Le directeur artistique de Chanel était l’invité de Thierry Hardison dans son émission « Salue les Terriennes ! ». Interrogé par le présentateur au sujet d’un dessin qu’il a publié dans un journal allemand, sur lequel Hitler dit à Angela Merkel,
« Merci d’avoir par inadvertance permis à mes descendants d’être représentés au Parlement. »
Une référence a l’extrême droite allemande, l’AfD, qui est devenue la troisième force politique, avec 12,6 % des voix et 94 élus, lors des élections législatives de septembre.
Lagerfeld fait un lien de cause à effet entre l’accueil massif de réfugiés décidés par Angela Merkel et la montée du vote d’extrême droite, il estime que la chancelière avait fait une erreur:
« Elle n’avait pas besoin de se taper un million en plus pour se donner une image charmante après l’image de marâtre qu’elle s’était donnée dans l’histoire de la crise grecque », estime-t-il.
Karl Lagerfeld enchaine « mais là, je vais dire une horreur » et poursuis « On ne peut pas tuer des millions de juifs pour faire venir des millions de leurs pires ennemis après. »
Et d’illustrer son raisonnement il raconte que lui Karl Lagerfeld, le grand couturier avait une connaissance qui aurait accueilli un Syrien chez elle et qu’elle l’aurait foutu dehors car ce dernier lui aurait dit « finalement, la meilleure invention de l’Allemagne, c’est l’Holocauste ».
Bien sur, après ces propos horribles, les réseaux sociaux étaient en ébullition. Les internautes étaient en colère et certains n’hésitèrent pas à remplir le formulaire du CSA pour les propos tenus durant l’émission.
Karl Lagerfeld, aurait sans doute mieux se taire et de se connoter à ce qu’il sait faire, dessiner des robes sur des feuilles A4. Non, monsieur à préférer jouer le rôle d’un chroniqueur politique ou celui d’un historien spécialiser sur la seconde mondiale.
Ce que Lagerfeld ne sait pas c’est qu’il y a plus de 70 ans, des millions de soldats du Tiers Monde ont contribué significativement à libérer le monde du fascisme européen, les hommes des quatre continents étaient volontaires ou recrutés de force par les armées coloniales.
En 1933, des intellectuels, artistes et scientifiques allemands et autrichiens fuyant l’oppression nazie pour des raisons raciales, politiques ou idéologiques, trouvent refuge en Turquie.
Dans son rapport paru dans le livre Exil sous le croissant et l’étoile, Herbert Scurla, haut dignitaire nazi en mission à Ankara et à Istanbul en 1937 et en 1939, cherche à discréditer les intellectuels allemands réfugiés auprès des Turcs, les traitant d’« Emigrantenbande »(clique d’émigrés).
Il classe les émigrés allemands en Vollarier, Nichtarier, Mischling, Volljude (Juif intégral), hochgradiger Freimaurer(franc-maçon de la pire espèce).
Les nazis retirent les passeports des exilés et annulent leur nationalité pour des raisons idéologiques et raciales. Scurla pense que ces Haymatloz, Heimatlos, (apatrides), n’auront plus leur place en Turquie, mais il sous-estime l’indépendance politique voulue par la Turquie d’Atatürk.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie est neutre et en Turquie tous les citoyens sont égaux. Istanbul est l’une des places les mieux informées sur le massacre des Juifs. Les Juifs de cette période sont comme les Syriens d’aujourd’hui des réfugiés se sauvant de la guerre, des réfugiés transitant par la Turquie. Les Juifs de cette période avaient besoin; d’un passeport, un visa de transit turc, un visa pour la Syrie qui dépendait de la France et un certificat palestinien accordé par la Grande-Bretagne. L’Agence juive (The Jewish Agence for Palestine) en Turquie avec Haim Barlas et Marianne Laqueur, venait en aide aux réfugiés.
La Grande-Bretagne refuse que la Turquie autorise les réfugiés à entrer en Turquie car elle est un pont vers la Palestine, elle accorde des visas de transit. La Grande-Bretagne craignant de provoquer les Arabes (les Arabes qu’elle avait poussés à la révolte contre l’Empire Ottoman, Première Guerre mondiale), limite la délivrance de certificats palestiniens à un quota de 75 000 sur cinq ans selon le « Livre blanc » de 1939. Les Britanniques renvoient les gens sans certificat ou les internent à Chypre, à l’île Maurice ou en Palestine.
Il est donc bon de rappeler à monsieur Lagerfeld que les réfugiés juifs de la Seconde Guerre mondiale ne guère différents des réfugiés syriens d’aujourd’hui. Et que des millions de musulmans d’Afrique du Nord sont venus en Europe délivré les Juifs du nazisme, en étant en première ligne dans les combats. Les musulmans ne sont pas les ennemis des Juifs, et les Juifs ne sont pas les ennemis des musulmans. Celui qui voudrait créer la zizanie entre religions serait le plus méprisable de ceux qu’il voudrait représenter.
FTU
Sources:
- cité in LEWIS Bernard, Juifs en terre d’Islam, Flammarion, coll. « Champs », 1989
- « Scurla fait savoir à ses supérieurs que la Turquie ne voulait d’aucun universitaire allemand qui occupât des fonctions au sein du parti national-socialiste »…Exil sous le croissant et l’étoile, p 29
- Un traité de non-agression est signé à Ankara entre l’Allemagne nazie et la Turquie le 18 juin 1941, par l’ambassadeur d’Allemagne en Turquie, Franz von Papen, et le ministre des Affaires étrangères de Turquie, Şükrü Saracoğlu.