À la marche blanche en mémoire de Mireille Knoll, une retraitée juive assassinée, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été hués et chahutés par le cortège, Mélenchon a été traité d’ “ordure” et de “collabo”, et forcé de quitter le cortège avec ses camarades de la France insoumise. Étrangement Marine le Pen, a été protégé, pourquoi ?
Francis Khalifat, l’actuel président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui déclarait la veille que Marine le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon, n’était pas les bienvenus à cette marche blanche. En effet, quelques minutes après avoir délogé Jean-Luc Mélenchon, les militants de la LDJ ont rejoint le service d’ordre de Marine le Pen, également présente et huée par la foule. En effet, Marine le Pen est pro-sioniste contrairement à son père Jean-Marie le Pen qui a été condamné qui qualifie les chambres à gaz de « détail » de l’histoire.
Qu’est-ce que la LDJ ?
La LDJ, pour Ligue de défense juive est un groupe, sans existence légale, qui a montré sa violence en 2014, rue de la Roquette à Paris, le 13 juillet, ou à Sarcelles le 20 juillet, où ses militants sont venus « défendre » les synagogues.
La LDJ est née en France sous l’appellation « liberté démocratie et judaïsme ». Créée sous le statut d’association en octobre 2000, elle s’est dissoute d’elle-même dès 2003, sans jamais cesser ses activités, même sans existence légale.
Essentiellement présente en région parisienne, elle s’inspire directement de la Jewish Défense Ligue, créée aux États-Unis en 1968 par le rabbin Meir Kahane, aujourd’hui classée par le FBI comme un groupe terroriste et interdit suite à des tentatives d’attentat à la bombe contre une mosquée.
La LDJ est aussi interdite à Israël car Baruch Goldstein, l’un de ses adeptes et membre du Parti nationaliste-religieux Kach et Kahane Chai avait commis un acte de terrorisme le 25 février 1994 en tuant 29 Palestiniens de la ville d’Hébron et en blessa 125 autres, alors qu’ils étaient en train de prier un vendredi du mois sacré de ramadan. La résolution 904 du conseil de sécurité des Nations unies a été émise pour exprimer la condamnation ferme de cet acte.
La LDJ en France
La LDJ française a été fondée par des anciens du Betar, qui signifie (Alliance Yosef Trumpeldor) un mouvement de jeunesse juif radical, sioniste, dirigé par David Sreir. Il a été fondé en 1923 à Riga, en Lettonie, par Vladimir Zeev Jabotinsky. Comme la JDL aux États-Unis, la LDJ se définit comme « une organisation sioniste, affirmant que la seule protection du peuple juif contre l’arbitraire et la violence, est Israël, État juif souverain ». Elle se donne pour mission de « protéger les Juifs de France contre la violence tant verbale que physique de leurs ennemis ». Elle milite aussi pour éduquer les jeunes Juifs au retour en terre d’Israël. En 2011, la LDJ a proposé à ses militants de partir en Israël pour « aider à défendre les colonies ».
Des méthodes violentes
Comme son homologue américaine, la LDJ assume le recours à la violence. Dans sa charte, elle explique ;
« Vouloir défendre le peuple juif contre toutes les formes modernes de haine antijuive, antisémitisme, judéophobie, antijudaïsme et antisionisme »
Et ce en maintenant ;
« Une veille tant idéologique que sportive afin de pouvoir parer à toutes menaces physiques des ennemis du peuple juifs ».
Pour ce faire, la Ligue revendique donner à ses membres ;
« Un entraînement physique régulier de techniques d’autodéfense leur permettant de pouvoir se défendre et d’aider, le cas échéant, tout membre de la communauté en difficulté ».
Les militants, pratiquent notamment le krav maga, technique d’autodéfense de l’armée israélienne.
En 2002, une dizaine de jeunes hommes sont arrêtés, porteurs d’armes blanches et de battes de base-ball, en marge d’une manifestation du CRIF au cours de laquelle un commissaire de police est grièvement blessé. Le 30 décembre 2003, des étudiants d’une association pro-palestinienne sont attaqués au sein même du tribunal administratif de Paris par leurs militants.
Officiellement, la LDJ est autodissoute, en 2003, ne l’empêche pas de poursuivre son activité. En 2009, deux lycéens d’origine maghrébine du prestigieux établissement Janson-desailly, dans le XVIe arrondissement de la capitale, sont roués de coups lorsqu’ils refusent des tracts de la LDJ. La même année, une librairie qui soutenait la cause palestinienne est saccagée par des militants proches de la ligue. En 2011, une vingtaine de militants attaquent un cinéma parisien qui projette un film sur les exactions israéliennes à Gaza. La LDJ s’en est également prise à Stéphane Hessel ou à l’écrivain Jacob Cohen.
La LDJ sur les réseaux sociaux
Outre les violences physiques, la LDJ développe une activité militante sur Internet. Dès 2001, le site Cpiaj (comité pour une information authentiquement juive), qui déverse caricature et pamphlets anti-Arabes, mais aussi contre certaines personnalités de confession juive qualifiées de « vermines » pour leurs positions, sont fermées suite à une série de plaintes.
Cet aspect de l’activité de la LDJ ne va faire que s’amplifier au fil du temps. Il suffit d’aller sur la page Facebook de l’organisation pour lire des posts et des commentaires truffés de fautes d’orthographe qui qualifient les musulmans de « rats », de « racaille maghrébine » et autres propos injurieux.
Pourquoi une organisation classée terroriste aux Etats-Unis et interdite en Israël est autorisée en France ?
Si la France n’a pas interdit la LDJ, ce n’est pas le cas, on l’a vu, des États-Unis, où la Jewish Défense Ligue (JDL) est classée comme organisation terroriste et que la Ligue est également interdite en Israël. De nombreuses organisations antiracistes, comme le MRAP, mais également des associations juives françaises demandent maintenant l’interdiction de la LDJ, comme l’Union juive française pour la paix. Le député communiste Jean-Jacques Candelier à lui aussi avait demandé la dissolution de la LDJ, suite à l’affaire de la rue de la Roquette.
FTU