Deux semaines après la publication d’une tribune inquiétante de militaires français à la retraite, par le magazine « Valeurs Actuelles » au 60e anniversaire d’une tentative de putsch, des militaires d’active ont publié dimanche un nouveau courrier adressé à l’exécutif et faisant de nouveau état, d’une menace de guerre civile en France.
Dans un courrier adressé au Président, au gouvernement et aux parlementaires français, les centaines de militaires signataires, expriment leur approbation et soutien à la tribune connue comme celle « des vingt généraux » et publiée le 21 avril dernier par le magazine français.
Le courrier publié dimanche soir et soumis à l’approbation du public, a recueilli les signatures de plus de 100 000 personnes, civils et militaire inclus, lundi matin à 04 h 45, heure locale.
« Les vieux soldats dont vous avez piétiné l’honneur »
« Nos aînés, ce sont des combattants qui ont mérité qu’on les respecte. Ce sont par exemple les vieux soldats dont vous avez piétiné l’honneur ces dernières semaines. Ce sont ces milliers de serviteurs de la France, signataires d’une tribune de simple bon sens, des soldats qui ont donné leurs plus belles années pour défendre notre liberté, obéissant à vos ordres, pour faire vos guerres ou mettre en œuvre vos restrictions budgétaires, que vous avez salis alors que le peuple de France les soutenait », note la tribune opposant les intérêts du peuple français à ses dirigeants.
« Ces gens qui ont lutté contre tous les ennemis de la France, vous les avez traités de factieux alors que leur seul tort est d’aimer leur pays et de pleurer sa visible déchéance », note encore le courrier exprimant sa colère à la réaction ferme du Gouvernement français au courrier publié le 21 avril par « Valeurs Actuelles ».
« Dans ces conditions, c’est à nous, qui sommes récemment entrés dans la carrière, d’entrer dans l’arène pour avoir simplement l’honneur d’y dire la vérité. », précise la tribune des militaires d’active, opposant leur devoir de sincérité et de véracité, à leur obligation de réserve.
« Nous sommes de ce que les journaux ont nommé « la génération du feu ». Hommes et femmes, militaires en activité, de toutes les armées et de tous les grades, de toutes les sensibilités, nous aimons notre pays. Ce sont nos seuls titres de gloire. Et si nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert, il nous est tout aussi impossible de nous taire », notent les signataires de la récente tribune.
Quelques jours après sa publication, la « tribune des vingt généraux » retraités, avait provoqué la colère du gouvernement, suite au débat public qu’elle continue, encore actuellement, de susciter dans le pays.
La ministre des Armées, Florence Parly avait notamment évoqué des sanctions administratives et judiciaires contre ces militaires tenus à l’obligation de réserve. Ayant obtenu l’approbation et le soutien de la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, la tribune avait suscité l’inquiétude d’autre politiciens, notamment du président de « La France insoumise » (LFI), Jean-Luc Mélenchon.
« L’insurrection civile » et la « survie de votre pays »
Faisant référence à ce qui est qualifié dans la première tribune de la « déchéance » de la France, la tribune des militaires d’active fait état d’une menace d’ »insurrection civile ».
« Car cette déchéance, nous l’avons vue dans bien des pays en crise. Elle précède l’effondrement. Elle annonce le chaos et la violence, et contrairement à ce que vous affirmez ici où là, ce chaos et cette violence ne viendront pas d’un ‘pronunciamento militaire’ mais d’une insurrection civile », précisent les militaires signataires soulignant leur respect à l’ordre institutionnel français et toute absence de volonté de se saisir du pouvoir.
« Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera. C’est même la définition de la guerre civile. Personne ne peut vouloir une situation aussi terrible, nos aînés pas plus que nous, mais oui, de nouveau, la guerre civile couve en France et vous le savez parfaitement », notent encore les auteurs de la tribune, avant de dénoncer ce qu’ils considèrent être les manquements de l’État français.
« Un État failli, qui remplace son impuissance régalienne de plus en plus patente par une tyrannie brutale contre ceux de ses serviteurs qui veulent encore l’avertir », ajoutent les signataires en référence à la réaction du gouvernement français à la première tribune, avant de conclure par un appel à l’action :
Évoquant les récents attentats terroristes ayant coûté la vie à des policiers français, le syndicat « France Police » avait appelé jeudi 6 mai, « au bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée », le syndicat demandant également la constitution de « zones de checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens ».
Selon un article publié samedi, par le « Journal du Dimanche », et cité par plusieurs médias français, « le gouvernement serait sur ses gardes », dans l’attente de la publication de la tribune des militaires d’active, survenue dimanche soir. La question serait même remontée « jusqu’à l’Elysée et au ministère des Armées », selon le journal français.