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Erdogan : porte-drapeau pour une alliance musulmane?

Erdogan, président de la république de Turquie cherche à diriger la réponse musulmane concernant la situation de Jérusalem. Le président Recep Tayyip Erdogan a avait déjà décrit le déplacement de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem comme une «ligne rouge» pour les musulmans.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, tente de répondre à la décision américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, appelant les dirigeants étrangers à renforcer leur soutien avant la réunion du 13 décembre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Erdogan a déclaré aux présidents azerbaïdjanais, kazakh et libanais que la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël conduirait à davantage de violence et d’instabilité au Moyen-Orient.

Il a ajouté que Jérusalem-Est devait être reconnue comme la capitale d’un État palestinien souverain.

Le chef de la Turquie cherche à mener la réaction islamique à la déclaration américaine sur Jérusalem, mais il est incertain qu’il puisse coordonner une réponse significative parmi des nations musulmanes souvent désunies.

Erdogan, leader de la cause palestinienne, a exprimé de façon ferme sa colère contre la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël avant même qu’elle ne soit officiellement annoncée.

Trump ne tenant pas compte de ses avertissements, le président turc a utilisé son poste de président en exercice de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour convoquer un sommet extraordinaire le 13 décembre qui aura lieu à Istanbul.

Ziya Meral, membre du Centre d’analyse historique et de recherche sur les conflits de l’armée britannique, note que M. Erdogan avait parlé à des alliés musulmans et à des dirigeants non islamiques et déclare ;

« Il cherche à obtenir une réponse internationale mais ce que la Turquie peut faire concrètement est loin d’être gagné et les réponses des pro-israéliens sont des risques pour Erdogan et la Turquie ».

Exacerber le malaise

La Turquie a accepté en 2016 de reprendre ses relations diplomatiques avec Israël après la crise déclenchée par l’attaque mortelle israélienne d’un navire turc d’aide humanitaire cherchant à briser le blocus de Gaza en 2010.

La coopération a repris, et plus significativement dans l’énergie. Mais Erdogan a rarement suscité beaucoup d’enthousiasme en public pour les liens avec Israël.

Erdogan avait fait sensation auprès du monde musulman lors de son départ célèbre d’un débat tenu à Davos en janvier 2009 avec le président israélien de l’époque, Shimon Peres, se plaignant de ne pas avoir eu le temps de répondre et de répéter « One minute! ».

Le dirigeant turc a laissé de côté les subtilités diplomatiques en avertissant son homologue américain des dangers de sa déclaration, « Hey Trump, que veux-tu faire ? Quelle sorte d’approche est-ce ? Les dirigeants de ce monde ne doivent pas chercher à créer querelles mais la paix ! »

Bulent Aliriza, directeur the Turkey Project at The Center for Strategic and International Studies, a déclaré qu’il n’était pas certain que la forte réaction d’Erdogan puisse avoir un impact sur Trump.

« Ce qui est clair, c’est que la question de Jérusalem va inévitablement exacerber le malaise dans la relation américano-turque, qui était déjà très tendue ».

L’arrivée de Trump en tant que leader américain a été accueillie favorablement par Ankara, mais les relations ont connu de nouveaux problèmes en raison de conflits concernant le soutien des États-Unis au groupe terroriste YPG, branche Syrienne du PKK en Syrie et une suspension mutuelle des visas.

Porte-drapeau pour une alliance musulmane ?

L’OCI est une organisation fondée en 1969 après l’incendie criminelle de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, et coïncidence c’est encore le statut de Jérusalem et donc d’Al-Aqsa qui devrait démontrer si Erdogan est vraiment le leader mondial musulman.

Mais on ne sait pas s’il sera en mesure d’unir les 57 membres, y compris des ennemis jurés comme l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite.

Ofer Zalzberg et Nathan Thrall, les analystes de l’International Crisis Group (ICG) ont déclaré ;

« La Turquie … cherchera un rôle de premier plan dans la coordination d’une réaction musulmane face à la décision américaine ».

Mais il n’est pas sûr que les dirigeants du Golfe, d’Égypte et d’autres qui suivent leur maitre « l’Arabie Saoudite » pro-américaine et pro-israélienne refusent de sacrifier leurs bonnes relations.

Si Erdogan veut réussir il devra convaincre le président égyptien Abdel Fattah al-sisi (une bête noire d’Erdogan) et le puissant prince héritier Mohammed ben Salman (MBS) de l’Arabie Saoudite.

En cas d’échec Erdogan devra se retourner vers d’autres alliés. Cette fois-ci vers des états non musulmans comme la Russie, la Chine, le Canada et l’Union Européenne.

FTU