Celil Yilmaz, 47 ans, est issue d’une famille originaire de Turquie qui s’est installée dans la ville de Nantua, dans le département de l’Ain en 1978.
Militant associatif engagé depuis de longues années au niveau local, régional puis national, en faveur de la citoyenneté active et participative, Celil Yilmaz défend l’idée que la France appartient à tous les citoyens qu’ils soient nés en France ou qu’ils s’y soient installés plus tard, regrettant le fait de devoir utiliser le terme « français de souche » pour expliquer son propos. « On nous oblige à l’utiliser puisqu’on est toujours stigmatisés, parce qu’on essaie de nous faire comprendre qu’on n’est pas des citoyens français à part entière ».
Le candidat dans la 5ème circonscription de l’Ain explique son engagement associatif, et aujourd’hui politique, par sa volonté de faire « agir et réagir les jeunes dans la vie démocratique ».
Yilmaz défend « la mosaïque France », constituée par les apports nombreux et variés des populations issues des différentes immigrations, « une richesse pour la France ».
Les partis traditionnels dépassés
C’est pourquoi il dénonce les nombreuses stigmatisations, discriminations que rencontrent ou ont pu rencontrer les citoyens issus de la diversité, tout particulièrement ces dix dernières années marquées par une montée « incompréhensible » de l’islamophobie en France, mais aussi en Europe.
Après avoir milité dans un parti politique dit « traditionnel », Celil Yilmaz s’est présenté dans une liste aux élections municipales de 2014 à Nantua.
« Jusqu’à cette date, j’étais le bon turc ! », ironise-t-il, soulignant le changement de ton à son encontre. « Tant qu’on n’est pas demandeurs, on est considérés comme de bons citoyens, mais dès qu’on sollicite le droit d’exister et de prendre des décisions pour l’avenir de notre société, au niveau local ou autre, on est immédiatement stigmatisés », regrette-t-il.
Il sera néanmoins élu et siégera au conseil municipal de Nantua dans les rangs de l’opposition locale
Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à vous présenter à la législative qui aura lieu les 12 et 19 juin prochains en France ?
La stigmatisation sans précédent dont ont fait face les citoyens de confession musulmane lors du quinquennat d’Emmanuel Macron est la principale cause avancée par Celil Yilmaz pour expliquer le cheminement qui l’a poussé à se lancer dans la course aux législatives.
« Après le karcher de M. Sarkozy, on pensait qu’il ne pouvait exister pire, mais on s’est trompés. Au-delà du discours de l’extrême-droite représentée par Éric Zemmour et Marine Le Pen, le quinquennat de Macron a été une profonde épreuve pour nous musulmans, raison pour laquelle j’ai décidé de me lancer ».
Pourquoi candidat indépendant et pas sous l’étiquette d’une formation politique ?
« Tant que vous cotisez, vous militez, vous collez des affiches, on vous reçoit bras ouverts, mais dès que vous êtes demandeurs, vous voulez de la place, vous voulez entrer au conseil d’administration, entrer dans les listes, et que vous ne vivez pas comme eux, et que vous essayez de vivre votre croyance, ça dérange ! Même si on vous accueille avec un grand sourire, par derrière on fait en sorte que vous n’ayez pas de responsabilités… Ce que j’ai vécu personnellement, beaucoup d’autres personnes représentant la diversité l’ont connu un peu partout en France, sans faire de distinctions entre les partis politiques. »
Pourquoi ces élections législatives contiennent une importance particulière à vos yeux ? Le climat social et économique de la France oblige-t-il à un renouveau politique, à un nouveau souffle ?
Selon Yilmaz, les citoyens français de confession musulmane, ou simplement issus de l’immigration, qui veulent prendre part au combat démocratique du pays tout en préservant leur identité, doivent le faire en tant que candidats indépendants.
« On fait partie de cette belle France, il faut qu’on puisse accepter nos différences, c’est une richesse. On n’est pas obligé de demander à quelqu’un de s’habiller comme lui, de manger comme lui, de s’assoir comme lui, de boire comme lui, non pas du tout », martèle-t-il.
Et de poursuivre : « Moi je respecte mon prochain, me foutant totalement de sa croyance, de son mode de vie, de comment il mange, comme il se lève … je regarde l’humain, si l’humain est bon, si c’est une bonne personne, elle peut avoir n’importe quelle croyance, n’importe quel mode de vie. C’est ça qu’il faut arriver à mettre en place dans notre société, c’est primordial pour notre avenir. Moi, je promets donc de défendre ce bon vivre-ensemble et ce respect mutuel. »
Pour conclure, Celil Yilmaz appelle tous les citoyens à aller massivement aux urnes, rappelant le trop fort taux d’abstention qui marque les différents scrutins ces dernières années.
« Si on veut exister, il faut aller aux urnes, massivement », insiste-t-il.