Le 24 avril, le nouveau président Américain en fonction Joe Biden acceptait officiellement les demandes Arméniennes de reconnaissance de génocide.
Ceci clôture plus d’un siècle de discussions et d’études Turco-Américaines sur ce cas historique très controversé et semble relever plus du message politique qu’autre chose.
Un climat délétère s’instaure donc dans un contexte déjà morose sur fond d’une tragédie mutuelle où les deux parties n’arrivent toujours pas à surmonter des griefs ayant laissé des plaies béantes.
Dans notre cas, une conjoncture de facteurs politiques très précis sont à l’origine de l’impossibilité de résoudre pacifiquement ce différend pour la simple et bonne raison que le raisonnement politique n’est pas toujours fondé sur de bonnes intentions.
Le 23 Avril 2014, alors premier ministre de Turquie, Recep Tayyip Erdoğan faisait un pas très courageux envers la partie Arménienne en leur présentant ses condoléances pour les pertes subies lors des déportations ayant débuté en 1915 lors de la première guerre mondiale.
La réciprocité n’a malheureusement pas été de mise, nous n’avons toujours pas reçu de condoléances pour nos pertes Ottomanes (Turcs, Kurdes, Lazes, Tcherkesses et autres) subies au même moment. Pertes qui ont été provoquées par des partis révolutionnaires ayant une conception déformée du nationalisme, l’ensemble du peuple Arménien n’ayant pas été emmené.
Des historiens comme Justin McCarthy aux Etats Unis et Gilles Veinstein en France nous rapportent que le chiffre de 1 million de morts pour la partie Turque a été dépassé lors ce désastre, des pas tout aussi courageux ont été franchis pas des citoyens Arméniens que j’ai rencontrés ou le défunt journaliste Arméno-Turc Hrant Dink ayant reconnu les méfaits commis par leur partie.
A quand un geste aussi empathique et honnête de la part des officiels Arméniens et des organisations Arméniennes de la diaspora ?
Mais un dialogue est possible
De ceci nous pouvons dégager des premières pistes pour dénouer nos relations : pratiquer la communication non violente (exprimer nos griefs) et faire régulièrement des gestes en tentant de vaincre nos rancunes, même si actuellement un retour est attendu de la partie Arménienne.
Le règlement du conflit Turco-Arménien est d’une importance cruciale pour l’histoire des peuples Anatoliens, comme l’a énoncé le défunt journaliste Hrant Dink, nous sommes des enfants de l’Anatolie, à ajouter que nous devons vaincre les pressions des différents lobbys pour réparer la « Grande Anatolie ».
Nda : La Grande Anatolie comprend la Turquie Actuelle, L’Arménie, L’Azerbaïdjan et le Nord-Ouest Iranien, sans dessein de porter atteint à une quelconque intégrité territoriale.
Pour ce qui est de notre partie même s’il doit être compris que nous restions fermes sur notre refus de reconnaître les demandes Arméniennes de reconnaissance de génocide au vu des pertes assimilables à un génocide que nous avons subies, nous pouvons citer à nouveau Hrant Dink qui a affirmé que la terminologie est une entrave à l’avancement du processus de réparation des relations Turco-Arméniennes. Le choix d’un mot ou d’un autre a des répercussions de toute sorte et l’encouragement par différents organismes d’utiliser l’un à la place de l’autre a souvent des motivations politiques, ce qui nous empêche mutuellement de compatir à nos souffrances.
Les mots ont une importance
Le terme génocide a été employé la première fois au lendemain de la deuxième guerre mondiale et a pris sa dimension juridique lors de l’adoption internationale de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1948. Pour la première fois de l’histoire des réparations pouvaient avoir lieu pour les peuples, groupes ethniques ou religieux victimes de violences délibérées en vue d’extermination.
Le problème se pose donc ici, si la partie Arménienne exige des dommages pour ses pertes lors de la première guerre mondiale, nous serions dans le droit de réclamer également des dommages pour les pertes que la partie Arménienne, qui pour rappel était emmenée par une minorité de révolutionnaires armés, nous a provoquées.
Si la solution ne vient pas d’en haut, il faut s’efforcer de la faire venir d’en bas, les initiatives doivent venir du plus grand nombre, à commencer par désavouer mutuellement des conceptions racistes du nationalisme. Le nationalisme Turc est un nationalisme ouvert sur les autres même si des courants plus xénophobes existent, ils restent minoritaires.
Des exemples de réconciliations internationales ont déjà eu lieu, avec des exemples Africains comme le règlement des différends entre Hutus et Tutsis au Rwanda et au Burundi et entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Il est possible de s’inspirer des mécanismes mis en œuvre dans ces contrées pour résoudre notre différend en question.
En conclusion, nous espérons que le champ politique cessera d’avoir la main mise sur cette page sinistre de l’histoire Anatolienne et qu’un vent de solidarité soufflera à nouveau entre les peuples du monde déchirés par ceux qui cherchent pouvoir et influence.
Özler ATALAY YÜKSELOĞLU
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