Il y a un nom auquel le président des États-Unis, Donald Trump, fait toujours référence au début de l’opération Printemps de la paix. Il est commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS). Trump l’a remercié à plusieurs reprises au cours de l’opération et même après. Il a même été invité à la maison blanche. Mais qui Mazloum Kobane ?
Tout d’abord, le gouvernement turc s’oppose fermement à reconnaître Kobani en tant qu’interlocuteur légitime. Le président Recep Tayyip Erdogan déclare même « Les États-Unis devraient nous livrer cet homme » au lieu de l’invité comme dignitaire.
Pourquoi donc Mazloum Kobane provoque un débat houleux entre les deux alliés de l’Otan ?
La proximité d’Abdullah Öcalan
Mazloum Kobane, est un syrien né en 1967. Selon plusieurs sources son vrai nom serait nom de Ben Mustafa Abdi Khalil même s’il a aussi utilisé les noms Ferhat Abdi Şahin, Sahin Cilo et Mazloum Abdi.
Mazloum Kobane a rencontré Abdullah Öcalan chef du groupe terroriste « Parti des travailleurs du Kurdistan » (PKK) lorsqu’il était enfant. On le voit nager sur une photo avec Öcalan, dont la date exacte est inconnue.
Sahin aurait rejoint le PKK en 1990, à l’âge de 23 ans. Il a collaboré pendant 20 ans avec Öcalan au cours de ses séjours en Syrie.
Mazloum Kobane s’est rendu souvent entre 1997 et 2003 en Europe pour « activité politique ». Il « travaillait » activement notamment lorsque son mentor Öcalan a été arrêté en 1999. Il s’ensuit un processus dans lequel les institutions étatiques de nombreux pays s’engagent avec le PKK dans un trafic intense.
Dans sa réponse à la question du tribunal sur le cessez-le-feu proposé en 1998, Öcalan a déclaré que l’État turc leur avait alors présenté une proposition de cessez-le-feu par différents canaux et a déclaré :
« Je souhaite ouvrir le dossier du cessez-le-feu. La proposition de cessez-le-feu nous a été présentée par notre représentant européen Kani Yilmaz et par un ami nommé Ferhat Abdi Sahin. »
Période européenne
Après sa période « diplomate du PKK », Il est devenu administrateur du PKK. Kobani s’est rendu Alors dans le nord de l’Irak et a pris part aux activités du PKK dans ce pays.
Kobani n’a jamais caché le fait d’être un membre du PKK. Dans une interview au magazine New Yorker en avril 2019 il déclare : « Je suis dans le PKK depuis un certain temps. »
Kobani a monté les échelons jusqu’à devenir membre du conseil exécutif du Koma Civakên Kurdistan (KCK) émanant du PKK et succédant en juin 2007 à l’éphémère Koma Komalên Kurdistan (KKK) prônée par Abdullah Öcalan, qui est d’ailleurs président honoraire de la confédération.
Kobani est directement responsable de 18 attentats en Turquie causant la mort de 164 soldats et 40 civils. Kobani refuse de parler aux journalistes de sa période d’activité au sein du PKK.
Dans la région au Nord de la Syrie, appelé aussi Rojava, Mazloum Kobane utilise le nom de code « Cilo ». Entre 2011 et 2012 il est l’un des instigateurs à la création du Unités de protection du peuple (YPG), la branche syrienne du PKK.
En 2013, Kobani donne un reportage à l’agence de presse Fırat, journal du PKK, en tant que conseil exécutif du KCK. Dans un entretien avec ahin Cilo en 2013, il a déclaré : « Il est temps d’officialiser l’administration publique à Rojava. »
Kobani fait souvent la navette entre les camps du PKK et ceux du YPG.
L’année 2014 a été un tournant pour YPG et Kobani. Le groupe du YPG s’engage comme milices des états pour combattre Daesh avec le soutien des opérations aériennes de la coalition internationale.
Leur commanditaire les États-Unis assurent d’ailleurs que la coopération militaire entre le groupe YPG et les États-Unis deviendrait plus tard une coopération politique avec notamment la promesse d’un Rojava indépendant.
Reconnu internationalement chef des Forces démocratiques syriennes (SDF)
La renommée internationale de Mazloum Kobane a fait qu’à la création des Forces démocratiques syriennes en 2015 qui incluait le corps principal du YPG celui-ci en devient « Commandant en chef ».
Kobani est devenu un nom qui gère les opérations sur le terrain. Et dans le même temps mène des entretiens avec des forces internationales, notamment les États-Unis, et donne des entretiens à la presse internationale.
Celui qui l’a amené son nom au sommet de l’agenda est que le président américain Trump a parlé de lui et a accepté de le recevoir à la Maison Blanche.
La lettre, que Trump a écrite au président Erdoğan le jour où l’opération « Source de paix » divulguée à la presse le 16 octobre, indiquait :
« J’ai travaillé dur pour résoudre certains de vos problèmes. Ne laissez pas le monde sombrer. Vous pouvez faire beaucoup de choses. Le général Mazloum veut négocier avec vous et dit qu’il a l’intention de faire des concessions qu’il n’a jamais faites auparavant. »
La réponse des autorités turques à la lettre du 16 octobre, comme le révèle la presse, était « Nous l’avons jetée à la poubelle ».
Différence d’appréciation sur Kobani ?
Les Etats-Unis et la Turquie ont des approches diamétralement opposées sur Mazloum Kobane.
Les États-Unis voient dans Kobani un commandant légitime du SDF. Le fait qu’il a été 15 années un membre très actif du PKK et qu’il est par la suite sa branche syrienne le YPG ne les dérangent absolument pas. Ce qui intéresse Donald Trump et de nombreux politiciens américains est que Kobani soit ouvert aux négociations et à la coopération.
Cette attitude se poursuit malgré la réaction récente en Turquie qui rappelle que Kobani est surtout un terroriste activement recherché.
Un groupe de sénateurs républicains et démocrates a donc écrit une lettre au département d’État américain demandant un visa rapide pour Kobani pour qu’il puisse se rendre aux États-Unis. La Turquie fait valoir qu’il est indigne de recevoir un terroriste comme un chef d’etat que le PKK, YPG et le YPJ (Branche féminine du YPG) c’était blanc bonnet et bonnet blanc. En effet, Kobani se trouve sur la liste rouge des personnes recherchées.
Le président Erdogan l’extradition de Mazloum
De ce fait, Le ministre de la Justice, Abdulhamit Gul, a déclaré aux États-Unis qu’une nouvelle notification avait été faite à ce sujet :
« Cette personne a un bulletin rouge, s’il entre aux États-Unis il doit être arrêté et livré à la Turquie. Ce bulletin rouge est valable dans 196 pays dans le monde. Une nouvelle fois les États-Unis l’ignorent. »