Le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, vendredi, que les forces armées turques se sont retirées des exercices militaires de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Norvège.
Le chef de l’Etat turc s’exprimait, vendredi, lors de la réunion des présidents des fédérations de provinces du Parti de la Justice et du Développement (AK Parti) dans la capitale Ankara.
Dans son intervention, Erdogan est longuement revenu sur la situation en Syrie et en Irak, dénonçant entre autres la politique adoptée par les Etats-Unis dans la région.
Auparavant, il a fait une annonce importante concernant des manœuvres militaires des pays de l’OTAN en Norvège.
« Hier jeudi, en Norvège, lors des tirs dans le cadre d’exercices militaires de l’OTAN, un tableau, avec le portrait d’Ataturk et mon nom inscrit sur le côté, a été présenté comme une cible ennemie. Une fois l’information parvenue, nous avons discuté avec le chef d’état-major de nos armées et nous avons décidé de retirer nos 40 soldats qui participaient aux exercices. Comment peuvent-ils parler d’alliance et d’alliés ? », a-t-il sévèrement dénoncé.
Il a, ensuite, fait le lien avec la politique américaine en Syrie et le soutien apporté à l’organisation terroriste du PYD/YPG, sous couvert de la lutte contre Daech.
Erdogan a réitéré sa condamnation de l’accord conclu entre le PYD/YPG et Daech, qui permet aux combattants de Daech de quitter librement, tout en préservant leurs armes la ville de Raqqa, le tout, au vu et au su des des Etats-Unis qui affirment « respecter » cet accord.
Le président turc a affirmé que l’objectif du PYD/YPG n’est pas de combattre Daech mais plutôt d’étendre son contrôle à d’autres régions du territoire syrien.
Dans le même ordre d’idées, Erdogan a estimé, sans les nommer, que les Etats-Unis instrumentalisent la lutte contre Daech pour « afficher librement leur animosité à l’Islam ».
« Ceux qui ont inventé Daech sont ceux-la mêmes qui ont créé le PYD. Ceux qui ont fait monter le PYD au firmament sont ceux-la mêmes qui ont convaincu le Nord de l’Irak d’organiser un référendum d’indépendance illégitime afin de déstabiliser l’Irak. Il ne faut pas non plus oublier que ces forces continuent de protéger et de nourrir l’organisation terroriste FETO », a-t-il lancé.
Et Erdogan de poursuivre : « Le non-respect de la majorité des promesses faites par les Etats-Unis depuis le début de la crise en Syrie est une véritable déception pour nous ».
« Nous ne voulons pas nous retrouver dans la même situation à Afrin. Ce sont des questions qui devraient être aisément réglées entre alliés mais les Américains s’obstinent et s’enferment dans une impasse. C’est la même chose pour Raqqa, Manbij et Deir ez-Zor », a-t-il affirmé.
Le président turc a également soulevé la question de la présence de soldats américains en Syrie et celle de la construction de plusieurs bases militaires dans ce pays.
« Les Etats-Unis comptent 5 bases aériennes dans le nord de la Syrie et huit autres bases militaires en Syrie. Ils en construisent une autre à Raqqa. Que faites-vous en Syrie, à 12 mille km de chez vous, avec ces 14 bases ? », s’est-il interrogé.
Il a également rappelé la détermination de la Turquie à lutter sans relâche contre le terrorisme qui la menace.
« Notre lutte contre le terrorisme se poursuivra jusqu’à ce que le dernier terroriste soit éliminé. Nous ne ferons preuve d’aucune pitié à l’endroit de ceux qui pointeraient leurs armes contre la Turquie ou contre notre peuple », a-t-il dit.
Dans ce contexte, le chef de l’Etat turc a souligné l’importance que revêt la coopération avec la Russie et l’Iran sur la Syrie.
« Nous sommes dans l’obligation de nettoyer Afrin en Syrie de la présence de l’organisation terroriste du PYD/YPG. Si nous ne nous sommes déployés dans la région d’Idleb en tant que force dominante, alors, des groupes terroristes chercheront à occuper ces territoires », a-t-il expliqué, faisant référence aux accords d’Astana pour l’aménagement de zones de désescalade dans plusieurs régions de Syrie.
Le 22 novembre prochain, les leaders de ces trois pays se réuniront à Sotchi en Russie pour un nouveau sommet crucial pour l’avenir de la Syrie.
Source AA