La Turquie pourrait être soumise à une guerre économique avec les États-Unis alors que Washington cherche à punir le président Erdogan pour son achat de missile à la Russie.
Washington a intensifié ses pressions sur les projets turcs d’acheter des missiles S-400 à la Russie en menaçant de sanctions les entreprises turques. La sous-secrétaire à la Défense pour les acquisitions et le maintien en puissance (USD), Ellen Lord, a déclarée :
« Seules entreprises qui seraient exceptées par les sanctions sont celles qui fabriquent actuellement des pièces pour les avions de combat américains F-35. Cependant, même le secteur manufacturier actuel reviendrait aux États-Unis selon les plans proposés par le Pentagone. »
Cela intervient après que le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, eut fermement réagi aux menaces similaires formulées à Washington la semaine dernière.
Bien que Lord ait souligné que les États-Unis considéraient la Turquie comme un allié crucial de l’OTAN, elle a dit qu’elle ne reviendrait pas sur les plans du gouvernement Trump d’étouffer économiquement la Turquie.
Ellen Lord, a déclaré :
« Tout ce qui est en dehors du F-35 du point de vue de la défense a été reconsidéré au sein du ministère et serait soumis aux sanctions imposées par la CAATSA (Loi visant à lutter contre les adversaires américains par des sanctions) »
« Ce serait très, très dommageable pour la Turquie. »
Dans une menace à peine voilée, Lord a ajouté que les États-Unis souhaitaient continuer à travailler avec la Turquie mais que l’industrie américaine pourrait facilement trouver d’autres sources pour des pièces turques.
La loi américaine sur la lutte contre les adversaires par des sanctions (CAATSA) concerne actuellement l’Iran, la Russie et la Corée du Nord et Ankara pourrait être sur le point de rejoindre la liste.
L’autre inquiétude grandissante de Washington, serait qu’Erdogan approuve le développement de son propre chasseur furtif le TF-X qui devrait être achevé d’ici 2025. Alors la Turquie n’aurait plus besoin des F-35 américain et à terme pourrait même être un concurrent car il serait fabriqué à moindre coût.
Cavusoglu a déclaré jeudi dernier :
« Si les États-Unis prennent des mesures négatives à notre égard, nous prendrons également des mesures réciproques. »
« Nous sommes déterminés sur la question des S-400. Quels que soient les résultats, nous ne ferons pas marche arrière. »
Le ministre a ajouté qu’il était dorénavant impossible d’annuler la commande de la Russie qui devrait être livré en juillet.
Les États-Unis craignent que les relations grandissantes d’Ankara avec Moscou ne représentent une menace importante si elles continuent à se développer. Les deux états deviendraient si omniprésents militairement que les États-Unis n’auraient qu’un petit rôle dans la géopolitique du Moyen-Orient. Perdre de l’influent dans une région riche en énergies est donc inenvisageable.
S’ils achètent les missiles russes S-400 et continuent de construire et d’importer des F-35 américains, Washington craint que leurs avions de combat ne soient exposés à un subterfuge de la part de Moscou. (Rétro ingénierie pour le développement d’avions russe ou turc)
Les responsables turcs, cependant, font valoir qu’ils peuvent assumer leurs responsabilités dans le partenariat F-35 tout en achetant également des S-400 qui, selon eux, ne représentent aucune menace pour les États-Unis. Ankara est considérée comme un allié stratégique tant par Moscou que par Washington en raison de sa force et de son emplacement géopolitique.
Fatih Tufekci