Aujourd’hui, la « Minute Murat » revient sur la visite d’Emmanuel Macron qui demande ainsi aux libanais de faire une révolution après l’explosion au port de Beyrouth.
À vrai dire je n’ai pas su quel titre donner à cette chronique, mais la visite de Macron avait un air antonymique de révolutionnaire mais en même temps hollywoodien.
Chemise blanche et manches retroussées, c’est le look que s’est donné le président pour s’offrir une tribune improvisée (ou pas) au milieu de libanais exaltés par des années de crises politico-financières. Certes la visite n’avait rien de programmée, mais la liberté prise par le Président Macron s’exemptant de tout protocole n’était pas sans rappeler la visite de Jacques Chirac dans les ruelles de Jérusalem en 1996 où il sera accueilli chaudement par les palestiniens et frôlant l’incident diplomatique avec Israël.
Macron sauveur des libanais ?
Ce discours, digne des Speakers Corner à Hyde Park à Londres, tenu au milieu d’une foule en colère ne pouvait que séduire et faire adhérer des libanais excédés. Voici quelques passages :
[…] Je sais votre détresse et je comprends votre colère. Je ne suis pas là pour cautionner quelque régime ou quelque politique que ce soit […] Le Liban est un peuple souverain, ce n’est pas à moi de la faire mais à vous (la révolution) […] Et s’ils ne savent pas le tenir (pacte), je prendrai mes responsabilités […]
Notez qu’il parle de la souveraineté du peuple libanais et non de l’état.
Donc Macron est auprès du peuple libanais, compatit à leurs souffrances et lance un ultimatum à la classe politique libanaise pour remettre de l’ordre. Comment peut-on interpréter ce comportement autrement que par du néocolonialisme, de l’infantilisation, de l’ingérence et de l’opportunisme ? Plus tard, dans une posture plus officielle après avoir remis sa veste, il déclare à la tribune « Vous le dites à moi, mais une révolution ne s’invite pas, c ‘est le peuple qui décide » On comprend que Macron invite le libanais à faire sa révolution à laquelle il apportera son soutien.
Cerise sur le gâteau
Mais le sketch ne s’arrête pas là ! À la sortie de sa rencontre avec le Président libanais, Michel Aoun, et face aux journalistes, Macron invite donc ce dernier à se tenir à distance telle une star à qui un figurant pourrait faire de l’ombre.
Mais, il faut dire que tout n’était pas aussi rose pour le président. En effet, certains libanais n’ont pas oublié que la France retient, Georges Abdallah, un militant libanais de confession chrétienne. Ils est le plus ancien détenu politique de France et est retenu arbitrairement en prison malgré plusieurs acquittement.
En conclusion Macron incite le peuple libanais à se révolter face à une classe politique incompétente et sous-entend qu’il n’hésitera pas à faire usage de la matraque, cette même matraque qui aura brisé les os et parfois des vies de Gilets Jaunes français mécontents pour les mêmes raisons que les libanais.
Murat Büyük