Après 2 ans de crise sanitaire, la moitié des ménages accueillis par le Secours Catholique-Caritas ne peuvent plus couvrir leurs besoins essentiels, comme l’alimentation, selon son rapport annuel publié ce jeudi 17 novembre.
Le rapport statistique annuel « État de la pauvreté en France 2022″ de Secours Catholique-Caritas met, ainsi, en évidence « les constats et analyses sur la précarité issue de l’observation sur l’ensemble du territoire national de plus de 46 000 situations avec plus 938 000 personnes accueillies par l’association en 2021″.
Par ailleurs, cette année, le rapport a particulièrement étudié « l’impact de la crise de la Covid sur les conditions de vie des ménages les plus fragiles ».
Selon ce rapport, « après deux ans d’épreuves, leur pauvreté s’est aggravée, tandis qu’ils subissent désormais le choc de l’inflation ».
Citant toutes les situations difficiles telles que la crise financière, la crise sanitaire, la guerre aux frontières de l’Europe, l’inflation ainsi que les événements climatiques extrêmes, l’association d’aide aux plus démunis se dit se trouver « dans une ère d’incertitudes multiples ».
Jugeant que « le choc peut être extrêmement douloureux pour celles et ceux qui n’ont aucun coussin d’amortissement », le rapport explique « le cas des personnes aux conditions de vie les plus précaires, qui ont été le plus durement affectés par la crise née de la Covid-19 ».
— 548 euros par mois
Selon ce rapport, « le niveau de vie médian des personnes accueillies par le Secours Catholique en 2021 était de 548 euros, soit la moitié du seuil de pauvreté ». Par ailleurs, « 60% du revenu de ces personnes est absorbé par les dépenses pré-engagés, contre 30% pour l’ensemble de la population », observe encore le rapport.
Constatant que « les femmes seules, en particulier, ont vu leur budget, déjà très contraint, fortement déséquilibré par les pertes de revenus engendrées par la crise sanitaire », le Secours Populaire regrette aussi que « les autres populations tels que les étrangers au statut légal instable, peu ou mal servie par les aides publiques mises en place pour compenser les effets de la crise, voient leurs difficultés accentuées ».
« L’étude du Secours Catholique montre que les politiques publiques ont la capacité de cibler les ménages repérés comme à risque d’être étranglés financièrement ». En clair, le rapport juge « qu’une politique volontariste pourrait éliminer la grande pauvreté dans notre pays ».
Pourtant, selon l’association, « les mesures prises jusque-là ont laissé de côté des populations dont la crise a révélé la grande vulnérabilité ».
— Conseils pour enrayer la pauvreté
Après son constat, le Secours Catholique propose des solutions. Ainsi, il renouvelle son appel à augmenter le pouvoir de vivre des ménages les plus fragiles, tout d’abord en permettant « l’accès à un emploi et un salaire décent ; et un accompagnement de long terme ».
De plus, il recommande « l’augmentation des minima sociaux à hauteur de 40% du revenu médian avec une indexation sur l’inflation et l’accès au RSA, sous conditions de ressources, pour les 18-25 ans et les personnes étrangères dès l’obtention d’un titre de séjour ».
Et enfin, l’ONG espère « une politique active de lutte contre le non-recours aux prestations sociales ».
Cette étude a été menée en partenariat avec des chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’université Paris-Saclay auprès d’un échantillon de près de 9000 ménages accueillis par l’association, avant et durant la crise sanitaire.