Après 88 années d’interruption, la mosquée Ayasofya a vu se tenir la première prière de Terawih marquant le début du mois de Ramadan.
Malgré sa réouverture au culte en juillet 2020, et en raison de la pandémie de Covid-19, les mesures sanitaires n’avaient pas permis la tenue de grand rassemblement à la mosquée Ayasofya.
La capacité de la mosquée n’ayant pas supporté l’afflux massif des fidèles, les responsables ont dû limiter l’accès, ainsi un nombre considérable a dû d’installer sur la place Sultan Ahmet.
La réouverture en 2020 au culte de la mosquée Ayasofya avait suscité de vives critiques dans le monde occidentale. Des critiques incomprises en Turquie et dans le monde musulman.
La mosquée Ayasofya est une ancienne basilique orthodoxe convertie en mosquée en … 1453 après la conquête de Constantinople, devenue İstanbul par Mehmed II, dit le conquérant.
Flanquée de 4 minarets, Ayasofya ne connaîtra pas de transformation architecturale majeure contrairement à la Mosquée de Cordoue en Espagne transformée en cathédrale.
Lors de la conquête de Constantinople par les Ottomans, la ville, dont la basilique Sainte Sophie, n’aura pas connue de mise à sac ni profanation, comme ce fût le cas dans le passé notamment en 1204 par les croisés catholiques.
Conquête de Constantinople
Le 29 mai 1453, date qui marque aussi la chute de l’empire Romain, Mehmed II rentre dans la ville, sa première halte sera la basilique Sainte Sophie, emblème de la ville. Réfugiée à l’intérieur du monument, une foule conditionnée par la propagande, attend, terrorisée, le Sultan et le sort qui lui est réservée. Mais l’inquiétude laissera place à une immense joie lorsque Mehmed II s’adressera à eux avec les termes « frères et sœurs » et leur annoncera qu’il n’a aucune attention de s’en prendre à leurs vies et leurs bien. Mais aussi qu’ils sont libres de pratiquer leur culte.
Durant les siècles, les ottomans prendront grand soin de la Basilique en la rénovant à plusieurs reprises et apportant des améliorations, notamment les travaux de consolidation opérés par le célébrissime architecte Mimar Sinan, lui évitant une destruction certaine au prochain tremblement de terre.
Le respect des lieux conduira les ottomans à préserver les fresques et icônes qui seront recouverts de plâtre, proscrits dans l’islam.
Encore aujourd’hui et malgré sa réouverture après 88 ans (période où la mosquée aura le statut de musée initié par Kemal Atatürk) un carré au cœur du bâtiment considéré comme sacré par les orthodoxes reste balisé et n’est pas foulé par les fidèles musulmans. Ce carré est selon la croyance orthodoxe où la Viege Marie serait apparue.
Le respect des lieux cultuels et des autres cultes observés durant les siècles par les turcs tranche catégoriquement avec tout le tohu-bohu observé en 2020 autour de la réouverture de la mosquée Ayasofya à l’endroit de la Turquie souveraine et d’une mégapole (re)nommée İstanbul et conquise voilà maintenant 569 années.
M.B.