Alors que les ressortissants turcs de l’étranger ont commencé à voter depuis ce matin, environ 57 millions de citoyens vivant en Turquie vont se déplacer aux urnes, le 24 juin prochain pour élire les membres du parlement. Ces élections vont apporter de nombreux changements, dont la possibilité de faire des alliances entre différents partis.
En France, des partis obtenant 20% des scores peut n’avoir que 2 ou 3 députés alors que celui qui a réalisé 6% peut avoir plus de 3 représentants. Pourtant, la Turquie est critiquée pour son seuil de 10%, alors qu’elle permet forcément d’avoir au moins 70 députés après avoir franchi le seuil.
Or, la Turquie veut aller plus loin et permettre à plus de partis d’être présents au sein de l’Assemblée nationale. Pour cela, le 16 avril 2017, la Turquie avait adopté dans un référendum une nouvelle constitution, avec 51.41% des voix, entraînant avec elle, une nouvelle loi électorale.
Parmi les nouveautés, la possibilité de présenter des listes d’alliances attire particulièrement l’attention. Ainsi, la nouvelle procédure permet aux partis politiques de contourner le seuil électoral des 10% qui était nécessaire pour obtenir des sièges au parlement.
En effet, pour qu’un parti politique puisse avoir des élus, il devait atteindre 10% des suffrages au niveau national.
En Turquie, contrairement à la France, il n’y a qu’un seul bulletin de vote où figurent le nom et le logo de tous les partis présents dans la circonscription.
Les partis remportent des sièges à la proportionnelle des voix obtenues par leur liste lors d’un tour unique.
Jusqu’à présent, si deux partis voulaient s’allier, il fallait obligatoirement que cela se fasse sous le nom d’un seul parti et dans une liste commune.
Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, tout parti politique peut décider de se présenter sous une liste d’alliance tout en conservant son autonomie. Mais surtout, si le total des voix obtenues par l’alliance dépasse les 10%, tous les partis composant cette alliance seront considérés comme ayant franchi la limite même si au final, ils n’obtiennent pas plus de 10% individuellement.
Ainsi, le 24 juin prochain, « l’Alliance du Peuple » composée de l’AK PARTI (Parti de la Justice et du Développement), MHP (Parti d’action Nationaliste) et soutenue par le BBP (Parti de la Grande Unité) et « l’Alliance Populaire » composée par le CHP (Parti Républicain du Peuple), IP (Bon Parti), SP (Parti de la Félicité) et soutenue par le DP (Parti Démocrate) présenteront pour la première fois des listes avec le nouveau système.
Par ailleurs, le HDP (Parti Démocratique des Peuples), HUDAPAR (Parti de la Cause Libre) et VP (Parti de la Patrie) participent en solo à la course. Ce sont donc 10 partis qui font campagne.
Les électeurs devront donc voter soit pour un ou plusieurs partis de l’alliance soit pour un parti autonome. En effet, un électeur a la possibilité de voter pour plusieurs partis de la même alliance. Par contre, si un bulletin compte plusieurs choix en dehors d’une même alliance, le bulletin sera nul.
D’après les explications du Haut Conseil Electoral turc (YSK), dans un premier temps, les bulletins avec un seul choix seront comptabilisés pour déterminer le score de chaque parti. Ensuite, les bulletins à multi-choix (partis de la même alliance) seront redistribués aux différents partis de l’alliance selon la proportion qu’ils ont obtenus individuellement.
Avec ce nouveau système, la presse turque estime qu’au moins à 6 et au plus 8 partis seront représentés à la Grande Assemblée Nationale Turque, soit une représentativité améliorée de 50 à 100%.
Fatih KARAKAYA
Source AA