MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

La Turquie veut devenir le leader de la certification halal

Le marché halal à croissance rapide dans le monde islamique et les pays occidentaux avec des communautés musulmanes considérables a longtemps attisé l’appétit de la Turquie. L’année dernière, le ministre de l’économie de l’époque, Nihat Zeybekci, a déclaré que les entreprises des pays non musulmans dominent 80% du marché halal mondial de 4 000 milliards de dollars, halal présent dans la nourriture mais aussi dans le cosmétique, la santé, le tourisme et la finance. C’est « inacceptable », a-t-il déclaré, soulignant que la Turquie devait redoubler d’efforts pour conquérir une part plus importante du marché.

Le Parlement a fait le premier pas en novembre en adoptant une législation pour la création d’une autorité d’accréditation halal. Le 15 juillet, le président Recep Tayyip Erdogan a publié un décret sur la manière dont l’Autorité d’accréditation halal en anglais Halal accreditation Authority (HAA) serait créée, complétant le cadre légal de la volonté de la Turquie de devenir un acteur majeur du marché avec des labels halal garantis par l’État.

L’HAA se conformera aux normes « halal » établies par l’Institut de normalisation et de métrologie pour les pays islamiques, un organisme placé sous la tutelle de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), qui compte 57 membres. Les entreprises de Turquie et d’autres pays musulmans pourront demander l’accréditation auprès de l’HAA.

L’objectif de la Turquie est de faire de l’AAH l’organe de référence dans le monde musulman. Selon Zeybekci, l’HAA est la première institution de réglementation au niveau mondial sur les questions halal, ce qui ajouterait de la crédibilité aux certificats halal délivrés par les entités accréditées par l’HAA.

De nombreuses organisations ont délivré des certificats halal en Turquie ces dernières années, mais leurs normes sont sujets à controverse. Dorénavant, l’HAA interviendra pour accréditer ou disqualifier ces organisations. En tant qu’institution unique du pays autorisée à fournir des services d’accréditation, elle fonctionnera comme une sorte d’organe suprême ayant le dernier mot sur les certificats. En d’autres termes, l’accréditation de l’HAA constituera une «lettre de créance» pour les organisations délivrant des certificats.

Qui aura «les lettres de créance» ?

Tous les candidats ne recevront pas d’accréditation. L’Association de recherche sur l’inspection et la certification des aliments et des approvisionnements, qui organise la foire internationale Halal et Tayyib depuis 2010 et qui émet des certificats appelés «certificats halal et tayyib», devrait recevoir une approbation facile. Le mot arabe «tayyib» signifie sain, propre et de bonne qualité dans ce cas de figure, comme l’a souligné l’ancien vice-premier ministre Bulent Arinc à la foire de 2013 pour ceux qui auraient pu faire une association avec l’un des noms du leader de la Turquie. En tant que plus grande organisation du genre en Turquie, l’organisation d’inspection et de recherche a délivré des certificats « halal » à des centaines d’entreprises.

Un certificat halal est-il suffisant pour stimuler les ventes dans les pays musulmans?

Le commerce va de mèche avec la politique étrangère. De bons liens politiques sont souvent la condition essentielle pour stimuler les échanges commerciaux. Une religion commune n’est pas suffisante pour stimuler le marché, comme en témoigne une myriade de conflits politiques et économiques entre les pays musulmans. Pour augmenter ses parts de marché dans le monde musulman, la Turquie doit d’abord évoluer sa politique étrangère en ce sens.

Cependant, la Turquie devrait augmenter sa part dans les marchés halal étant donné ses ardents efforts sur le terrain, en particulier dans le secteur financier avec la banque islamique, secteur qui s’est considérablement développé depuis l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002.

Selon Yunus Ete, le président turc du World Halal Summit Council, la part de la Turquie sur le marché halal mondial s’élève à environ 100 milliards de dollars, dont 55 milliards dans le secteur financier, et pourrait atteindre 400 milliards de dollars en peu de temps.

 

Fatih Tufekci