Le collectif niçois « Touche pas à ma mosquée » vient de saisir le président français Emmanuel Macron pour l’alerter sur « les assauts du maire » de Nice qui tente pour la deuxième fois, d’exproprier l’institut En-Nour, a appris Anadolu, mercredi, de source proche du dossier.
C’est un feuilleton qui dure depuis plusieurs années à Nice, où Christian Estrosi, maire de la ville, vient d’enclencher, pour la deuxième fois, une procédure de Déclaration d’utilité publique (DUP), afin de s’approprier le bâtiment de la mosquée En-Nour dont il ne veut pas.
Epuisant tous les moyens de pressions imaginables, tels que des accusations de salafisme, une accusation de la présence de fichés «S» au sein du Conseil d’Administration, ou encore en émettant des doutes sur la régularité des travaux d’aménagement, le premier magistrat de la ville espère une issue qui lui permette cette fois-ci de se débarrasser de l’institut En-Nour.
Le collectif niçois « Touche pas à ma mosquée » constitué au début de l’été dernier, et qui avait déjà organisé une manifestation le 28 juillet pour protester contre « l’acharnement du maire sur la mosquée En-Nour », a décidé de réagir en saisissant le président de la République.
Dans un courrier dont Anadolu a reçu copie, le collectif dénonce « les assauts du maire » que le conseil d’Etat a déjà condamnés pour « avoir fait obstruction à la liberté de culte » en 2016.
Il explique également que l’ouverture de la mosquée « était attendue depuis des années et c’était à l’évidence un signe fort de l’Etat, voire une reconnaissance et une valorisation pour les Niçois de confession musulmane ».
Le collectif précise dans sa lettre que « la tenue de ce lieu est irréprochable » et rappelle que le précédent préfet, qui avait signé l’arrêté d’ouverture, avait manifesté sa volonté de faire de la mosquée En-Nour « un lieu de référence pour le culte musulman ».
Maître Ouassini Mebarek, avocat de l’association qui gère la mosquée, avait tenu une conférence de presse le 17 novembre dans ses locaux afin de révéler le «coût de cette opération politique».
Le maire veut en faire une crèche
Documents à l’appui, le bâtiment, qui appartient au ministre Saoudien Saleh Al Sheikh, est «estimé à 1.7 millions d’euros et le coût des travaux pour en faire une crèche avoisine les 1.2 millions d’euros d’après une estimation faite par la mairie elle-même ».
Cela fait près de 3 millions d’euros pour une structure qui ne permettrait d’accueillir que 40 enfants, toujours d’après les documents établis par la municipalité.
Un montant qui sera «à assumer par le contribuables niçois » pour « créer 40 places de crèche au détriment de 3000 fidèles réguliers ».
L’enquête publique menée par un commissaire enquêteur indépendant s’achève le 22 décembre et doit fournir au Préfet un avis consultatif, qui permettra d’orienter, ou pas, sa décision définitive quant à l’expropriation de la mosquée.
Le collectif « Touche pas à ma mosquée » s’en remet, donc, au président Macron en lui précisant dans son écrit que la volonté de voir une crèche s’ouvrir en lieu et place d’En-Nour, n’est qu’un prétexte.
Car, au fait, le maire de Nice a déclaré il y a plusieurs années déjà, s’agissant de ce même dossier, que « tout le monde sait qu’à chaque fois que j’ai voulu m’opposer à un lieu de culte, j’ai trouvé les moyens juridiques de le faire », ne laissant aucun doute quant à ses réelles intentions.
Source AA