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Polémique sur l’enseignement de l’arabe à l’école

France : l'arabe à l'école

En France, l’apparition du problème public de l’enseignement de l’arabe est concomitante à l’émergence de l’Islam comme objet de polémique et problème public ces dernières années

L’arabe est la langue officielle de 26 Etats, en Afrique et dans la péninsule arabique, soit 430 millions d’habitants. Elle est enseignée en France à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) depuis 1795 et l’agrégation d’arabe a été créée en 1905.

La pratique de l’arabe littéral en France était alors encouragée pour faciliter les échanges commerciaux ou diplomatiques avec le monde arabe. Mais la décolonisation et l’arrivée de nombreux Maghrébins en France depuis les années 1960 a changé le profil des locuteurs. L’arabe est alors devenu la langue d’origine de populations d’immigrés, comme le portugais ou l’italien. Et c’est à ce titre qu’elle est a été intégrée au système d’enseignement de langue et culture d’origine.

Langue « un peu plus étrangère que les autres », l’arabe et l’enseignement de l’arabe en France sont souvent perçus comme vecteurs des stigmates de l’Islam et de l’immigration. Aussi, il semble que c’est moins la langue en soi qui est stigmatisée au départ que le reflet des stigmates de l’immigration et de l’Islam sur cette langue à travers ses locuteurs. En d’autres termes, la langue arabe devient le marqueur d’une stigmatisation définie comme étant le résultat d’une interaction entre deux individus lors d’une situation sociale mixte.

Alain Messaoudi, chercheur au Centre d’histoire sociale de l’Islam méditerranéen, à l’EHESS à Paris, et auteur d’une thèse sur les arabisant français à l’époque coloniale, avance que : « les résistances de certains chefs d’établissement , hostiles à une implantation de l’enseignement de l’arabe pour des raisons sociologiques ou idéologiques, sont dues à l’idée qu’il ne faut pas favoriser l’enseignement des langues de populations immigrées, tout particulièrement celles qui véhiculeraient des cultures « extra-européennes », et plus spécifiquement l’arabe, langue de l’islam ».

En France, l’apparition du problème public de l’enseignement de l’arabe est concomitante à l’émergence de l’Islam comme objet de polémique et problème public ces dernières années. On semble ainsi déboucher sur un paradoxe. Face à un enseignement de l’arabe associé à la « question musulmane » dans un processus de construction des problèmes publics, l’enseignement de l’arabe dispensé par l’Éducation nationale française est de plus en plus concurrencé par les instituts et associations cultuels.

C’est pourtant dans la logique de dissocier enseignement de l’arabe et communautarisme que la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a mit fin à un dispositif d’enseignement très décrié : Les enseignements de langue et de culture d’origine (ELCO).

Régis par des conventions signées entre 1973 et 1986 entre la France et huit pays partenaires, ces enseignements visaient au départ à permettre aux enfants de migrants de maintenir un lien avec leur pays d’origine et à faciliter leur éventuel retour. L’éducation nationale souhaitant y mettre un terme au motif qu’ils ne véhiculent pas un « enseignement linguistique de qualité » et enferment les élèves dans une « logique d’entre soi ».

Le ministère de l’Education a annoncé la fin des ELCO, sur trois ans à partir de la rentrée 2016, en les transformant en langues étrangères à part entière. Des cours réintégrés au temps scolaire et ouverts à tous. « L’apprentissage de l’arabe, du turc ou du portugais doit se faire dans un cadre scolaire, banalisé, normalisé, comme toutes les autres langues », explique Najat Vallaud-Belkacem.

En France, à l’école primaire, l’arabe représente moins de 0,1 % des initiations aux langues étrangères, très loin derrière l’anglais (95 %) et l’allemand.

En 2015, 4 212 élèves suivaient des cours d’arabe au collège et 6 234 au lycée. Cela représente 0,2 % des enseignements de langue étrangère, soit moins que le chinois ou le russe

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