Rare sont ceux qui connaissent le destin hors normes de Marie-Thérèse d’Autriche qui a régné pendant 40 ans en tant que roi sur l’actuel Russie. Alors que le pouvoir se transmet en Europe de père en fils, Charles VI, le père de Marie-Thérèse négocia dans le plus grand secret la « Pragmatique sanction » permettant à sa fille de monter sur le trône (en tant que roi puisque les reines n’ont officiellement aucun pouvoir) en cas d’absence d’héritier (de fils) en 1713. La plus grosse crainte de Charles VI se réalisa quand à sa mort il ne laissait aucun héritier à part Marie-Thérèse. En effet, elle n’avait pas été préparée à régner. Elle allait donc prendre le pouvoir dans une circonstance exceptionnelle, faute de mieux (faute d’homme) pour le trône.
Excellant dans les arts, le théâtre, les langues et l’histoire, Marie-Thérèse n’avait cependant aucune connaissance en diplomatie, finance et géographie, les disciplines nécessaires à l’exercice du pouvoir. Toutefois, Marie-Thérèse disposait d’un autre atout, celle d’une mère guerrière, véritable stratège militaire. Elle régna à partir de 1740 (elle à 23 ans à cette date) « en mère de la patrie » et affirma son pouvoir absolu tout au long de son règne. En montrant amour et proximité à son peuple, elle commença par en gagner la confiance. Son règne fut peuplé de défaite et de victoire sans que jamais Marie-Thérèse ne perde sa volonté de garder son pouvoir et sa confiance en elle avec tout le répartie nécessaire pour réussir à s’imposer dans un monde essentiellement masculin. Pour l’exercice de la diplomatie Marie-Thérèse s’entoura de femme à son image, forte et loyale. Travailleuse acharné, elle réforma ses Etats et l’administration de celle-ci d’une main de maître.
Tout cela Marie-Thérèse l’effectua alors qu’elle était constamment enceinte. En effet, elle va mettre au monde 16 enfants et rester jusqu’à la fin une mère aimante et passionnée pour sa famille. Le destin unique de Marie-Thérèse d’Autriche a donc marqué l’histoire et elle reste un formidable témoignage sur la vie et la place des femmes à l’époque des lumières.
Source : Elisabeth Badinter, Le pouvoir au féminin, Marie Thérèse d’Autriche 1717-1780, L’impératrice-reine, Flammarion, 2016.
Keles D.