Acquitté en janvier 2016, le policier de 37 ans qui avait tué un prisonnier en cavale en 2012 à Noisy-le-Sec (93) a été condamné en appel à cinq ans avec sursis et interdiction de port d’arme pendant cinq ans. La légitime défense n’a pas été retenue.
20 h 15, cinq ans après les faits, l’heure du second verdict. Damien Sabondjian s’approche de la barre, suspendu à la réponse de la quatrième question : celle qui détermine si la légitime défense est retenue. Depuis cinq ans, ce gardien de la paix de 37 ans soutient que sa vie était menacée, lorsqu’il a tué d’une balle dans le dos Amine Bentounsi, un fugitif armé à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Acquitté à Bobigny en 2016, le policier a été condamné à Paris en appel ce vendredi soir à cinq ans de prison avec sursis et cinq années d’interdiction de port d’arme. « Par huit voix au moins (NDLR : sur 12) la cour d’assises a estimé que faute d’avoir été menacé, Damien Saboundjian n’était pas en état de légitime défense », conclut le président Régis de Jorna, prononçant une peine conforme aux réquisitions de l’avocat général Régis Crosson du Cormier.
Une version isolée : « Il m’a braqué et j’ai tiré »
« Je répète ce que j’ai dit dès la première minute, il m’a braqué, et j’ai tiré », a répété Saboundjian à la cour une dernière fois ce vendredi. Une version bien isolée, corroborée par aucun témoin : ni la riveraine à son balcon, ni l’automobiliste qui rentrait de courses et qui a reçu une des quatre balles du policier, dans le bas de caisse de sa voiture, ni la passagère d’une autre voiture, qui s’entraînait à la conduite accompagnée. Pas même son propre coéquipier, qui avait d’abord soutenu l’inverse avant d’admettre que non, il n’avait pas vu le fugitif braquer son collègue.
Bien que déclaré coupable, Damien Saboundjian accuse le verdict sans fondre en sanglots et quittera le palais de justice discrètement, tandis que les gendarmes contiennent la foule qui scande « Justice pour Amine ! ». Une chaîne humaine arbore des tee-shirts noirs avec des lettres blanches où l’on peut lire « stop à l’impunité policière » en hurlant les noms de victimes dont celui d’Amine. « Ce n’était pas un ange, mais il ne méritait pas d’être abattu comme un chien », a plaidé Louise Tort, conseil de la partie civile avec Michel Konitz.
Une famille soulagée
« Après cinq ans de larmes, cette condamnation est une victoire, en demi-teinte mais une victoire quand même, le fruit de notre lutte, c’est un procès qui a rendu visible le corporatisme primaire, protégé par la hiérarchie », commente, soulagée Amal Bentounsi, la sœur aînée, qui depuis cinq ans, fait de la lutte contre les violences policières le « combat de sa vie ». «
Par Mustafa Y.