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Afrique subsaharienne : Il y a 57 ans, ces pays étaient encore « français »

Quatorze sur 17 pays africains ont accédé à l’Indépendance en 1960.

Beaucoup de mélomanes africains ont dansé sur le titre «Indépendance Cha Cha » chanté pour la première fois le 30 juin 1960 par le groupe « Grand Kallé et l’African Jazz » pour célébrer l’Indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), ancien Congo belge.

Depuis, chaque année, de nombreuses stations de radio africaines diffusent encore cette chanson, surtout au mois d’août durant lequel de nombreux pays célèbrent la proclamation de leur Indépendance.

En 1960, sur 17 pays africains ayant accédé à l’Indépendance, 14 se sont libérés du joug de l’ancienne puissance coloniale française.

Voici dans ce qui suit, les pays de l’Afrique subsaharienne qui ont accédé à l’Indépendance, souvent résultat d’un long processus entamé une quinzaine d’années plus tôt dans le tumulte de la Seconde Guerre mondiale.

Cameroun – 1er janvier.

Ancienne colonie allemande partagée en 1918 entre la France et le Royaume-Uni, le Cameroun a acquis son indépendance grâce à des mouvements de lutte armée. Moins d’un an après que l’ONU a annoncé la levée de la tutelle française, le pays proclame son indépendance. L’année suivante, sa partie méridionale, sous tutelle britannique, s’arrime au Nord. Ahmadou Ahidjo devient président de la République, le 5 mai 1960.

« L’Indépendance, comme la liberté, est un bien que l’on conquiert et qui se reconquiert chaque jour, et personne n’est de trop pour la défendre, la fortifier, la préserver de toutes ses forces et de toute son âme. » avait dit Ahmadou Ahidjo le jour de la proclamation de l’indépendance.

Togo- 27 avril.

Tout comme le Cameroun le Togo est une ex-colonie allemande sous mandats français et britannique. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la partie du pays placée sous la tutelle de Paris jouit d’un statut de territoire associé au sein de l’Union française, mise en place en 1946.

En 1956, le pays devient une République autonome à l’issue d’un référendum. Deux plus tard en 1958, la victoire aux législatives du mouvement nationaliste du Comité de l’unité togolaise ouvre la voie à l’indépendance. Elu premier président de la République, Sylvanus Olympio sera abattu en janvier 1963 lors d’un coup d’Etat.

Madagascar – 26 juin.

Territoire d’outre-mer en 1946, le Madagascar devient une république au sein de la Communauté française en 1958. Investi des pouvoirs spéciaux en janvier 1960, le président Philibert Tsiranana réussit à convaincre le général de Gaulle d’accorder la souveraineté totale à Madagascar et devient, par la même occasion, le premier président de la République. Il dirigea son pays d’une main de fer jusqu’en 1972.

RD Congo- 30 juin.

En janvier 1959, sous la houlette de Patrice Lumumba, des émeutes éclatent à Léopoldville, l’actuelle Kinshasa, au Congo belge. Les autorités réunissent à Bruxelles les principaux dirigeants congolais et décident de se retirer du pays, craignant d’avoir à affronter une guerre d’indépendance similaire à celle qui ravage, au même moment, l’Algérie. Le Congo belge prend alors le nom de République démocratique du Congo. Il deviendra momentanément le Zaïre, sous l’ère de Mobutu Sese Seko.

Benin- 1er août.

Le référendum du 28 septembre 1958 proposant le projet de Communauté franco-africaine ouvre la voie à l’indépendance à laquelle le Dahomey accède le 1er août. Le pays prend le nom de Bénin en 1975. Les pouvoirs sont transmis au président Hubert Maga. Depuis l’indépendance, le pays a connu une histoire politique mouvementée. Plusieurs coups d’Etat ont été déjoués. Cependant la stabilité a été retrouvée vers 1990 avec la Conférence souveraine nationale qui a relancé le processus démocratique dans le pays.

Niger- 3 août.

Lors du référendum de 1958, le « Oui De Gaulle » l’emporte et Diori Hamani accède au pouvoir. La République est proclamée le 18 décembre 1958, mais l’indépendance est solennellement déclarée le 3 août 1960. Diori Hamani, premier président du pays, est renversé par un coup d’Etat en 1974. Aujourd’hui le nom de Diori Hamani est associé à la relance de l’économie nigérienne par les tenants du pouvoir actuellement au Niger.

Burkina Faso – 4 août.

Protectorat français, la République de Haute-Volta est proclamée le 11 décembre 1958 dans le cadre de la Communauté française, avant de devenir indépendante le 5 août 1960. En 1984, le pays prend le nom de Burkina Faso, sous la présidence de Thomas Sankara, assassiné en 1987. Aujourd’hui le Burkina Faso renoue avec une nouvelle classe politique au pouvoir depuis l’insurrection qui a emporté le régime de Blaise Compaoré. Ce dernier avait dirigé le pays « Des hommes intègres » pendant 27 ans.

Côte d’Ivoire- 7 août.

À l’issue du référendum de 1958, la Côte d’Ivoire devient une République autonome. En juin 1960, le très francophile Félix Houphouët-Boigny proclame l’indépendance du pays à contrecœur, tout en préservant des liens étroits entre Abidjan et Paris. La Côte d’Ivoire deviendra l’un des pays les plus prospères d’Afrique de l’Ouest.

Tchad – 11 août.

Deux ans après être devenu une république, le Tchad accède à l’indépendance le 11 août 1960. Le Premier ministre d’alors, François Tombalbaye, devient de fait le premier président d’un pays qui sombre rapidement dans une guerre civile opposant le Nord, musulman, au Sud, à majorité chrétienne.

Centrafrique- 13 août.

Sous tutelle française depuis 1905, l’Oubangui-Chari devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958. L’indépendance, proclamée le 13 août 1960, porte à la tête du pays David Dacko, cousin du héros national Barthélémy Boganda. Panafricaniste convaincu, ce dernier œuvra, au sein de l’Afrique équatoriale française qu’il présida pendant deux ans, à l’émancipation du peuple africain avant de mourir dans un accident d’avion, le 29 mars 1959. Un pays instable depuis plusieurs années avec l’avènement de plusieurs groupes armés qui se font la guerre, poussant les populations à des déplacements forcés.

Congo-Brazzaville – 15 août.

Lors du référendum de 1958, les Congolais disent « oui » à la Communauté française par 99 % des suffrages. Le pays devient alors une République autonome. Il a à sa tête l’abbé Fulbert Youlou, Premier ministre. L’année suivante, des combats éclatent à Brazzaville, contraignant l’armée française à intervenir. Le 15 août 1960, le Congo accède à l’indépendance. Fulbert Youlou devient président, poste qu’il quittera en 1963.

Gabon- 17 août.

Critiqué par plusieurs partis d’opposition qui lui reprochent d’avoir renoncé à l’indépendance, le Premier ministre Léon M’Ba se résigne à la proclamer le 17 août. Il aurait préféré que le Gabon devienne un département français, mais doit capituler devant le refus du Général de Gaulle.

Sénégal – Mali- 20 août, 22 septembre.

Les Républiques indépendantes du Sénégal et du Mali naissent sur les cendres de l’éphémère Fédération du Mali – mise en place le 17 janvier 1959 – et qui réunissait le Sénégal et l’ex-Soudan français. Les deux pays auraient dû, initialement, n’en former qu’un, mais à la suite d’importantes divergences entre Léopold Sédar Senghor, le président (sénégalais) de l’Assemblée fédérale, et son Premier ministre (soudanais), Modibo Keita, les autorités de Dakar se retirent de la Fédération et déclarent leur indépendance, le 20 août. Celles de Bamako lui emboîtent le pas, un mois plus tard.

Mauritanie- 28 novembre.

La Mauritanie proclame son indépendance le 28 novembre, malgré l’opposition du Maroc et de la Ligue arabe unie, qui prétendent que le pays fait partie intégrante du royaume chérifien. Le litige perdure jusqu’en 1969, date à laquelle Rabat renonce à ses prétentions sur son voisin méridional. En 1961, la Mauritanie se dote d’une constitution qui instaure un régime présidentiel. Premier ministre depuis 1958, Moktar Ould Daddah devient chef de l’État. Il le restera jusqu’en 1978.

AA

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