Suite à l’attaque du régime syrien envers l’armée turque causant la mort de 33 soldats, la Turquie ouvre ses frontières avec la Grèce pour laisser partir des milliers de migrants vers l’Europe, majoritairement syriens.
Comment la Turquie en est-elle arriver là ?
Depuis 2011, la Turquie accueille plus de 4 millions de migrants sur son territoire, principalement venus de Syrie.
En 2015, un accord entre l’Union Européenne et la Turquie prévoyait donc de renvoyer les migrants illégaux vers la Turquie en échange de reprendre le même nombre d’immigrés légaux vers l’Europe. De plus, l’Union Européenne devait participer aux frais concernant les camps de réfugiés.
Or à ce jour, non seulement l’Union Européenne n’a pas repris de migrants mais a payé seulement 3 milliards d’Euros sur les 6 promis.
Du point de vue de la politique interne en Turquie, cet accord a été très défavorable au gouvernement du Président Recep Tayyip Erdogan. D’autant plus que l’opinion publique turque n’a pas très apprécié et l’opposition a joué sur ce sentiment nationaliste pendant les dernières campagnes électorales.
C’est ainsi que la grogne est montée au sein de la population qui ne veut plus assumer le poids des réfugiés syriens notamment du fait que les attaques envers l’économie Turquie se poursuivent. La Turquie a dépensé sur ses propres fonds plus de 40 milliards de dollars.
Ces derniers mois et surtout depuis décembre 2019, le régime syrien, avec l’aide de leurs alliés russes et iraniens, bombarde les positions civiles à Idleb. Plus d’un million de nouveaux réfugiés ont afflué à la frontière turque.
La Turquie ne pourra plus assumer seule le poids de nouveaux réfugiés, ni politiquement, ni économiquement, ni socialement.
L’attaque envers les militaires turcs qui fait déborder la vase
La Turquie défend depuis très longtemps l’établissement d’une zone sécurisée de 30 km de profondeur entre la frontière turque et syrienne.
Cette zone a été en partie instaurée l’an dernier au mois d’octobre 2019 avec l’opération « Source de paix ». Malgré cette zone où sont installés des civils, l’armée syrienne appuyée par les avions russes, bombarde des zones d’habitation, poussant plus d’un million de personnes à fuir à la frontière turque.
Jeudi soir, une nouvelle attaque du régime syrien à Idleb a coûté la vie à 33 soldats Turcs. Suite à cette attaque, le ministère des affaires étrangères a annoncé que les Syriens sur le sol turc pourront quitter la Turquie s’ils le souhaitaient.
Il a rappelé que la politique de la Turquie en matière d’accueil n’avait pas changé. En effet, la Turquie va continuer d’apporter son aide humanitaire à la frontière turque où des millions de femmes, enfants et hommes sont entassés.
Mais désormais, les migrants Syriens de Turquie qui veulent rejoindre l’Europe ne seront plus empêcher de le faire. Dès jeudi soir, des centaines de Syriens ont afflué vers la frontière grecque.
Il est temps que l’Europe prenne ses responsabilités. car la Turquie a remplit ses devoirs. Désormais, c’est à l’Europe d’agir contre le massacre des Syriens.
Les menaces de l’Europe renforcent le sentiment nationaliste en Turquie
Mais au lieu de cela, l’Europe passe son temps à menacer la Turquie et son économie. Cette stratégie est très risquée pour l’Europe. Non seulement, elle augmente les sentiments nationalistes mais aussi pousse les Turcs à détester l’Europe. Par ailleurs, une économie affaiblie de la Turquie n’aura pour conséquence que de voir toujours plus de migrants se tourner vers l’Europe.
De plus, les enjeux et tensions en Méditerranée Orientale, qui opposent certains pays européens à la Turquie, ne favorisent pas la coopération entre les deux parties.
La Turquie a toujours fait savoir qu’elle était prête à négocier avec les protagonistes du dossier méditerranéen sur le dossier de recherche d’hydrocarbures. Mais, la Grèce, la partie grecque de Chypre, l’Egypte et Israël ont décidé unilatéralement de s’approprier les richesses de la Méditerranée. Cependant, cette situation est inacceptable. Toute exclusion de la Turquie se soldera non seulement par un échec mais aussi ce pays ne pourra plus continuer à jouer un rôle de garde côte éternellement.
Enfin, le départ de centaines de Syriens vers l’Europe découle d’une stratégie désastreuse de l’Europe qui oblige la Turquie à porter à elle seule le fardeau de millions de réfugiés.
La Turquie ne peut plus assumer seule cette catastrophe humanitaire sans précédent, le poids économique, politique et social des réfugiés devenu de plus en plus lourd.