Ömer Alaca, membre de la secte Fetö et voulant se réfugier en Grèce n’a pas été accueilli comme il l’espérait. Après avoir subi le même sort que des milliers de réfugiés, ce dernier aura été secouru par les autorités de celle-là même qu’il aura trahi, à savoir Türkiye.
L’histoire pourrait faire sourire si le protagoniste n’avait pas subi des violences et surtout si lui-même ne faisait pas partie d’un groupe terroriste.
Qu’est-ce que Fetö ?
Sous la façade d’une organisation caritative jusqu’au 17 décembre 2013, Fetö s’avèrera être en réalité une secte mortifère où le but est de s’infiltrer dans tous les rouages de l’État turc et de ses institutions. Sa structure et son organisation est très proche de ceux de la Franc-maçonnerie. Ses méthodes sont dignes des films d’espionnages de la CIA : écoutes, manipulations, chantages, montages vidéo et audio phoniques (plus ou moins de bonnes qualités). Ses connexions avec les États-Unis, où vit sous haute protection dans un ranch de luxe son Gourou Fethullah Gülen, ne laisse aucun doute à son rôle d’agent au service de l’Oncle Sam.
Trop puissante pour la combattre dès son arrivée au pouvoir, car infiltrée dans tout le mécanisme de l’État et jouissant d’un respect relatif au sein de la population, le Président Erdogan patientera sous une façade de complaisance, le temps de gagner en notoriété mais aussi pour évaluer son importance et montrer en parallèle le vrai visage de la secte.
Début de la guerre en 2009
Quand en 2009, le MIT (service des renseignements turcs) apprendra au Président Erdogan que certains renseignements classés Secret d’État fuitent vers l’étranger, les choses prendront une autre tournure. Commencera alors un discret bras de fer entre le gouvernement et la secte. Mais tout bascule en 2013 quand la secte Fetö, sentant l’étau se resserrer de plus en plus, s’en prend ouvertement au gouvernement en diffusant dans ses médias des documents et des tapées grotesquement falsifiés, mettant en cause le Reis et son gouvernement.
Depuis son fief en Pennsylvanie, vêtu parfois de kaki (militaire) et furieux, le gourou Fethullah Gülen se lance alors à des séances de « maudissement ». Türkiye découvre alors le vrai visage de celui censé incarner la compassion, l’amour, la tolérance et tout ce qui va avec. Cet épisode fût le début de la descente aux enfers pour l’organisation Fetö et la prise de conscience (un peu tardive) du citoyen lambda du danger.
Bien que réfuté par la secte, avec ses adeptes et la participation de certains kémalistes dans l’armée, sa responsabilité dans la tentative du coup d’État du 15 juillet 2016 ne fait aucun doute. Ainsi, pour appuyer sa demande d’extradition vers le pays, Türkiye aura envoyé des centaines de dossiers prouvant l’implication de premier plan du gourou Fethullah Gülen, cette demande restante ignorée jusque-là par les trois Présidents successifs depuis Obama.
La Grèce aurait-elle fait une bourde ?
Désigné « ministre des finances » par son Gourou Fethullah Gülen (dans le jargon de cette secte, les responsables de « ministère » se font appeler « imam »). Ömer Alaca, ayant des démêlés avec la justice, a tenté de se réfugier en Grèce en empruntant les mêmes méthodes que les migrants syriens ou afghans. Ce fût-là probablement sa plus grande erreur car la Grèce, mise à l’index pour ses méthodes cruelles envers les migrants, n’aura pas fait exception pour ce dernier. Après avoir été torturé, dépouillé d’une bague en or et 1000 € qui lui restait après avoir payé 6000 € les passeurs, Alaca fût embarqué dans un bateau pneumatique avec d’autres passagers puis laissé à l’abandon en pleine mer. C’est avec le portable d’un des migrants que le fuyard lancera un appel à l’aide aux gardes-côtes turcs.
Voici son témoignage ;
6000 €, le prix à payer
« J’ai contacté la personne que je connais sous le nom de Mehmet pour aller en Grèce. Il a dit qu’il pouvait m’emmener en Grèce. Avec les conseils de Mehmet, je suis allé d’Istanbul à Izmir Bornova. J’ai rencontré quelqu’un nommé Hakan. J’ai suivi cette personne et je suis monté sur le bateau qu’il a montré. Avant de monter sur le bateau, j’ai donné à Hakan 6 000 euros en main. Il y avait 10 autres personnes sur le bateau. Ces gens, comme moi, se rendaient illégalement en Grèce.
Nous sommes donc allés sur une île en Grèce par la mer de nuit, quand nous sommes arrivés sur l’île, le temps commençait à peine à se lever. Quand nous sommes arrivés sur l’île, nous nous sommes tous jetés quelque part. Je me suis jeté au pied d’un rocher. Au moment où le ciel s’éclairait, j’ai d’abord entendu un bruit. Trois personnes que je pensais être des policiers grecs, portant des vêtements semblables à des uniformes, ont commencé à courir vers nous. J’ai essayé de me cacher, mais là où nous étions, c’était rocailleux et dangereux. J’ai dû me rendre ».
Abandonné à la mort
« Puis le bateau s’est déplacé, s’est amarré à un autre. Ils nous ont emmenés sur ce bateau, il y avait d’autres réfugiés sur le deuxième bateau. Le bateau a navigué, et bientôt ils nous ont jetés à l’arrière du bateau. Ils ont tiré le bateau et l’ont traîné au milieu de la mer. Il y avait 40 à 50 personnes dans le bateau pneumatique, 3 ou 4 d’entre eux étaient turcs, les autres étaient des étrangers. On nous a laissé au port sur un bateau au milieu de la mer. »
Sauvé par Türkiye
« En décrochant le téléphone d’un réfugié étranger, car ils ont pris mon câble, j’ai appelé le 112. Les équipes des garde-côtes sont venues nous secourir, nous ont emmenés sur leurs bateaux puis au centre ».
Alaca ne dit pas si l’occasion lui a été donné de chercher à convaincre ses tortionnaires en leur révélant sa vraie nature. En effet la Grèce ne manque pas d’appliquer la thèse selon laquelle « l’ennemi de mon ennemi serait mon ami » ? Rappelons que suite à la tentative de coup d’état manquée des Gülenistes, des putschistes s’étaient réfugiés en hélicoptère de l’armée turque en Grèce, d’autres les ont suivis par d’autres voies, à ce jour aucun n’a été extradé, pas même l’hélicoptère (!). D’autre part, l’organisation terroriste du pkk ayant fait plus de 40 000 victimes turques, se voit octroyer un camp d’entraînement militaire à Lavrion en Grèce sous couvert de camp de réfugié.