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Levothyrox : scandale sanitaire ?

Le Levothyrox est un médicament sous forme de comprimé destiné à corriger l’hypothyroïdie, liée à l’insuffisance de production d’hormones par la glande thyroïde ou à son absence. Il permet aussi de freiner la sécrétion de TSH, une hormone qui stimule la thyroïde.

 

En France, cette hormone de synthèse est prescrite à 3 millions de patients, dont 80 % de femmes. Le traitement est quotidien et doit être pris à vie par les personnes ayant subi une ablation de la thyroïde. Le laboratoire Merck a mis sur le marché à la fin de mars 2017 une nouvelle formule du Levothyrox. Mais des milliers de témoignages de patients sont apparus progressivement sur des forums et dans la presse, évoquant des effets secondaires épouvantables.

 

Une quarantaine de patients souffrant des effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox, ont intenté une action en justice en demandant à celle-ci d’ordonner au laboratoire Merck de leur fournir en urgence l’ancienne formule du médicament. La décision du Tribunal de grande instance (TGI) de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) a condamné le 14 novembre le laboratoire pharmaceutique Merck à fournir « par le biais des circuits de distribution et de commercialisation, sans délai, la produite ancienne formule » du Levothyrox à des patients de Haute-Garonne qui l’ont réclamé. Le laboratoire Merck a promis de faire rapatrier plusieurs boîtes du reste de l’Europe vers la France mais insuffisant pour les malades.

 

Nell Gaudry, porte-parole de l’AFMT (Association française des malades de la thyroïde) à Paris, a interpellé la ministre de la Santé Agnès Buzyn, mardi 26 décembre sur franceinfo, concernant le Levothyrox. Selon elle, ce « serait bien et honnête » que la ministre déclare que les effets secondaires provoqués par la nouvelle formule du médicament contre les troubles de la thyroïde représentent « un scandale sanitaire ».

 

 

Pourquoi le laboratoire Merck change de formule ?

Lorsque l’on recherche la raison profonde du changement de formule qui, apparemment pose des problèmes que le laboratoire refuse d’entendre, on se rend compte que le brevet de l’ancienne formule a été déposé en 1999. Et publié en 2001. Ce qui fait qu’en 2019 ce brevet tombe dans le domaine public. Adieu royalties pour Merck donc il était urgent de trouver une nouvelle formule, de façon à pouvoir déposer un nouveau brevet qui protégera le nouveau produit pour 20 ans.

 

Tout le reste des autres arguments avancés, stabilité, etc. ne sont que des mensonges destinés à masquer la sombre réalité mercantile. Que les patients en fassent les frais n’a aucune importance pour le laboratoire Merck. Ceux qui l’intéressent ce sont les « clients » or si le brevet tombe dans le domaine public, fini les profits.

 

Le même « phénomène » s’était déjà produit lors de l’introduction de l’ancienne formule du LEVOTHYROX, qui « remplaçait » l’EUTHYRAL, « plus commercialisé » selon les médecins prescripteurs au début des années 2000. Alors qu’il l’est toujours, mais comme le brevet est tombé dans le domaine public après 20 ans, il n’était plus financièrement intéressant pour le labo de continuer à le produire. Il a donc bien fallu retrouver un nouvel équilibre thyroïdien avec le nouveau produit, tout comme aujourd’hui.

 

L’avocat toulousain Jacques Lévy a assigné le 21 décembre 2017 devant le tribunal de Toulouse en référé le laboratoire Merck. Il demande à la justice qu’elle contraigne sous astreinte le laboratoire à remettre à la disposition des patients l’ancienne formule du Lévothyrox. Le juge rendra sa décision le 11 janvier 2018.

 

FTU

Source; franceinfo, le Monde

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