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Le Royaume-Uni se prépare à déployer le tapis rouge pour Erdogan

Les relations avec la Turquie se sont améliorées au cours des deux dernières années, le 15 mai, Erdogan fera une visite de trois jours en Grande-Bretagne qui comprendra une rencontre avec la reine.

Son voyage intervient au beau milieu d’une campagne présidentielle et législative turque.

Les politiciens de l’opposition britannique et turques sont critiques de la visite. Catherine West, parlementaire travailliste, qui défend les journalistes du groupe Fetö responsable du putsch avorté du 15 juillet 2016 et les terroristes du Yekîneyên Parastina Gel (YPG) branche syrienne du Partiya Karkerên Kurdistan (PKK), a déclaré qu’il y avait; « de sérieuses inquiétudes concernant les attaques contre les journalistes, la société civile et les relations non résolues avec les communautés kurdes en Turquie et en Syrie »,  et le Royaume-Uni devrait soulever  « ces questions urgentes avec M. Erdogan ».

Malgré les critiques, les relations turco-britanniques se sont amélioré ces deux dernières années, les deux pays étant réunis de facto par le vote du Royaume-Uni pour quitter l’UE et la violente tentative de coup d’État en Turquie, à trois semaines d’intervalle.

Les responsables turcs estiment que leurs alliés en Europe continentale et aux États-Unis ont été trop lents pour condamner le putsch, qui a vu des avions de combat bombarder le parlement turc et des soldats ouvrir le feu sur les civils dans les rues. La Grande-Bretagne, en revanche, a été rapide à s’exprimer.

L’occident n’a pas soutenu la démocratie turque face aux putschistes

Dans les semaines et les mois qui ont suivi le coup d’État, les liens d’Ankara avec de nombreux alliés occidentaux se sont refroidis, car ils espéraient que celui-ci réussisse. Les Occidentaux se sont mis à critiquer la vaste purge des institutions étatiques turques qui visaient non seulement les putschistes mais aussi les journalistes militants du groupe Fetö. La Grande-Bretagne a choisi de rester en grande partie silencieuse la purge des militants du groupe Fetö, et l’opération militaire de la Turquie, « Rameau d’olivier » contre les terroristes du YPG dans le nord de la Syrie. Les responsables britanniques affirment que critiquer M. Erdogan en public est contre-productif. Ils déclarent qu’ils soulèvent ces préoccupations en coulisses.

Dynamiser le commerce

Le commerce entre la Turquie et la Grande-Bretagne prospère depuis plusieurs années et vaut actuellement environ 16 milliards de dollars. Mais les dirigeants d’entreprises déclarent que les incertitudes économiques du Brexit ont conduit à se tourner vers d’autres marchés que l’Europe. L’année dernière, le Royaume-Uni a doublé son programme de financement des exportations vers la Turquie à valeur de 4,7 milliards de dollars. Des efforts sont également déployés pour renforcer la coopération dans les domaines de l’énergie, des soins de santé, de la manufacture ainsi que de la défense.

La pièce maîtresse est le rôle de la Grande-Bretagne pour aider M. Erdogan à réaliser son rêve de construire un avion de chasse fabriqué en Turquie. Lors d’une visite à Ankara au début de l’année dernière, Theresa May a annoncé un accord de 100 millions de dollars pour BAE Systems afin de fournir la technique et l’expertise pour la première phase de développement. Les responsables britanniques espèrent que Rolls-Royce remportera également le contrat de construction des moteurs et qu’un certain nombre de petites entreprises en bénéficieront également. La Grande-Bretagne a accepté de renoncer aux droits de regard à l’exportation afin que la Turquie puisse vendre l’avion à n’importe quel pays de son choix.

Les Britanniques défendent le projet en déclarant que celui-ci est essentiel pour créer des emplois et soutenir l’industrie de la défense britannique. Un responsable commercial britannique déclare;

« Pour que des entreprises comme BAE restent à la pointe de la recherche aérospatiale, elles ont besoin de grands projets et le projet turc en est un. »

Travailler ensemble sur le contre-terrorisme

Les diplomates britanniques affirment que leur relation étroite avec Ankara amène une coopération sur le partage de renseignements et le contre-terrorisme, ainsi que sur la question des migrants et des réfugiés. Il semble également avoir obtenu un traitement plus favorable pour les ressortissants britanniques en Turquie.

Selon les analystes, les responsables britanniques estiment qu’ils ne peuvent tout simplement pas se permettre de tourner le dos à un pays qui partage une frontière avec la Syrie, l’Irak et l’Iran.

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