Les États-Unis, via son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, ont déclaré jeudi que la Turquie devrait se préparer à de nouvelles sanctions si le pasteur Brunson n’était pas libéré.
Lors d’une réunion à la Maison-Blanche du cabinet du président Trump et de ses principaux ministres, Steven Mnuchin a affirmé ;
« Nous prévoyons de faire davantage s’ils ne le libèrent pas rapidement »
Andrew Brunson, pasteur américain, est-il un gros poisson que la Turquie aurait attrapé ?
Arrestation du pasteur
Andrew Brunson est aujourd’hui au cœur de la plus importante crise diplomatique de ces dernières décennies entre les États-Unis et l’État turc.
En octobre 2016, il est arrêté et accusé par les autorités d’Ankara d’espionnage et sa proximité avec le mouvement du prédicateur Fetullah Gülen, instigateur du coup d’État avorté du 15 juillet 2016 lui a valu d’y avoir participé. Il restera écroué pendant un an et demi avant d’être assigné à résidence, en juillet dernier.
Le lobbying évangéliste
Mike Pence, chrétien évangélique comme M. Brunson, devient vice-président des États-Unis le 20 janvier 2017.
Le Centre américain pour la loi et la Justice (ACLJ), ONG conservatrice et chrétienne qui milite activement pour la libération du pasteur, a lancé une pétition qui a recueilli près de 600 000 signatures.
Le 26 juillet menace, Mike Pence menace la Turquie de sanction si le pasteur n’est pas libéré.
Mercredi 1er août, le département américain du Trésor a fait savoir que les ministres turcs de la justice et de l’intérieur, respectivement Abdulhamit Gul et Suleyman Soylu, se verront « saisir leurs biens et avoirs au sein de la juridiction des États-Unis ».
Abdulhamit Gul a répondu à Mike Pence ;
« Que cela soit, aux États-Unis ou tous autres états en dehors de la Turquie, je n’y possède rien et n’y est pas d’attache »
Mike Pence, désigné le pasteur comme une « victime de persécution religieuse » dans une Turquie à majorité musulmane.
Vendredi noir
Donald J. Trump twitte;
« Je viens d’autoriser un doublement des taxes sur l’acier et l’aluminium, en ce qui concerne la Livre Turque, elle glisse vers le bas face à notre Dollar fort ! Les taxes seront dorénavant de 20% sur l’acier et 50% sur l’aluminium, nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment «
En quelque jour la Livre Turque plongé, en s’échange à 1 dollar pour 6,9261 livres Turque. Les investisseurs sont inquiets de la dette en devise étrangère que les entreprises ont contractée et du taux d’intérêt de la banque centrale. Pour rassurer le marché, le ministre des Finances M. Albayrak déclare que les entreprises auront toutes les liquidités dont ils auraient besoin. La Livre turque reprend des couleurs, elle s’échange à 1 Dollar pour 5,78 livres Turque.
Réponse d’Erdogan à Trump
Œil pour œil, dent pour dent. La Turquie a fortement augmenté ce mercredi 15 août les tarifs douaniers de plusieurs produits américains, poursuivant son bras de fer avec les États-Unis qui a mis la livre turque au supplice ces derniers jours.
Parmi les produits visés par cette forte hausse figurent les véhicules de tourisme, dont les tarifs douaniers s’élèvent désormais à 120%, certaines boissons alcoolisées (140%), le tabac (60%) ou encore le riz et des produits cosmétiques.
Erdogan dans un discours a aussi appelé les Turques à boycotter les produits électroniques américains, il a notamment déclaré ;#
« S’ils ont des iphones de l’autre côté il y a Samsung »
Mercredi 15 Août, la Turquie a reçu un soutien de poids, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a promis au cours d’un entretien avec M. Erdogan à Ankara que son pays y investirait 15 milliards de dollars.
Jeudi 16 Août, M. Albayrak a promis aux investisseurs que son gouvernement aurait deux priorités: combattre l’inflation, qui a atteint près de 16% en glissement annuel en juillet, et la discipline budgétaire.
La Turquie est la deuxième armée en effectifs de l’OTAN après l’armée américaine et la huitième armée du monde en effective au niveau mondial. Elle est sur le terrain face aux terrorismes en Syrie et en Irak. La Turquie est le pays accueillant quelque 3 millions réfugiés syriens devenant ainsi le bouclier de l’Europe. Qu’est-ce qui pousse Trump à créer une guerre commerciale avec la Turquie pour une histoire de détention de prisonnier ? La Turquie aurait-elle attrapé un gros poisson ?
Fatih Tufekci
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