La haine dirigée contre l’islam a motivé de nombreux musulmans aux États-Unis à se lancer en politique.
Dans un éditorial publié mardi, Wajahat Ali a déclaré que la présence des musulmans dans la politique américaine est due aux décisions Islamophobes de Donald Trump, notamment l’interdiction des voyageurs en provenance de plusieurs pays à majorité musulmane, le fameux mur le long de la frontière mexicaine et sa politique contre les réfugiés, emprisonnement d’enfants dans des camps ou son annonce de vouloir envoyer 5 000 militaires à la frontière mexicaine contre une caravane de migrants honduriens est en route pour les États-Unis.
Ali a cité un rapport de l’Associated Press en juillet qui révélait que :
« C’est précisément le fanatisme et la haine dirigés contre l’Islam, y compris dans des remarques et des tweets islamophobe du président américain Donald Trump qui ont incité tant de musulmans à entrer dans l’arène politique. »
Selon Emgage, un groupe de défense des droits civils musulmans, près de 100 musulmans ont demandé à se faire élire à un poste dans tout l’État de New York ou à l’échelle nationale cette année.
Début août, Rashida Tlaib, législatrice américaine d’origine palestinienne et américaine, a remporté une victoire serrée dans les primaires démocrates de l’État, devançant la présidente du conseil municipal de Detroit, Brenda Jones, et est en passe de devenir la première femme musulmane au Congrès.
Ilhan Omar, un Américain d’origine somalienne qui est arrivé aux États-Unis il y a plus de 20 ans en tant que réfugié du Kenya, devraient gagner les élections de mi-mandat le mois prochain, en remplacement du représentant Keith Ellison au Minnesota.
Ali a déclaré :
« Une majorité de candidats musulmans ne se présentent pas avec leur religion mais en tant que démocrates promouvant des plates-formes progressistes. »
Ces vétérans et partisans de la politique musulmane ne sont pas les premiers à montrer que « des croyances religieuses profondément ancrées » peuvent inspirer un engagement en faveur de la justice sociale, a-t-il déclaré.
Ali écrit :
« Mais à un moment où l’hypocrisie de beaucoup de personnes qui prétendent représenter la droite religieuse chrétienne est particulièrement criante, elles rappellent que le fait d’être pieux n’a pas à et ne devrait pas aller de pair avec les attaques contre les femmes, les minorités et les pauvres »
Ali a déclaré :
« Les musulmans sont ici, ils courent pour se faire élire, et quelques-uns vont à Washington, où ils feront quelque chose que beaucoup de membres du Congrès n’ont pas fait depuis longtemps: servir Dieu en servant les peuples.»
Musulmanes, afro-américaines et latino-américaines
- Minnesota. La démocrate Ilhan Omar, Américaine d’origine somalienne et de confession musulmane, part à la conquête de la 5e circonscription, qui comprend la ville de Minneapolis. Née à Mogadiscio en 1982 et installée aux Etats-Unis depuis l’âge de 14 ans, elle a été élue à la Chambre des représentants du Minnesota en novembre 2016. Lors de la primaire du printemps, elle a reçu le soutien d’Alexandria Ocasio-Cortez. Ilhan Omar devrait remporter l’élection ayant levé plus de fonds que son adversaire, Jennifer Zielinski, et faisant campagne dans une circonscription considérée comme acquise aux démocrates et devenir ainsi l’une des deux musulmanes à entrer au Congrès.
- Michigan. Rashida Tlaib, candidate musulmane d’origine palestinienne, native de Detroit, est l’aînée d’une famille de quatorze enfants. Elle est la première de sa famille à faire des études supérieures. Elle est élue au parlement du Michigan depuis 2008. Sans opposant dans la 13e circonscription du Michigan, qui comprend des portions de Detroit, Rashida Tlaib, qui a fait campagne avec Ilhan Omar, sera élue.
- Massachusetts. Ayanna Pressley et Jahana Heyes sont en passe de devenir les premières Afro-Américaines à représenter des Etats de Nouvelle-Angleterre au Congrès. Ayanna Pressley n’a pas d’opposant dans la 7e circonscription du Massachusetts (une portion de Boston) dans laquelle elle se présente. Comme nombre de candidates, elle a, à 44 ans, bousculé l’establishment démocrate. Elle s’est imposée face à Michael Capuano, élu depuis 1998, sur un argument fédérateur :
« Une circonscription jeune et majoritairement non blanche a besoin d’une voix nouvelle à Washington. »
- Connecticut. Pour sa part, la démocrate Jahana Hayes, candidate dans la 5e circonscription du Connecticut, fait figure de « survivante », comme les aiment les Américains : fille d’une mère toxicomane, mère à 17 ans, elle a reçu des mains de Barack Obama, en mai 2016, le titre d’enseignante de l’année 2016. Comme beaucoup d’enseignants, elle s’est portée candidate pour protester contre les politiques éducatives au niveau fédéral et s’est imposée dans les primaires face à une représentante de l’establishment démocrate, Mary Glassman. Un de ses chevaux de bataille : l’idée de Donald Trump de répondre aux fusillades dans les écoles en puisant dans le budget fédéral alloué à l’éducation pour armer les enseignants.
- Texas. Deux candidates latino-américaines sont en passe d’être élues au Texas : dans la 16e circonscription (celle d’El Paso), Veronica Escobar, 47 ans, ancienne juge du comté d’El Paso, s’est lancée pour sa première candidature à la conquête du siège de représentant détenu par Beto O’Rourke, lui-même candidat au Sénat face à Ted Cruz. A elle seule, sa candidature résume la somme des angoisses qu’a fait naître l’élection de Donald Trump :
« Je m’inquiète pour la planète. Je m’inquiète pour les immigrants. Je m’inquiète pour les femmes. Je m’inquiète pour la communauté LGBT. Je m’inquiète pour El Paso et la frontière. Et je ressens un sentiment d’angoisse très intense. »
Dans la 29e circonscription (Houston), favorable aux démocrates, Sylvia Garcia devrait être élue.
L’islamophobie du président Donald Trump et sa haine des migrants poussent les minorités à se faire élire pour défendre leur droit comme celui de tous américains.
Fatih Tufekci