Alors que les débats sur la visibilité des musulmans s’intensifient de jour en jour, même hors période électorale, il est difficile pour ces derniers de comprendre l’acharnement et l’exclusion dont ils sont les victimes selon la conception de la laïcité.
En premier lieu, se pose la question de la définition et l’application concrète du principe de laïcité : tandis que certains souhaitent aller toujours plus loin en interdisant toute visibilité « apparentée musulmane » d’autres sont en quête d’apaisement.
La tenue vestimentaire à l’école
Parmi les tenants de la ligne dure, Éric Ciotti, maire de la ville de Nice (sud) et candidat à la présidence du parti Les Républicains, veut proposer une modification de la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école en incluant certains types de vêtements comme les abayas.
Il fait référence ainsi à des jeunes filles supposées de confession musulmane qui portent des jupes longues. Le politicien argue qu’il s’agit « d’un détournement de la laïcité ».
Ainsi, en plus de la surveillance des « accessoires » proprement religieux, certains élus souhaitent « une police des vêtements » qui aura le droit de définir s’il s’agit d’un habit religieux ou pas.
Depuis plusieurs semaines, nombre de médias français répètent que les atteintes à la laïcité se sont multipliées à cause de ces jupes longues et donc, par déduction, que les « filles ne devraient pas porter de jupes longues ».
D’ailleurs, les mêmes médias estiment aussi que les filles ne devraient pas porter des jupes courtes. En somme, à la différence de l’Iran qui impose le port du voile, en France certains imposent aussi des tenues « républicaines ».
Les enfants ne mangent pas à leur faim
Même si le sujet ne se médiatise pas autant, le problème de la nourriture dans les cantines est un vrai casse-tête pour les parents d’élèves musulmans.
En effet, toujours au nom de cette laïcité « excluante », certains maires de communes ont décidé de ne plus proposer de menu de substitution dans les cantines scolaires.
C’est le cas, par exemple, de la ville de Tassin-la-Demi-Lune (69) dans la périphérie de Lyon, qui depuis 2016 exige le menu unique pour les repas.
Et lorsque, le seul repas proposé est du porc ou de la viande, pour les élèves qui mangent uniquement Halal ou Casher, il n’est pas possible de manger à sa faim.
Pour mettre un terme à cette situation ubuesque, certains maires de France proposent exclusivement le menu végétarien en avançant des arguments écologiques.
Ainsi, dans ces établissements scolaires, ces enfants ont pu choisir leur repas, contrairement à la situation créée par d’autres maires qui pensent que la laïcité s’applique en faisant manger du porc aux enfants musulmans et juifs.
Des parents d’élèves réagissent
Face au manque d’empathie de ces maires, des parents d’élèves ont lancé une pétition en ligne pour réclamer un menu de substitution.
Dans leur argumentation, ces parents rappellent que « dans son arrêt du 21 décembre 2020, arrêt dit « Commune de Chalon-sur-Saône », le Conseil d’État, a clairement établi que la proposition par les communes de menus de substitution « ne portait ni atteinte à la laïcité, ni à la neutralité religieuse ».
Par ailleurs, ces parents avancent aussi que « le menu unique va à l’encontre du sens de l’histoire à l’heure où l’on fustige le gaspillage alimentaire ».
Selon les signataires, « le menu unique, défendu par la Mairie à Tassin-la-Demi-Lune, entrave l’accès à la restauration pour 20 % des élèves, que ce soit pour des raisons religieuses, de santé, ou de conviction (végétarisme) » alors que « le rôle d’un maire est de servir la population, toute la population, au nom de l’intérêt général ».
Plusieurs personnalités connues dont la journaliste et militante féministe Rokhaya Diallo ont apporté leur soutien à la pétition et ont invité les citoyens à la signer.