La guerre menée par Israël contre les Palestiniens continue de faire ravage depuis plus de 70 ans. Toutefois, la guerre ce ne se fait pas seulement avec des armes mais aussi par les images et la tentative de manipulation de l’opinion publique.
Dans cette guerre, les journalistes ont un énorme travail à effectuer pour démêler la vérité de la propagande. S’il faut reconnaître que chaque camp utilise des images pour attirer l’opinion publique, à ce jeu-là Israël double ses efforts pour redorer son blason tout en diabolisant ceux qu’il considère comme « irrécupérables ».
Ainsi, selon plusieurs articles dans la presse française, Israël met des moyens financiers et humains afin de redorer sa mauvaise image. Le site français d’information, Orient XXI, explique dans son édition du 19 mai 2017 « qu’Israël utilise la Hasbara, nom donné à la propagande d’Etat et son dispositif interministériel de lutte contre la menace de délégitimation d’Israël ». Grâce à ce dispositif politique rattaché directement au Premier ministère, Israël utilise les réseaux sociaux pour mener une contre propagande.
L’Association belgo-palestinienne (ABP) rapporte, dans son bulletin de septembre 2012, que « l’université de Haïfa (…) bénéficie du soutien de l’Union des étudiants, qui offre 2 000$ à des étudiants pour faire, depuis leur chambre, de la hasbara online et qui, avec l’Agence juive, forme et envoie des « missionnaires » de par le monde pour combattre la « délégitimation » d’Israël ».
Manipulation de l’opinion à travers des réseaux
La presse française a commencé à parler du hasbara en 2011 mais depuis, très peu d’articles sont publiés dans les médias mainstream. Prompts à produire des centaines d’articles sur la supposée ingérence de la Turquie, les médias occultent volontairement cette tentative de manipulation de l’opinion par Israël.
D’ailleurs, pendant qu’Israël réprime les Palestiniens à Gaza ou en Cisjordanie, toute la communication et la propagande israélienne aussi bien en interne mais surtout en Occident, consiste et peut se résumer à ceci : « Le Hamas est l’organisation terroriste qui nous attaque. Et donc, Israël, victime, ne fait que se défendre ».
Ce procédé permet, ainsi, de faire oublier la « cause principale du conflit » : colonisation, répression, déportations, apartheid…qui sont le quotidien des Palestiniens depuis la création d’Israël en 1948 soit bien avant la création du Hamas en 1987.
Mais ce qui est frappant, c’est qu’Israël peut aussi compter sur ses réseaux notamment en France. Un récent évènement a, d’ailleurs, démontré cette force de frappe médiatique. Grâce à ses réseaux prosionistes, Israël veut, non seulement diaboliser la Résistance palestinienne en l’accusant de terrorisme, mais aussi minimiser les pertes civiles notamment d’enfants.
Selon ces réseaux, Israël ne tue pas de civils et ne s’attaque qu’aux terroristes et nie ostensiblement les attaques envers les civils alors même que des bâtiments abritant des bureaux de médias internationaux sont détruits par l’armée israélienne. Pour illustrer sa propagande, les partisans de l’Etat sioniste mettent en place une stratégie diabolique.
L’exemple le plus significatif fût la publication, le mercredi 21 mai, d’une photo du jeune français Grégory Villemin assassiné en 1984, dans un tweet faisant croire qu’il était victime d’un bombardement israélien à Gaza par un compte supposé pro-palestinien.
Le compte en question venait d’être crée, n’avait aucun abonné et n’avait rien d’autre comme publication. Evidemment ce genre de compte n’a aucune chance d’être vu par un large public et sa portée est quasiment nulle.
La propagande se met en place grâce à de gros comptes
Pourtant, en un temps record, le tweet se diffuse comme un éclair permettant à des comptes pro-israéliens « de prouver que les enfants victimes n’existent pas puisque les pro-palestiniens utilisent de fausses images ». Il s’agit pour eux de « la preuve irréfutable que le Hamas utilise des fausses informations pour s’attirer les faveurs des citoyens dupés ».
Et pourtant la mise en scène est tellement vulgaire que n’importe quelle personne sensée devait se méfier. Ainsi, comme l’explique le compte « Ed Chirac » dans une longue série de tweets, l’opération a été complètement orchestrée par les pro-israéliens.
En effet, « Ed Chirac » constate que le compte en question, @HouriaTah, a publié la photo du petit Grégory, le 21 mai, en dénonçant la mort d’un certain Ismail Ashur, « noyé par l’armée d’occupation », et la complaisance des « médias sionistes ».
Mais le 26 mai, des personnalités de notoriété publique, connues pour leur engagement en faveur d’Israël reprennent le tweet pour dénoncer « la manipulation du Hamas ». Parmi elles, le premier à s’engager dans cette voie est l’avocat William Goldnadel, accessoirement intervenant sur la chaîne d’information Cnews.
Sur son compte Twitter, il écrit : « Voilà où en est la propagande du Hamas que les médias français achètent argent comptant : Ismail Ashur enfant martyr palestinien imaginaire de la soldatesque israélienne présenté avec la photographie du petit Grégory… »
Aussitôt, d’autres célébrités comme Raphaël Enthoven, Meyer Habib (député français proche de Netanyahu) ou des médias comme la chaîne d’information israélienne I24News reprennent le même tweet avec des textes similaires. I24news publie même un reportage sur le sujet avec son journaliste Matthias Inbar. L’affaire enflamme le réseau social Twitter, notamment la fachosphère et les pro-israéliens et le mot « Grégory » se retrouve dans les tendances du moment.
Malgré l’énormité du mensonge, les pro-israéliens n’ont pris aucune précaution pour déverser leur haine et minimiser les morts du côté palestinien. Pire encore, alors qu’il n’existe aucun lien entre le compte en question et le Hamas, les réseaux sionistes s’empressent de le lier au Mouvement de la résistance palestinienne afin de d’opposer l’opinion publique au « diabolique Hamas ».
La participation des médias
Cette affaire aurait pu être un simple divertissement et n’aurait pas mérité un tel article si des personnalités françaises aussi célèbres n’avaient pas participé à la propagande. De toute évidence, ces personnes sont soit ignorantes à tel point de relayer des informations aussi grossières, dans ce cas on peut douter de leur sérieux dans leur travail, soit elles ont volontairement contribué à la propagation de fakes news, dans ce cas aussi, on peut doublement douter du sérieux de leur travail.
Enfin, ce qui est encore plus frappant dans cette histoire pas banale, c’est le rôle des médias. Ainsi, dans son édition du 27 mai, le journal Le Parisien consacrait un article à cette histoire « du petit Grégory » avec le titre : Comment Grégory Villemin s’est retrouvé mêlé à la guerre des images entre Israël et le Hamas ».
L’article en contenu payant implique une fois de plus le Hamas. Et comme le rappelle le journaliste Taha Bouhafs : « Votre titre est malhonnête, voir même mensonger. Il amène le lecteur à penser que ce sont des pro-palestiniens qui ont créé cette fake news pour accuser Israël. Alors que ce sont des pro-israéliens qui l’ont créé pour accuser les pro-palestiniens de propager des mensonges ».
Effectivement, à cause de ce titre, des internautes qui ont commenté le tweet du journal ont tenu des propos haineux envers les Palestiniens qu’ils ont accusé de propager de fausses informations.
Pourtant, l’entête de l’article accessible gratuitement mentionnait timidement que la propagande a été fabriquée de toute pièce par les pro-israéliens.
En revanche, d’autres personnes sur internet ont continué d’accuser les musulmans en arguant ces « derniers n’avaient aucun humour » puisque « c’était une simple blague ».
Certes la guerre des images fait aussi rage mais force est de constater que comme les armes disproportionnées, les moyens de propagandes aussi sont déséquilibrés. D’ailleurs, le célèbre mannequin d’origine palestinienne, Bella Hadid, en a fait les frais. En effet, ses prises de positions lui ont valu d’être accusée d’antisémitisme dans le journal New York Time. N’est-ce pas une arme de destruction massive ces accusations d’antisémitisme à tout-va?