Obtenir un rendez-vous avec un médecin en France comme un dermatologue ou un cardiologue est devenu une mission difficile pour des millions de patients. C’est ce qui ressort de l’enquête sur les délais d’attente en matière d’accès aux soins, réalisée auprès de 40 000 personnes, par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publiée en ligne au mois de janvier.
En réalité, l’hôpital public va mal. Une grève entamée il y a 8 mois s’est soldée par la démission collective de millier de chefs de service de leurs fonctions administratives, mardi 14 janvier 2020. Cette crise du monde médical a des conséquences graves pour des millions de Français.
D’après cette étude, la pénurie de médecins traitants, l’allongement de délais d’obtention d’un rendez-vous, difficultés à trouver un spécialiste, le nombre insuffisant de praticiens sont les premières répercussions de la crise.
Ainsi, selon les projections de la DREES, un fort recul des effectifs des médecins libéraux est à prévoir jusqu’en 2027, soit une baisse de 24% par rapport à 2012. Cette baisse est plus visible chez les médecins généralistes avec une diminution de -30%. En conséquence il faudra s’attendre à un affaiblissement de la densité médicale libérale à l’échelle nationale.
En étudiant de prêt cette étude, certains chiffres alarmants inquiètent les autorités. Ainsi, 70% des médecins généralistes estiment que l’offre de médecine générale dans leur zone d’exercice est insuffisante.
Par ailleurs, 80% des médecins généralistes déclarent avoir des difficultés pour répondre aux sollicitations des patients. En outre, 54% des médecins généralistes affirment devoir augmenter les délais de prise de rendez-vous tandis que 53% refusent de nouveaux patients.
Une autre situation plus alarmante est que 28% d’entre eux écourtent la durée des rendez-vous.
Les spécialistes ne prennent plus en charge les patients
En France, il est obligatoire de passer par un médecin généraliste avant de se rendre chez un spécialiste. Or, 77% des médecins interrogés affirment qu’ils ont des difficultés pour trouver des confrères spécialistes en mesure de prendre en charge leurs patients.
D’après cette étude, toutes les spécialités ne sont pas logées à la même enseigne. En fait, l’ophtalmologie, la dermatologie et la psychiatrie sont les plus concernées.
Délais de rendez-vous dans certaines spécialités
C’est ainsi que des spécialités comme l’ophtalmologie, dermatologie, cardiologie, gynécologie et rhumatologie médicales sont celles pour lesquelles les délais d’attente avant d’obtenir une consultation sont les plus longs. En effet, en moyenne il faut attendre de 2 mois avant de pouvoir passer la porte d’un médecin.
Dans le détail, il faut attendre 61 jours en dermatologie et 80 jours en ophtalmologie. Par contre, une étude d’une mutuelle privée évoquait en moyenne 109 jours pour un ophtalmologue. Certains délais sont considérablement allongés selon les régions. Ainsi, dans la Loire, cela passe à 327 jours.
Toujours selon l’étude, ces délais d’attente sont en moyenne de 3 semaines chez le pédiatre et le radiologue. Un mal de dents doit attendre 1 mois, la visite d’un gynécologue et ainsi qu’un rhumatologue est de 45 jours. Si vous avez un problème au cœur, il faudra, dans ce cas, patienter 50 jours se rendre chez le cardiologue.
Une carte interactive des délais
Par ailleurs, le groupe « Le Guide Santé « , dont l’une des missions est de faciliter un accès aux soins à tous citoyens, a publié sur son site internet une carte de France interactive mettant en lumière une réelle désertification médicale.
Ainsi, le groupe s’inquiète du manque d’accès aux soins notamment en dermatologie pour des maladies comme le mélanome ou les carcinomes.
« Alors que les maladies de la peau ne cessent d’augmenter, le nombre de dermatologues par région diminue », déclare le Dr Jean-Pascal Delbano, co-fondateur du Guide Santé. En effet, selon le dernier bilan officiel, la France compte 16 millions de personnes, de plus de 15 ans, touchées par une maladie de la peau.
Selon le docteur, « cette carte permet de pointer du doigt une situation devenue plus que préoccupante, en répertoriant les zones les plus touchées par ce problème ».
Enfin, la carte fait ressortir une moyenne nationale de 95 jours avant délais d’obtention d’un rendez-vous et de très grandes disparités par territoire.