En visite en Birmanie depuis lundi, pays accusé d’«épuration ethnique » par la communauté internationale, le génocide qui a rencontré la dirigeante Aung San Suu Kyi, s’est gardé de prononcer le terme de Rohingya.
Le pape n’avait pourtant pas hésité à dénoncer à plusieurs reprises le traitement réservé à ceux qu’il appelait ses « frères Rohingyas », mais face à Aung San Suu Kyi, celui-ci s’est dégonflé comme ballon de baudruche. En effet le mot Rohingya désignant la minorité musulmane persécutée par l’armée birmane. Le souverain pontife ne souhaitait pas froisser la communauté birmane à majorité bouddhiste, pour qui le mot «Rohingya » est tabou.
En lieu et place, le pape, dans un discours prononcé devant les autorités civiles du pays dans la capitale de Naypyidaw sur un «engagement pour la justice » et un «respect des droits de l’homme », pour son deuxième jour en Birmanie.
La communauté musulmane est outrée du comportement du Pape durant sa visite. Le comportement du pape aujourd’hui n’est guère différent de l’un de ses prédécesseurs Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale.
De 1940 à 1941 : Le pape Pie XII n’avait alors pas voulu rendre publiques des condamnations qui risqueraient de provoquer des réactions nazies. Pie XII ne souhaitait pas condamner publiquement les persécutions et avait d’abord laissé approuver le statut des lois antijuives de Pétain, prononce des condamnations, mais ne les rend publiques que très partiellement, sous la pression alliée.
En 1942 : surveillé par Mussolini, voulant conserver sa neutralité, le pape est informé des déportations et s’exprime avec prudence et se refuse à prendre parti.
En 1943 : Pie XII s’oppose aux bombardements alliés et proteste même contre le jet de tracts sur Rome par l’aviation britannique, il va même déclarer que certains atterrissages violent la neutralité du Vatican.
Fin août 1944: Pie XII lance un appel aux Londoniens et aux Anglais « pour les inviter au pardon des injures et leur demander de ne pas se venger de l’Allemagne des maux que celle-ci leur a infligés »
Après près de 80 ans, l’attitude de du Vatican envers les persécutions et génocide n’a pas changé. Il faudra attendre donc d’attendre une vingtaine d’années pour qu’encore une fois un autre pape demande pardon, pour son silence.
FTU