Après les attentats du 11 septembre, la Turquie est devenue un allié important des États-Unis, la Turquie a été brandie par les États-Unis comme modèle entre une combinaison de l’Islam et de la démocratie.
Mais ces dernières années, les choses ont changées et les relations sont devenues plus tendues.
L’ambiance a commencé à changer à partir de 2013, lorsque l’administration Obama a eu une vision négative de la répression d’Erdoğan contre les manifestations du parc Gezi, que les États-Unis soutenaient via des ONG dit « démocratie », notamment par la Nationale Endowment for Democracy (NED). Depuis, les choses ne se sont jamais complètement rétablies. Les États-Unis refusent depuis plus de deux ans de coopérer avec la Turquie pour extrader le leader religieux exilé Fethullah Gülen, responsable du coup d’État manqué contre Erdoğan le 15 juillet 2016.
En 2017, la Turquie a également arrêté et convoqué un membre du personnel du consulat américain faisant partie de l’organisation «terroriste» de Gulen; les pays ont également brièvement suspendu tous les services de visa non immigrant pour les voyages.
Donald Trump, l’enfant gâté
Puis vint la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv. Un vote de l’ONU pour condamner la décision a vu les États-Unis humiliés par la communauté internationale. En effet le président Erdoğan a vu la Turquie jouer un rôle important en mobilisant l’Organisation de la coopération islamique et l’assemblée générale des Nations unies pour voter contre la volonté de Trump.
La relation turco-américaine est également tendue sur d’autres fronts. La Turquie a clairement l’intention d’étendre son influence au Moyen-Orient et au-delà, non seulement en établissant des bases militaires en Somalie et au Qatar. En effet la Turquie a soutenu le Qatar dans son différend avec l’allié arabe le plus puissant des États-Unis, l’Arabie Saoudite.
Les États-Unis utilisent les terroristes du YPG comme des mercenaires
Les États-Unis et la Turquie s’étaient depuis longtemps engagés dans la lutte contre les groupes terroristes, avec pour cible principale Daesh. Mais en ce qui concerne la Turquie, Daesh n’est qu’un groupe terroriste comme d’autres; Il est essentiel de coopérer sur toutes les organisations terroristes qui menacent la sécurité, parmi lesquelles le Partiya Karkerên Kurdistan (PKK) et sa branche syrienne Yekîneyên Parastina Gel (YPG) à l’intérieur et au-delà des frontières turques.
Les États-Unis adoptent une opinion différente. Ils sont réticents à cesser leur soutien au groupe terroriste du YPG auquel elle fournit des armes pour soi-disant pour combattre Daesh. En réalité ces armes ont été données au groupe YPG pour les soutenir dans leur projet d’un gouvernement autonome dans le nord de la Syrie. La Turquie estime qu’une partie l’équipement militaire transféré au YPG finira par être entre les mains du PKK, reconnu comme une organisation terroriste par la Turquie, l’UE et les États-Unis.
C’est devenu un sérieux point de blocage, et cela ne fait qu’empirer. Les États-Unis viennent d’annoncer qu’ils allaient construire une nouvelle force de sécurité frontalière de 30 000 hommes en recrutant les membres du YPG afin de les mettre le long des frontières de la Syrie/Irak et la Turquie. Cela agace fortement la Turquie que les États-Unis soutiennent l’établissement, à la frontière turque, d’un groupe terroriste, une perspective qu’Ankara ne peut tout simplement pas accepter.
La Turquie se tourne vers un allié qui respecte ces sensibilités
Pour rendre les choses plus compliquées, les États-Unis et la Turquie ont des divergences sur la Syrie. Alors que les États-Unis se sont concentrés sur la défaite de Daesh, la création d’un Kurdistan Syrien et l’obstruction à l’expansionnisme iranien pour faire plaisir à Israël, la Turquie a cherché à maintenir l’intégrité de la Syrie, en travaillant plus étroitement avec la Russie et l’Iran. Ce sont la Turquie, la Russie et l’Iran qui ont lancé le processus de paix en cours à Astana, qui a établi des «zones de désescalade» pour au moins essayer de limiter le conflit syrien.
Cette alliance tripartite n’est pas sans problème. Si la Russie et la Turquie doivent consolider leurs relations, elles doivent travailler plus dur pour harmoniser leurs positions, en particulier sur le rôle du YPG et l’avenir d’Assad. Et pour le moment la Russie respecte les sensibilités de la Turquie, ce qui semble permettre à la Turquie de lancer des attaques aériennes et terrestres contre Afrin sans être contestée.
Pendant tout ce temps, les États-Unis sont effectivement marginalisés, hors-jeu dans les négociations syriennes, et leur politique étrangère de plus en plus incohérente en fait un partenaire peu fiable.
FTU