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Les incohérences françaises et la lutte contre le terrorisme

L’apologie du terrorisme est le fait de présenter publiquement sous un jour favorable, des actes terroristes ou ceux qui les ont commis, et ce quel que soit le groupe terroriste désigné dans le pays dans lequel ces actes sont commis. On ne peut en effet que se réjouir que la France ne tolère pas ce genre de publications et bien entendu le contraire serait inacceptable. Pourtant, certaines contradictions méritent d’être éclaircies, s’agissant notamment des déclarations de nos politiques et leur interprétation à géométrie variable de la législation sur le sujet.

La Turquie protège ses citoyens

Depuis quelques années, la Turquie est accusée de dérive autoritaire et certains s’avancent même à utiliser le terme de dictature ou attisent encore davantage le sentiment turcophobe en parlant de « régime islamiste » s’agissant du gouvernement de l’AKP, parti au pouvoir.

Mais que reproche-t-on exactement au Président Erdogan qui dirige le pays de l’OCDE le plus touché par le terrorisme depuis 2002, et dont le pays a été attaqué par des F16 et des tanks le 15 juillet 2016, tuant des centaines de civils et des milliers de blessés ?

On lui reproche de mener une politique sécuritaire contre le terrorisme extérieur et intérieur comme Daesh ou le PKK et de « nettoyer » les réseaux gülenistes de l’organisation FETÖ. Le réseau Gülen a infiltré les plus hautes administrations d’Etat ainsi que les médias et la Justice entrainant une politique de « purge » qui semble déplaire à certains.

Il est important de rappeler que les attentats liés à l’organisation terroristes séparatiste kurde du PKK ont fait plus de 40 000 morts et des milliers de blessés depuis 40 ans. Rien que depuis juillet 2015, c’est plus de 1500 morts liés au terrorisme du PKK, tant dans les forces de police et militaires que les civils .

Le PKK est reconnue organisation terroriste par la Turquie mais aussi par les européens et les américains. Pourtant, systématiquement, les médias français parlent « du mouvement séparatiste kurde reconnue terroriste par Ankara ». Le fait d’occulter volontairement la partie Union Européenne et américaine ou le Canada (entre autres) montre le biais journalistique de ces médias.

D’autre part, le coup d’état du 15 juillet 2016 a marqué les esprits car le peuple Turc s’est dressé devant des chars de combat et s’est levé face aux militaires contrairement aux précédents coups d’Etat réussis.

Malheureusement, on peut déplorer que les images de cette nuit n’aient été que bien peu voire pas du tout diffusées par la plupart des médias français et européens. Dans le même temps l’Europe et les USA n’ont soutenu que bien tardivement le Président Erdogan, ciblé par ailleurs par des militaires qui ont tenté de l’assassiner. Il échappera de peu à cette tentative d’assassinat. Pouvez-vous imaginer les conséquences sécuritaires si c’est en France que c’était arrivé ?

La confrérie Gülen alliée de l’AKParti à l’époque, a infiltré tous les appareils de l’état. Peut-être que pour les médias français, ce point semble anodin mais pour les Turcs y compris les plus laïcs et les plus hostiles à Erdogan, tous savent que cette confrérie a littéralement investi la justice, l’armée, la police et toutes les administrations. Il ne s’agissait pas de quelques centaines de personnes mais des dizaines de milliers de partisans attachés à un gourou au point de sacrifier leur vie si nécessaire.

Mais lorsqu’Erdogan a commencé à comprendre ce qui se tramait derrière lui, avec l’affaire dite de MIT-Hakan Fidan, il a immédiatement mis fin à ces agissements. Hakan Fidan était alors à la tête des renseignements turcs. Il est l’homme de confiance d’Erdogan et la confrérie voulait sa tête.

C’est justement parce qu’Erdogan a décidé d’en finir avec les gülenistes dès 2012, que ceux-ci ont révélés des pseudos audios de corruption.

Alors que le nettoyage au sein de la police avait abouti, les gülenistes ont décidé d’agir et d’organiser un coup d’état. Sans le comportement héroïque du peuple turc, aujourd’hui, la Turquie serait dirigée probablement par un pseudo imam, le prédicateur Fethullah Gülen.

Après une telle violence, que pouvait faire le gouvernement à part purger immédiatement tous les partisans de ce gourou qui s’est enfui et réfugié aux Etats-Unis ?  La France qui a subi un attentat perpétré par un individu sans papier veut désormais exclure tous les sans-papiers mais la Turquie devrait continuer à payer ses fonctionnaires putschistes, ennemis de l’Etat dans l’Etat ? Le Gouvernement français a bien récemment limogé des agents de la DGSI impliqué dans une affaire d’espionnage avec une puissance étrangère.

Les pays sont menacés, les groupes terroristes obtiennent de plus en plus d’armes sophistiquées et s’attaquent à l’intégrité du pays et à la sécurité des citoyens. Les occidentaux agissent mais critiquent la Turquie d’avoir su prendre les mesures nécessaires avant eux ? Le rôle de l’état est de protégé ses citoyens comme l’a rappelé Emmanuel Macron.  La Turquie a compris cela bien avant et a fait le nécessaire pour empêcher de nombreuses tentatives d’attentat.

Les groupes terroristes en France

Par ailleurs, Gerard Collomb, notre ministre de l’intérieur s’est félicité d’une nouvelle décision au sommet du G7. Ainsi, toutes les publications faisant l’apologie du terrorisme seront supprimées en moins de 2 heures a-t-il promis.

 

 

Mais, le comble de cette histoire, à l’heure où il annonçait cette décision, des groupes liés à l’organisation terroriste du PKK organisaient plusieurs manifestations dans toutes la France et l’Europe.

Quelques jours plutôt, ces mêmes terroristes avaient pris d’assaut le siège de l’AFP à Paris, lui reprochant sa ligne éditoriale sur leur leader, le terroriste Ocalan emprisonné en Turquie.

Donc, les citoyens d’origine turque mais aussi beaucoup de français se posent les questions suivantes :

  • Alors que nous sommes en état d’urgence, plusieurs manifestations avaient été interdites. Comment se fait-il que des individus aient pu envahir le bâtiment d’une agence de presse ?
  • Bien que reconnue comme organisation terroriste, comment les membres du PKK peuvent-il manifester, afficher ostensiblement le portrait d’un terroriste en plein Paris ?
  • La lutte contre le radicalisme est dans la bouche de tous les médias et nos politiques. Pour autant, est-ce que le radicalisme est le seul fait des musulmans ?

Les relations entre les états et certains groupes sont complexes certes. Comme on le voit dans le nord de l’Irak, les kurdes ont été utilisés et abandonnés. Plusieurs manifestations anti-occidentales se sont déroulées dans cette région. Mais la question la plus importante est la suivante :

Le gouvernement tente d’effacer la trace de Daesh sur les réseaux et c’est très bien, mais il devrait en être de même pour tous les groupes terroristes et ceux qui font leur apologie.  Car laisser le PKK se mouvoir en toute impunité dans nos rues, c’est une vraie gifle et un affront à la douleur des citoyens d’origine Turque en France.

Monsieur le Ministre va-t-il enfin agir et réaliser la gravité de la situation et de cette contradiction afin de faire cesser immédiatement les agissements de ces soutiens au terrorisme ?

Car, à n’en pas douter, ils mènent leur activité de financement du terrorisme en Europe et sur notre territoire français. https://www.rtl.be/info/video/624932.aspx

C’est toute la crédibilité du gouvernement mais aussi de la République qui est en jeu.  

Fatih KARAKAYA