Depuis son élection, rien ne lui aura été épargné. Entré en fonction le 14 mai 2017, il y a quatre ans jour pour jour, le président français Emmanuel Macron, aura vécu plus de tumultes que n’importe lequel de ses prédécesseurs.
Des gilets jaunes, à l’affaire Benalla, en passant par la crise sanitaire toujours en cours, l’ensemble de sa mandature aura été semé d’embûches.
Alexandre Benalla, l’homme par qui le scandale arriva
Un an à peine après son accession au pouvoir, Emmanuel Macron, pourtant en pleine prise de confiance, est frappé de plein fouet par le premier scandale qui viendra ébranler son système politique, qu’il qualifiait de « nouveau monde ».
L’affaire Benalla aura un retentissement international et mettra à mal l’image d’un président moderne et balayant les abus.
Le jeune chargé de mission de l’Elysée est placé sous les projecteurs dès juillet 2018, lorsque le journal Le Monde a révélé qu’il apparaissait sur une vidéo dans laquelle il se livrait à des violences sur des manifestants alors qu’il assistait aux défilés du 1er mai aux côtés des forces de l’ordre en tant que simple observateur et n’était nullement habilité à participer aux opérations de police sur place.
Sur les images, Alexandre Benalla porte un brassard « POLICE » et utilise un talkie-walkie alors qu’il n’est pas policier. Il n’en fallait pas moins pour déclencher un véritable séisme politique.
Après ce premier épisode, les révélations s’enchaînent. Benalla est licencié par la présidence de la République après s’être procuré illégalement les vidéos de surveillance qui l’incriminent suite aux révélations faites par la presse.
Il est ensuite mis en examen aux côtés de trois autres gradés de la police nationale, soupçonnés de l’avoir aidé dans l’accaparement illégal de ces vidéos.
S’en suivra l’affaire des passeports diplomatiques qu’il est soupçonné d’avoir utilisé, après son licenciement, pour des voyages notamment sur le continent africain.
Si l’affaire s’apparente à un roman d’aventures, elle a clairement abîmé l’image du président Macron.
« Le seul responsable, c’est moi » avait été forcé de reconnaître le chef de l’Etat face aux députés de sa majorité.
Il avait également concédé que ce « qui s’est passé le 1er mai est grave, sérieux » et que « ça a été pour » lui « une déception, une trahison », se désolidarisant ainsi de celui qui a longtemps assuré sa sécurité.
Les gilets jaunes, entre revendications et scènes apocalyptiques
Cette crise, personne ne l’avait vue venir. Le 17 novembre 2018, après un appel à manifester publié sur les réseaux sociaux pour protester contre la hausse des prix des hydrocarbures, des centaines de milliers de manifestants prennent la rue.
Toutes les villes de France voient de véritables marées humaines défiler en demandant des mesures concrètes en faveur du pouvoir d’achat.
Le gouvernement ne parvient pas à calmer la gronde et les gilets jaunes s’organisent chaque samedi pour faire entendre leurs revendications.
L’Exécutif choisit de réprimer le mouvement, notamment à Paris, et de nombreuses scènes de saccages ébranlent l’image de la capitale.
Dès les premières semaines, au moins douze décès sont recensés à travers le pays, dont celui de Zineb Rédouane à Marseille, tuée par une grenade lacrymogène lancée par un policier.
Chaque semaine, des magasins sont pris pour cibles, des établissements détruits ou brûlés et des manifestants sont blessés.
Macron sera contraint de sortir du silence et d’annoncer plusieurs mesures pour calmer les esprits. C’est à ce moment-là qu’il actera, entre autre, un recul concernant la réforme des retraites et une prime mensuelle de 100 euros pour tous les salariés bénéficiaires du salaire minimum.
Le coronavirus finit d’enfoncer le clou
Alors que la France est secouée par des crises sociales, la crise sanitaire liée à la Covid-19 fait son entrée en scène.
Les premiers cas enregistrés dans l’Hexagone dès fin février 2020, ont conduit les autorités à instaurer un premier confinement très strict le 17 mars.
Plus d’un an plus tard, la France s’apprête à sortir de son troisième confinement et enregistre plus de 107 mille morts.
Mais malgré tous les efforts déployés par l’Etat, les lacunes se font largement ressentir dans la gestion de la crise.
Dans un premier temps, le gouvernement a appelé les citoyens à rapporter les stocks de masques dont ils disposeraient, chez leurs pharmaciens, prétextant qu’il était inutile d’en porter.
Au cours d’une interview télévisée diffusée sur la chaîne BFMTV, la porte-parole du gouvernement à l’époque, Sibeth N’Diaye, était allée jusqu’à se livrer à une démonstration hasardeuse, pour illustrer le fait que les Français ne doivent pas porter de masques car il ne savaient pas les utiliser.
Mais ce mensonge politique visait en réalité à cacher une toute autre réalité : la pénurie, et le défaut de stocks.
Venaient ensuite les difficultés des tests. Avant d’être désormais déployés à grande échelle et accessibles à tous dans des délais relativement raisonnables, la France a connu de grandes difficultés à faire tester ses citoyens.
À l’automne dernier, alors que le pays connaît une première recrudescence du nombre de cas, laissant penser à une deuxième vague épidémique, la région parisienne, notamment, était en proie à des lacunes en la matière.
Les citoyens devront parfois faire des queues de plusieurs heures pour réussir à être testés, et les délais pour obtenir les résultats de ces tests pouvaient aller jusqu’à dix jours d’attente.
Même fiasco au moment de déployer les vaccins. Si les autorités sanitaires avaient établi un calendrier vaccinal ambitieux pour réussir à immuniser la population, le plan a eu du mal à trouver sa vitesse de croisière.
Quelles perspectives?
Il reste au président Macron un an à passer au pouvoir avec, sans aucun doute, une candidature à préparer pour le prochain mandat.
La crise sanitaire risque de marquer inévitablement la fin de sa mandature mais les polémiques annexes continuent de s’enchaîner.
Il est depuis plusieurs semaines, largement au centre des critiques pour son projet de loi contre un prétendu « séparatisme ».
Élément phare de la fin de son quinquennat, le texte est accusé par de nombreuses associations, de stigmatiser les communautés musulmanes et de restreindre leurs libertés.
Un virage à droite largement pointé du doigt, que Macron espère payant dans les urnes.