Une chercheuse turque risque l’expulsion par la France pour avoir participé à une manifestation pro-palestinienne le 15 mai 2021, révèle le site d’information Middle East Eye (MEE).
D’après le site, la chercheuse qui souhaite garder l’anonymat a été arrêtée « au cours d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien en pleine attaque israélienne à Gaza et à Jérusalem-Est occupée ».
Ce rassemblement avait été interdit par la préfecture de police de Paris à la demande de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. Malgré l’interdiction, plusieurs associations avaient quand même appelé à manifester. D’ailleurs, à la sortie d’un rendez-vous au ministère des Affaires étrangères, Bertrand Heilbronn, président de France Palestine Solidarité avait été aussi arrêté par la police française le 12 mai.
La pression contre des manifestants pro-palestiniens s’intensifiaient alors qu’en même temps l’armée israélienne bombardait Gaza.
Même si la France appelait à la fin des hostilités, sa prise de position en faveur d’Israël n’était plus un secret pour personne. Et pour marquer ce soutien, Darmanin avait interdit la grande manifestation du 15 mai.
Courrier du préfet qui annonce le retrait de la carte de séjour
Ainsi, ce jour-là, 45 manifestants avaient été interpellés « pour ne pas avoir obéi à l’ordre de dispersion des forces de l’ordre ».
« J’étais seule, un peu à l’écart, je ne faisais partie d’aucun groupe », indique la jeune chercheuse contactée par MEE.
Toujours selon les informations du site, la chercheuse qui préfère utiliser le nom d’emprunt Selma, est relâchée le lendemain sans aucune charge.
Quelques jours plus tard, la préfecture de police de Paris lui adresse un courrier dans lequel un adjoint du préfet de police annonce sa volonté de lui retirer sa carte de séjour. « J’envisage le retrait de votre titre de séjour », peut-on lire dans le courrier avec des références à des articles de lois qui donnent «la possibilité de retrait de la carte de séjour si son titulaire constitue une menace à l’ordre public ».
Pourtant, la chercheuse nie les accusations et assume avoir porté seulement une pancarte. « Sur ma pancarte, il était écrit ‘Je suis contre l’occupation israélienne et solidaire avec le peuple palestinien’, ça, ce n’est pas de l’antisémitisme ! », explique la chercheuse à MEE.
Qualifiant la décision, « d’une atteinte à la liberté d’expression », la chercheuse tente de la faire annuler en adressant des courriers à la préfecture.
« Porteur d’une banderole contre l’occupation israélienne », peut-on d’ailleurs lire sur la fiche d’interpellation de Selma, rendue public sur les réseaux sociaux. Aucune autre infraction n’est signalée dans cette fiche.
De son côté, l’avocat de la chercheuse regrette « une décision politique » et explique que sa cliente est menacée « pour avoir exprimé son soutien à la Palestine. »
D’après les informations du MEE, Selma envisageait de déposer une demande de nationalité française.