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La Turquie prend des mesures pour lutter contre « la crise monétaire »

La banque centrale de Turquie s’est déclarée prête à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour assurer la stabilité financière après la chute de la livre turque.

La Turquie s’est engagée à fournir aux banques « toutes les liquidités dont les banques ont besoin ».

Suite à une crise diplomatique avec les États-Unis qui a provoqué des turbulences sur le marché, les investisseurs n’étaient pas rassurés. Bien que la livre ait légèrement progressé, elle a encore atteint un nouveau record face au dollar ce qui a provoqué une chute des marchés boursiers en Europe et en Asie.

Avant l’annonce, la livre était en baisse de 9% avant de remonter légèrement à 6% en fin de matinée en Turquie.

Le ministère turc de l’Intérieur a déclaré qu’il allait entamer des poursuites judiciaires contre 346 comptes de médias sociaux qui, selon lui, avaient publié des commentaires sur l’affaiblissement de la livre « de manière provocatrice ».

La chute s’est aggravée vendredi lorsque le président américain Donald Trump a demandé le doublement des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium turcs, suite au refus de la Turquie de libérer un pasteur américain détenu en Turquie depuis près de deux ans.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est engagé à ne pas laisser la Turquie « se mettre à genoux » et a parlé d’un complot contre le pays.

Que se passe-t-il sur les marchés?

Avant que les nouvelles mesures ne soient annoncées, le principal indice boursier de la bourse de Tokyo, le Nikkei 225 avait déjà perdu près de 2% en fin de séance.

L’indice Hang Seng de Hong Kong a chuté de près de 1,6% dans les échanges de l’après-midi, mais le Shanghai Composite s’est redressé après une baisse de 1,7%, avec des baisses beaucoup plus faibles dans les échanges de l’après-midi.

Au début des échanges en Europe, l’indice FTSE 100 de Londres était en baisse de 0,5%, tandis que les marchés des actions allemands et français étaient en baisse similaire.

En Australie, l’indice de référence S & P / ASX 200 a perdu 0,5%, tandis que l’indice Kospi de la Corée du Sud a reculé de 1,8%.

Les investisseurs du monde entier s’inquiètent de la propagation des dommages et ont été amenés à vendre des actifs plus risqués, notamment des actions asiatiques et des devises des marchés émergents.

Les analystes ont déclaré que les investisseurs recherchaient désormais des valeurs refuges sous la forme du yen, ainsi que du dollar américain.

Quelle est la cause de la chute de la livre turc?

Les experts ont attribué la baisse de la livre turque aux craintes de voir le pays sombrer dans une crise économique.

Le marché boursier turc a également chuté de 17%, tandis que les coûts d’emprunt du gouvernement ont augmenté de 18% en un an et dans le même temps, l’inflation a atteint 15%.

Les investisseurs s’inquiètent du fait que les sociétés turques qui ont fortement emprunté pour profiter d’un boom de la construction pourraient avoir du mal à rembourser leurs emprunts en dollars et en euros, car la livre affaiblie signifie qu’il y a maintenant plus à rembourser.

Pourquoi la Turquie et les États-Unis sont-ils en désaccord?

La raison officielle invoquée est un différend sur le refus de la Turquie de libérer le pasteur américain Andrew Brunson. C’est bien la première fois d’un désaccord sur la libération d’un prisonnier déclenche ou risque de déclencher une crise monétaire.

Quoi qu’il advienne M. Brunson est détenu depuis près de deux ans, accusé de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan et le mouvement galéniste, responsable du coup d’État avorté du 15 juillet 2016.

Le président Erdogan est en colère car les États-Unis n’ont pas pris de mesures contre le mouvement galéniste et refuse d’extrader Fethullah Gulen, qui vit en Pennsylvanie.

Le soutien des États-Unis au groupe terroriste du Yekîneyên Parastina Gel (YPG) dans le nord de la Syrie constitue une autre difficulté majeure, étant donné que le YPG est la branche Syrienne du PKK que les États-Unis eux-mêmes ont classé groupe terroriste.

Le fait que la Turquie se rapproche de la Russie est un autre problème (si tu es l’ami de mon ennemi tu es mon ennemie). La Turquie est membre de l’OTAN, la Russie est la menace numéro un de l’OTAN et que l’organisation est obligée de défendre tout membre attaqué.

La Turquie est membre de l’OTAN et pour ce faire elle laisse les États-Unis utilisent la base aérienne d’Incirlik en Turquie pour lutter ses attaques en Syrie et en Irak. Trump en prenant des actions unilatérales contre la Turquie risque de pousser M. Erdogan pour le fermer la base aux États-Unis, ce qui risque de fragiliser le combat de l’OTAN contre Daesh.

Que font les officiels turcs à ce sujet?

La banque centrale turque a annoncé lundi que les banques disposeraient de toutes les liquidités, ce qui aiderait à faire circuler l’argent dont elles avaient besoin.

Mais la banque centrale n’a pas augmenté les taux d’intérêt, ce qui aiderait à contenir l’inflation tout en soutenant la livre. Le président Erdogan est hostile aux augmentations de taux d’intérêt.

Pourquoi y a-t-il tant de peur que cela se propage?

Les investisseurs craignent que les sociétés turques aient du mal à rembourser leurs emprunts en dollars et en euros à cause de leur dette qui ne fait que croître à mesure que la livre chute. Système absurde ou plus d’un tiers des prêts des banques turques sont libellés en devises étrangères. Le président Erdogan devrait déjà légiférer sur ce sujet la et que les commerçants acceptent la devise étrangère comme moyen de paiement.

 

Fatih Tufekci

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