Le retour de vacances est relativement douloureux pour les dizaines de milliers d’émigrés turcs qui reviennent par la route dans leurs pays d’accueil respectifs. Les postes-frontières sont engorgés et plus particulièrement celui de « KAPIKULE » où des files monstres sur des kilomètres font grogner les voyageurs.
« KAPIKULE » : le cauchemar du retour.
Tous les ans, en période estivale, le même souci se pose aux dizaines de milliers de Turcs qui reviennent de leurs vacances de Turquie, l’attente interminable aux postes-frontières qui atteignent parfois 15 à 16 heures à la frontière bulgare sous des températures insupportables met en colère les voyageurs. Les infrastructures de restauration, de repos et de besoins hygiéniques ne sont pas adaptées à la situation.
Est-ce un manquement de l’état turc qui ne tient pas compte de ce problème perpétuel ou celui de l’État bulgare dont la police de douane prend un malin plaisir à bloquer la circulation en effectuant un contrôle au compte-gouttes? Fatih Civil, un Franco-turc ayant effectué le voyage en voiture nous apporte son expérience :
Arrivés au petit matin vers 1h30, nous avons passé la frontière turque vers 12h30 pour enfin passer la frontière d’entrée en Bulgarie à 14h30, les douaniers bulgares traînent la patte pour effectuer les contrôles d’identité. Au vu de la chaleur, les préposés à la frontière du côté turc ont distribué de l’eau gracieusement. Exaspérés, les gens ont donné un concert de klaxons marquant leur impatience.
Ce ne serait pas le seul problème selon le témoignage d’Habip Dagli, président de l’association Cojep Auvergne Rhône-Alpes :
Il faut si possible éviter le règlement des achats ou du carburant en espèces car en Bulgarie, Serbie, et Croatie la monnaie est rendue dans la monnaie locale, que l’on ne peut pas utiliser puisque aucun commerce ne l’accepte.
Monsieur Dagli nous fait part d’une autre particularité à la frontière bulgare, qui paraît de prime abord burlesque. En effet, lors du passage du poste-frontière de la Bulgarie, les véhicules sont aspergés d’une solution de désinfectant qui de surcroît est facturée à 15 euros pour les poids lourds et 3 euros pour les véhicules de tourisme. Devant la colère des voyageurs qui sous-entendent que « la Bulgarie se fait de l’argent sur le dos des émigrés turcs », cette dernière se défend en arguant du danger potentiel de l’anthrax et de l’obligation pour les autorités de protéger leur pays contre ce fléau. Alors une question vient à l’esprit : pourquoi une désinfection à la frontière commune avec la Turquie et pas à la frontière Serbe?
Pendant des décennies, les émigrés turcs ont subi la mauvaise foi et le chantage des douaniers bulgares qui au gré de leurs volontés verbalisaient comme bons leur semblaient, qui réclamaient des pots-de-vin en insinuant que c’était le seul moyen d’éviter les soucis.
D’ailleurs en 2005, une publicité pour les soupes Baktat, inspirée par ce problème, généra des tensions entre la Turquie et la Bulgarie pour au final être retiré des écrans.
Aydanur Tufekci