Sur une population mondiale estimée à 12 millions, seul ¼, soit 3 millions des Arméniens résident en Arménie, le reste étant fragmenté à travers le monde allant de États-Unis au Moyen Orient en passant par la France, l’Argentine, la Russie et la Turquie. Riche de par son histoire et sa culture, son patrimoine est encore visible de nos jours, ainsi on retrouve les traces de la présence arménienne essentiellement dans les ex-empires russe, ottoman et perse.
Pourtant malgré ses atouts incontestables, l’Arménie contemporaine peine à se développer et donner l’espoir d’un avenir meilleur à son peuple vivant en Arménie. Les causes sont multiples mais nous allons essayer de faire la lumière sur celles qui me semblent les plus flagrantes.
Faire reconnaître coûte que coûte un prétendu génocide
L’une d’entre elles est incontestablement le fait qu’elle se soit empêtrée dans une quête perpétuelle pour faire reconnaître un prétendu génocide qu’elle n’a à ce jour toujours pas réussi à prouver. Il faut bien évidemment faire la part des choses en dissociant la reconnaissance politique votée par des parlementaires sous la pression du lobby arménien – d’une reconnaissance historique, scientifique et juridique.
Une existence à travers la Turquie et les turcs
Bien qu’historiquement les destins des turcs et arméniens soient liés et qu’encore aujourd’hui les arméniens de Turquie occupent une place importante dans les minorités turques, il ne fait nul doute que de nos jours cette population a perdu cette place privilégiée qu’elle tenait jadis sous l’empire ottoman que ce dernier aimait à qualifier de « Millet-i Sadîk » (peuple fidèle).
Pourtant qui pourrait nier que dans l’inconscient de chacun, qui dit Arménie renvoie au « Génocide des arméniens » ? L’énergie et les moyens de nos amis arméniens se sont malheureusement concentrés exclusivement sur cette reconnaissance aux dépends de la construction de leur Nation.
Parfois cette focalisation atteint même son paroxysme à travers les manuels scolaires où les turcs, pour ne pas dire la turcophobie, est omniprésente.
La diaspora : un atout ou un boulet ?
Avec une diaspora estimée à 9 millions à travers le monde et un attachement relativement fort à la cause arménienne, l’influence de celle-ci pourrait sembler bénéfique aux intérêts de l’Arménie. Or cette influence tient-elle réellement compte de la réalité dans laquelle se trouve l’Arménie ?
Coincée entre la Turquie qu’elle accuse de génocide, l’Iran sous embargo et coupée d’elle après le nouveau partage du Haut Karabakh, l’Azerbaïdjan à qui elle a occupé durant 28 ans 20% de son territoire malgré toutes les résolutions onusiennes, le Nakhitchevan qui est une région autonome d’Azerbaïdjan, donc considérée comme ennemi de l’Arménie.
Reste la « perfusion » russe, mais même avec cette dernière, l’Arménie a fait l’erreur de s’en éloigner sous la pression d’autres pays occidentaux. Bien que soutenue verbalement par certains pays européens et des États Unis, il est incontestable que ce soutien (encouragé par la Diaspora) fait plus de tort qu’autre chose à ce pays grand comme 3 fois la Gironde.
Le malheur de l’Arménie est sa prise en otage par un pan de son histoire (contestée par les intéressés) et sa diaspora motivée par un idéal fantasmé qui voudrait un retour à la Grande Arménie englobant son territoire actuel, le Haut-Karabakh qu’elle vient de perdre, l’Azerbaïdjan à qui elle fait la guerre, le Nakhitchevan, la Géorgie et une grosse partie de la Turquie.
Son esprit de perpétuel révolutionnaire
Sa faiblesse est aussi sans conteste cet esprit de perpétuel révolutionnaire qui met à mal la mise en place d’une base systémique solide, l’Arménie semble faire autant de révolution que d’organiser des élections. La fusillade du parlement telle que celle de 1999 tuant le 1er ministre ainsi que 7 autres personnalités politiques, la destitution de Sarkissian sur fond de corruption ou très récemment la mise à sac du parlement et le passage à tabac du président de l’assemblée Ararat Mirzoian sont révélateurs de l’impasse dans laquelle se trouve l’Arménie.
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Il faut rappeler que l’Arménie moderne s’est fondée sur des partis prenant source dans l’empire ottoman bien avant le prétendu génocide, l’un d’entre eux est le Hentchak, alors milice aux côtés des russes durant la 1ère guerre mondiale, elle participera activement à des massacres commis sur les turcs et kurdes ottomans.
Une paix durable est-elle possible ?
Tout est une question de volonté et de courage, seule une ultime révolution pourrait mener l’Arménie à l’apaisement et la prospérité. Pour se faire, elle doit tout d’abord prendre conscience de son réel poids sur la scène internationale et sa marge de manœuvre.
Puis s’affranchir de tous ces obstacles qui l’empêchent de tracer sa voie. A commencer par sa diaspora et les influences étrangères hostiles à tout rapprochement avec ses voisins. Nouer des liens commerciaux, sociaux et pourquoi pas culturels avec ses plus proches voisins ?
Saisir la perche tendue
Le plus important sera aussi de régler le problème du prétendu génocide en s’asseyant à table avec la Turquie. Dès 2005 le gouvernement Erdogan, avait fait une proposition aussi historique qu’inattendue.
« …En conséquence nous étendons une invitation à votre pays d’établir un groupe conjoint d’historiens et d’autres experts en provenance de nos deux pays afin d’étudier le cours de nos évènements datant de 1915, ceci non seulement sur la base de nos archives nationales de la Turquie et de l’Arménie, mais également les archives de tous les pays tiers concernés, et de partager les conclusions de cette analyse avec l’opinion publique internationale. »
Un passage du courrier du Président Erdogan au président arménien
Aussi surprenant que cela paraisse, l’Arménie repoussera cette invitation du revers de la main. Cette proposition est toujours valable mais reste inexorablement lettre morte.
La Minute Murat avec Murat Büyük
Illustration : l’Église arménienne Surp Garabed à Uskudar (Istanbul).