Jamal Khashoggi est un journaliste saoudien dissident, très critique envers le prince héritier Mohammed Ben Salmane, est porté disparu depuis qu’il s’est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre pour de simples démarches administratives. Sa compagne d’origine turque qui l’accompagnait, ne le voyant pas sortir au bout de plusieurs heures, alerte les autorités turques. Une caméra de surveillance démontre son entrée dans le consulat, d’où il n’est toujours pas ressorti à ce jour. Les rumeurs vont bon train, mentionnant même l’assassinat du célèbre journaliste par les services secrets saoudiens.
Discrétion totale de la France, défenderesse de la liberté d’expression des journalistes.
La France réagit 6 jours après la disparition du journaliste par un bref communiqué du Quai d’Orsay annonçant timidement que la France « est préoccupée » ;
« Nous souhaitons que sa situation soit éclaircie le plus rapidement possible ».
Contrairement au président turc, Erdogan qui demande à Riyad de faire la lumière sur cette disparition et à Trump qui réclame une enquête « approfondie et indépendante », la France se cloître dans son mutisme.
Le projet « Vision 2030 » serait-il à l’origine de ce silence?
Le prince MBS, avait effectué une tournée de 40 jours en occident, pour présenter son projet pharaonique « Vision 2030 » dont le but est de transformer en 15 ans l’Arabie Saoudite, austère monarchie pétrolière, en un pays économiquement développé, moderne et mondialement influent.
Emmanuel Macron avait reçu Mohammed Ben Salman lors de sa visite officielle en France du 8 au 11 avril, à l’occasion de laquelle 19 protocoles d’entente ont été signés pour un montant estimé à 18 milliards de dollars. Accords intéressants bien que minimes face à ceux signés avec la Grande Bretagne à hauteur de 90 milliards ou encore avec les États-Unis de 600 milliards selon les sources de Reuters.
La France se voit attribuer :
- La construction d’un complexe pétrochimique par TOTAL à Jubail.
- Traitement des eaux usées par VEOLIA.
- La mise en valeur touristique et culturelle de la zone d’Al-Ula, ville connue pour ses richesses archéologiques.
D’après Gérard Mastrellet, président d’Engie, qui coordonne le projet du côté français, à terme le marché qui s’ouvre aux entreprises françaises pourrait dépasser les 50 milliards de dollars.
Liberté de la presse monnayable ?
Comment doit-on prendre ce silence assourdissant? Quelques mois auparavant, la Turquie était critiquée par la France pour avoir emprisonné Can Dundar suite à la divulgation de secret d’Etat. Le président turc a été diabolisé par la masse média française, attaqué continuellement par Guillaume Perrier et Franz-Olivier Giesbert. La Turquie a été qualifiée de dictature et son président bafoué à maintes reprises, affublé ironiquement de « sultan », de « despote ».
La France ferait-elle allégeance à un prince despotique moyennant des contrats juteux?
Les libertés fondamentales seraient-elles à géométrie variable?
« Pecuna nervus belli » ( l’argent est le nerf de la guerre), célèbre citation de Cicéro, homme d’Etat romain, qui souligne le côté mercantile des relations politiques et économiques des Nations.
ATD