Des mercenaires étrangers venus du Liban et de la France sont impliqués dans le conflit qui fait rage dans le Haut-Karabakh, territoire azerbaïdjanais occupé par l’Arménie, ont révélé mardi les médias français.
Le journaliste du Figaro, Georges Malbrunot, avait publié un message mercredi sur le site Web de réseautage social « Twitter » déclarant :
“Conflit au Karabakh : des Arméniens de France commencent à arriver en Arménie pour aller combattre l’armée azerbaïdjanaise sur le front du Nagorny Karabakh. Une dépêche AFP datée d’Erevan relate le parcours de l’un d’eux, venu de Strasbourg”.
Malbrunot a confirmé jeudi à l’Agence Anadolu (AA) qu’il y a « quelques combattants de France » qui ont rejoint le combat, le journaliste jugeant qu’il n’y a pas de « risque pour la France au retour des citoyens ».
Selon Malbrunot, la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’est pas comparable à celle de la Syrie, où des « Français sont attirés par le djihad ou la cause kurde » liée au PKK/YPG/PYD.
Cependant, plusieurs spécialistes du Caucase affirment que ce conflit « peut embraser toute la région avec l’augmentation du nombre de personnes impliquées ».
Par ailleurs, l’Azerbaïdjan accuse lui aussi l’Arménie d’avoir recours à des « mercenaires étrangers, notamment de la diaspora arménienne au Liban ».
« Des Arméniens de Syrie et du Liban sont déployés en Arménie et combattent dans les rangs des forces arméniennes ».
Hikmet Hajiyev, conseiller de la Présidence azerbaïdjanaise
De son côté, la presse turque a publié des photos de mercenaires libanais qui ont rejoint l’Arménie. Le journal « Yeni Safak » a également révélé, le 6 octobre, l’enregistrement de conversations entre des terroristes du PKK qui ont également rejoint les rangs de l’Arménie.
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Le journaliste Georges Malbrunot n’exclut pas la possibilité « d’affrontements entre des Azerbaïdjanais et des Arméniens de France, dans une volonté de vengeance ».
L’AFP fait la promotion des combattants volontaires
Alors que l’Azerbaïdjan tente de récupérer ses territoires occupés, l’agence de presse française, Agence France Presse (AFP), a rencontré un volontaire arménien âgé de 31 ans qui partait au front.
« Devant la grille, certains disent au revoir en les enlaçant à leurs parents et amis. D’autres attendent un barda militaire à la main, d’autres encore vérifient leurs documents. C’est le cas de Hamlet Hovsepian, 31 ans, lutteur sportif arménien venu de Strasbourg, dans l’Est de la France, où il vit depuis 17 ans.» , lit-on dans la dépêche datée du 6 octobre.
Dans l’article de l’AFP, le mercenaire arménien accuse sans fondement la Turquie de prendre part au conflit aux côtés de l’Azerbaïdjan, l’agence française participant ainsi à la montée de la turcophobie en France.
Dans un climat de tension entre la France et la Turquie, de nombreux Franco-turcs accusent l’agence semi-officielle de la France d’attiser la haine envers les Turcs.
Ainsi, selon Mustafa, interrogé par Anadolu, « l’AFP prend part à la montée du racisme envers les Turcs en incluant la Turquie dans le conflit ».
Il regrette que les médias « se rangent systématiquement contre les Turcs sans jamais apporter la moindre contradiction ».
“Il est important de rappeler les nombreux attentats terroristes perpétrés par l’organisation terroriste arménienne « Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie (ASALA)», notamment l’attaque perpétrée à l’aéroport d’Orly, le 15 juillet 1975. En effet, cet attentat avait tué huit personnes et en blessant cinquante-six autres.”, souligne le jeune Franco-turc.
Aussi, il estime que les journalistes traitant la question des mercenaires et volontaires arméniens ne semblent pas prendre en compte les nombreux traumatismes de guerre affectant les combattants et leurs comportements une fois de retour en France”.
Le président Ilham Aliyev critique Emmanuel Macron
Lors d’une apparition sur une chaîne d’information turque le 5 octobre, le Président azerbaïdjanais a affirmé « qu’il avait demandé à deux reprises des preuves concernant les allégations d’Emmanuel Macron à propos des mercenaires syriens », Aliyev déclarant que le Président français était resté silencieux.
Le 6 octobre, dans le journal « L’Opinion », le journaliste Jean-Dominique Merchet fait notamment état « Côté arménien : des combattants kurdes (PKK et UPK) en provenance du nord de l’Irak, voire des sociétés militaires privées russes. »
Radio France International (RFI) évoque ces combattants « Venus du Liban, de Syrie ou d’Amérique latine », précisant que « ces trentenaires ont rejoint les rangs arméniens dès les premières heures de la reprise des combats. Certains n’avaient jamais tenu une arme. »
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plusieurs centaines d’Arméniens syriens se sont rendus en Arménie pour prendre part aux combats.
Des mercenaires du PKK en Arménie
Il est à noter que selon le site d’information « Azvision », « le recrutement de mercenaires professionnels de l’étranger par l’Arménie est connu depuis l’époque de l’ancien président Serge Sarkissian ». D’après le site, l’ancien président a promis lors d’une réunion dans le cadre de sa première participation à l’élection présidentielle, de déployer 60 000 membres du PKK de Syrie et d’Irak au Karabakh.
Le quotidien anglophone The greek City Times a également réalisé des entretiens avec des volontaires et mercenaires provenant de Grèce :
« S’adressant exclusivement au Greek City Times, un citoyen grec d’origine arménienne et une source distincte souhaitant être anonyme ont révélé que des volontaires venaient de Grèce pour défendre le Haut-Karabagh ». GCT ajoute que « la source a révélé que le premier groupe à se rendre en Arménie sera composé d’environ 80 citoyens grecs, une cinquantaine d’ascendance arménienne et une trentaine de Grecs de souche supplémentaires ».
explique le quotidien grec précisant que « que tous les volontaires venaient de toutes les régions de la Grèce, notamment d’Athènes, de Thessalonique, de Chalkidi, de Crète et de Thessalie. »
Le conflit du Haut-Karabagh
Les relations entre les deux anciennes républiques soviétiques sont tendues depuis 1991, lorsque l’armée arménienne a occupé le Haut-Karabakh, un territoire internationalement reconnu comme étant celui de l’Azerbaïdjan.
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Plusieurs résolutions des Nations unies, ainsi que de multiples recommandations d’organisations internationales, réitèrent les appels au retrait des forces arméniennes d’occupation.
Fatih KARAKAYA
Rédaction avec Anadolu Agency