De plus en plus de citoyens d’origines turques réfléchissent à s’installer définitivement en Turquie. Cette décision demande beaucoup de réflexion tant sur plan économique que sociale. Cela suppose que vous commencez une nouvelle vie qui peut être difficile à assumer au début. Pour vous aider à prendre une décision en toute connaissance de cause, Medyaturk Info va publier des témoignages de personnes qui ont sauté le pas pour s’installer définitivement en Turquie. Voici le témoignage de Serpil*
Certains franco-turcs souhaitent s’installer définitivement en Turquie. La décision est très difficile à prendre car nous sommes partagés entre 2 pays que nous aimons. Notre cœur balance. On pèse les « pour » et les « contres ». On fait des calculs… Je souhaite aujourd’hui partager avec vous, ce petit récit et ce qui m’a poussé à sauter à pieds joints dans une nouvelle aventure.
Prendre la décision
Je me présente. Je m’appelle Serpil*. J’ai 39 ans. J’ai grandi dans une petite ville au centre de la France. Ensuite, j’ai quitté cette celle-ci à l’âge de 25 ans pour une évolution professionnelle. J’ai vécu par la suite entre autres à Orléans, Paris, Montpellier et Aubagne.
J’ai longtemps réfléchi à écrire ou non sur ma décision de m’installer ailleurs qu’en France.
Aujourd’hui le 15 novembre 2020, Cela fait 1 an jour pour jour que j’ai quitté le pays des droits de l’homme pour vivre en Turquie. Pour quelle raison ai-je pris cette résolution ? Dans un premier temps, cette envie ne date pas d’hier. Déjà en 2011 je devais m’installer à Istanbul (Turquie) la magnifique pour le travail, mais les aléas de la vie ont fait que j’ai dû repousser mon départ.
Ce désir n’a fait que s’accroître au fil du temps, de par le fascisme et l’islamophobie de ce pays.
De plus, étant d’origine turque, ma double culture avait soif de connaître le pays, dans ses moindres détails. Je n’y allais qu’en tant que touriste qui profite de ses vacances. Curieuse, j’ai toujours voulu voir à quoi ressemble la vie d’une femme turque en Turquie.
Tu vas te marier ?
Donc en août 2019, sur un coup de tête, je me réveille un matin et je négocie ma démission avec mon boss. Il me demande ce que je compte faire ? Je lui réponds du tac o tac : « Je m’installe en Turquie ! »
Il écarquille ses yeux puis bégaye un : « Tu vas te marier ? » (Visage avec des larmes de joie)
Apparemment, pour une femme de 38 ans, la seule raison était le mariage !
En fait, je n’avais aucun plan dans ma tête, c’était juste le moment M pour moi. Il fallait que je m’éloigne de ce pays où j’étouffais.
Le plus difficile, était de l’annoncer à mes parents. Ils sont habitués à ce que je bouge tout le temps … Mais en France ! J’ai un père vraiment aimant et dans la compréhension, il ne m’a pas non plus encouragé mais m’a dit : « tu vas avoir 40 ans, c’est ta décision ma fille, que veux-tu que je fasse ? » La réaction de ma mère était tout autre Visage souriant avec la bouche ouverte et une sueur froide : « T’as pas intérêt ! Tu restes ici avec moi, tu as trop pris la confiance toi hein, visage pleurant à chaudes larmes ton père ne te laissera jamais partir ! »
Et mon père à côté qui a dit tout le contraire mdrrr !
Le déménagement
Donc le 15 novembre 2019, me voilà prête à prendre l’avion avec ma sœur et ma nièce. (ma sœur vivait déjà en Turquie depuis 2018)
J’emmène avec moi une très bonne amie, pour lui faire visiter mon pays. (D’ailleurs, je vous ai partagé durant 1 mois ma visite pour ceux qui s’en souviennent)
Je suis restée plusieurs mois chez ma sœur Baraka Allah oufik, à GaziAntep (ville connue pour sa gastronomie et qui fait partie du patrimoine de l’UNESCO).
Après avoir dit au revoir à mon amie, il était temps de passer aux choses sérieuses, à savoir : Trouver un job, un appart et tout simplement me fondre dans la masse. Mon but était simple : Vivre à Istanbul. Je me suis inscrite sur des sites spécialisés dans les offres d’emploi. En mars 2020 je suis engagée dans une entreprise de logiciels softwares à Istanbul côté asiatique. A mon grand désavantage… cette pandémie a retardé mes recherches d’appartement et mis une parenthèse dans ma nouvelle vie active et mon contrat fut repoussé.
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Istanbul
Quand finalement, les frontières intra pays ont rouverts… Mon nouveau travail était en suspend due à la pandémie, je prends quand même la décision de quitter Antep et de m’installer à Istanbul à l’aveugle et chercher en direct sur le terrain.
Donc je débarque à Istanbul, plus précisément à Ataşehir. 1 mois après mon installation, je trouve enfin un travail. Un cdi qui plus est …
Je n’en dirai pas plus sur mon job, secret professionnel oblige Visage avec main sur la bouche
Me voilà devenue une petite stambouliote active Visage souriant avec des yeux rieurs. Vous allez me demander comment est la vie ici ? Alors je ne ferai ni plaisir aux Erdoganistes, ni aux Kemalistes. Car comme dans tous les pays du monde, il y a des + et des -. Un pays sans problèmes n’existe pas, c’est utopique !
La vie en Turquie
Pour être claire … Je vis comme une smicarde en France en étant en Turquie. Je ne meurs pas de faim, je ne roule pas sur l’or. Mais sérieusement … À la fin du mois, il me reste un peu d’argent, chose que je n’arrivais pas à faire en France, et ceux qui me connaissent dans la vraie vie, savent que je ne suis pas économe du tout ! Visage avec les yeux levés au ciel
Mais savez-vous ce qui est le plus merveilleux ? C’est d’entendre le Ezan tous les jours, c’est sortir du travail et aller siroter un café à üsküdar, c’est manger un kumpir face au Bosphore à Ortaköy, c’est prendre le ferry et aller sur les îles princes pour la journée, c’est déguster un simit avec son thé, c’est discuter avec les anciens dans la rue, les écouter et rire avec eux, c’est boire du café turc devant la tour Galata, c’est marcher le long de istiklal caddesi et faire du shopping, c’est caresser les chats de la ville et les nourrir, c’est manger et commander « à n’importe quelle d’heure, c’est visité les sites historiques, se rendre à Sultan Ahmet camiisi, c’est aller au grand bazar de Beyazid et s’y perdre ! vivre à Istanbul … c’est wahou !
Entre Orient et Occident
Je vais reprendre une phrase que j’avais partagé en décembre 2019 : « Je me sens plongée entre orient et Occident, entre ottoman et musulman, Entre terre et mer, entre Europe et Asie, elle a marqué l’histoire et marque notre esprit, Istanbul séduit par la richesse de son patrimoine unique. »
Une phrase de Whitman me vient en tête, la réponse qu’il donne dans son poème « Ô moi, ô la vie »: Que tu es ici – que la vie existe et l’identité. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime … Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime…!
Quelle sera votre rime ?
Moi ma rime, c’est de vivre au jour le jour, profiter de ce qu’Allah me donne. El hamdullilah Index pointant vers le haut
Mon prodigieux spectacle continue et va continuer … Qui sait où je serai dans 10 ans
*Le prénom a été modifié