans semble avoir franchi un nouveau palier en France. Un ancien ministre français de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement évoque même un « climat de guerre civile ». Au cœur de la polémique, le « manifeste contre le nouvel antisémitisme », une tribune signée par 300 personnalités, dont l’ex-président Nicolas Sarkozy, et trois anciens Premiers ministres, à savoir Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Raffarin.
L’article qui a déchaîné la controverse a été publié par le journal « Le Parisien », le 21 avril courant. Il a été rédigé par Philippe Val, l’ancien directeur de l’hebdomadaire «Charlie Hebdo ». Quant au « nouvel antisémitisme » en question, il serait le fait « d’islamistes radicaux », à en croire la tribune cosignée par des intellectuels français tels Elisabeth Badinter, Bernard-Henri Lévy, et Alain Finkielkraut.
« Nous demandons que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémite catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime », affirme le texte.
Autant dire que le « manifeste » a provoqué des réactions houleuses du côté des responsables musulmans.
Ainsi, le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, cité par « France 24 », a appelé les signataires de la tribune à cesser « d’accabler l’islam et les musulmans ».
« Des hommes politiques sur le déclin et en mal de reconnaissance médiatique ont trouvé dans l’islam et les musulmans de France leur nouveau bouc émissaire », a-t-il souligné.
Pour Ahmet Ogras, le président du Conseil du culte musulman (CFCM), cité par la chaîne française, « cette tribune est un non-sens, un hors-sujet. La seule chose à laquelle on adhère, c’est qu’on doit tous être ensemble contre l’antisémitisme ».
« Personne n’a le monopole de l’oppressé ou de la victime », conclut-il.
De son côté, la Grande Mosquée de Paris, relèvera, « le procès injuste et délirant d’antisémitisme fait aux citoyens français de confession musulmane et à l’islam de France », soulignant, dans un communiqué, que cette tribune « présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles dans une hystérie qui défie la réalité sociale et politique ».
Dans une tribune publiée dans « Le Monde » le 25 avril, l’universitaire Farid Laroussi, déclare à son tour : « Une telle abjection intellectuelle est non seulement inexacte, elle dissimule en vérité l’idéologie de l’islamophobie ambiante qui n’a eu de cesse depuis ces trente dernières années de provoquer et de déchirer la matière même de la nation, en jouant, par exemple, une communauté contre une autre, comme c’est le cas ici ».
Pour sa part, Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation de l’Islam de France, a considéré, mardi, dans un communiqué dont Anadolu a eu copie: « c’est ce genre de généralisation abusive qui contribue à la montée des tensions dans notre société et à créer un climat de guerre civile ».
Or ces propos ont une résonnance particulière quand on sait que Chevènement a été ministre de la Défense (1988-1991), et de l’Intérieur (1997-2000).
« Autant il faut condamner avec la plus extrême vigueur toutes les manifestations d’antisémitisme à commencer par les actes antisémites, autant il peut être dangereux de désigner « un nouvel antisémitisme musulman », comme si tous les musulmans avaient tété l’antisémitisme avec le lait de leur mère », martèle l’ancien ministre.
A noter que l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) prendra également à partie les signataires sur son site officiel. L’UJFP s’interrogera ainsi : « Pourquoi ne demandent-ils pas aussi aux Chrétiens de retirer des Évangiles le texte qui dit que les Juifs demandent aux Romains de tuer Jésus » ?
« Nous autres, Juifs, pouvons leur proposer d’en profiter pour nettoyer certains textes de la Torah repris par les colons passés depuis longtemps aux « travaux pratiques » sur le terrain de la Palestine », note l’UJFP.
A cet égard l’organisation citera, dans son communiqué, un extrait de la Torah : « Annihilez les Amalécites du début jusqu’à la fin. Tuez-les, et dépouillez-les de toutes leurs possessions. Ne leur montrez aucune pitié. Tuez sans arrêt, l’un après l’autre. Ne laissez aucun enfant, aucune plante, aucun arbre. Tuez leur bétail, des chameaux aux ânes ».
Avant de conclure : « Vivre ensemble dans l’égalité des droits, c’est la seule issue non barbare, en France comme au Proche-Orient ».
Source AA