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Quand un ministre promet de « pourrir la vie » aux musulmans

Darmanin harcèlement musulmans

On aurait pu croire à un poisson d’avril, cet entretien du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 1er avril au journal le Figaro, mais, malheureusement, il s’agit bien d’une triste réalité en France.

En effet, dans cet entretien, Darmanin promet de harceler, les fédérations qui ont refusé de signer « la Charte de principe pour l’Islam de France » autrement connue sous le nom de « la Charte des imams ».

« Il n’y a rien à négocier avec ces gens-là et nous mobiliserons tous les leviers de l’Etat pour empêcher l’installation de ceux qui n’ont pas signé la Charte […]. Cela vaut aussi pour les associations éducatives religieuses ou les écoles hors contrat […]. Les contrôles seront très intenses […] qu’ils s’attendent à avoir l’Etat sur leur dos matin, midi et soir ».

Ces menaces auraient pu être les paroles d’un despote du moyen-âge, mais ce sont bien ceux d’un ministre de la République française du 21ème siècle.

Ainsi, Gérald Darmanin n’hésite pas à menacer ouvertement des associations qui refusent de se soumettre au diktat d’un gouvernement qui instrumentalise le Conseil Français du Culte Musulman.

Dans le viseur du ministre se trouvent, bien sûr, les trois fédérations, à savoir le Comité de coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), la Confédération Islamique Milli Gorus (CIMG) et l’association musulmane « Foi & Pratique » mais aussi des mosquées indépendantes ou rattachées à des fédérations signataires qui ont refusé de signer ladite Charte.

Obligation de signer la charte

Le ministre se comporte comme s’il était obligatoire de la ratifier. D’un côté il nous explique que la charte n’a jamais été imposée par l’Etat mais en même temps promet de « pourrir la vie à des musulmans » pour avoir refusé de signer.

A ce que je sache, il n’y a aucune obligation légale à la signer. En revanche, utiliser sa position dominante pour harceler les citoyens c’est pénalement condamnable.

Comment dans ce cas, le président français et les membres du gouvernement peuvent-ils continuer d’affirmer qu’ils n’ont rien contre les musulmans ?

D’autant plus qu’une charte se négocie avec les concernées, qu’on doit essayer de la rendre la plus consensuelle possible, en répondant à toutes les interrogations.

En effet, en janvier 2021, les trois fédérations avaient expliqué les raisons de leur refus à signer cette charte. Elles avaient des interrogations légitimes et demandé à être entendues aussi bien par le gouvernement que le CFCM. Malheureusement, ni l’un ni l’autre ont eu le courage de répondre à ces interrogations qui sont, d’ailleurs, aussi celles de milliers de musulmans français.

Une charte établie sur des bases non saines, avec des affirmations approximatives ne pouvaient que causer des problèmes.

Ces interrogations se confirment

Après la validation par l’Assemblée nationale, les sénateurs ont apporté de nombreuses modifications au projet de loi « confortant les principes républicains ». Ainsi, sans rentrer dans les détails, nous avons eu droit en une semaine à de nombreuses interdictions visant uniquement les musulmans mais surtout les musulmanes.

Lors des séances parlementaires, les sénateurs se sont littéralement lâchés afin de voter des lois non seulement islamophobes mais aussi liberticides.

« L’interdiction de sorties scolaires aux femmes voilées, l’interdiction des signes religieux dans l’espace public pour les mineurs, interdiction d’afficher des drapeaux étrangers dans les mariages, interdiction de réunion non-mixtes ». La liste peut continuer à s’allonger sans parler de l’interdiction d’utiliser le mot islamophobie et racisme d’Etat.

Même les mises en garde des organisations de défense des droits humains comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou des organisations internationales comme Amnesty International, le Conseil de l’Europe ou l’ONU ne changent rien. Ainsi, la France est devenue le pays des interdictions. Jamais une république démocratique n’a autant visé ses propres citoyens au nom de pseudos « valeurs » aux interprétations malléables.

Libération de la parole

Depuis, des années les musulmans exhortent les responsables politiques à prendre en main ses responsabilités pour stopper cette haine envers les musulmans. Mais non seulement, la situation s’aggrave de plus en plus, mais la libération de la parole islamophobe prend une tournure vers un point de non-retour. Les journalistes, les politiques et même des citoyens se lâchent au nom d’une pseudo liberté d’expression, voire, parfois, la liberté de blasphémer.

Ainsi, à titre d’exemple, lors d’une émission sur la chaine CNEWS le 30 mars, Serge Federbusch, un politicien passé par le PS, puis par l’UMP avant de porter les couleurs du Rassemblement National aux dernières municipales de 2020 a affirmé que « toutes les femmes qui portent le voile sont des ennemies de la République ».

Nous y voilà : « Ennemis de la République ». Les trois fédérations qui avaient refusé de signer cette charte avaient pourtant prévenu que «les valeurs de la République sans explication pouvaient donner lieu à des abus».

Aujourd’hui, la libération de la parole leur a donné raison. La France doit revenir à la raison. Le monde entier nous observe avec effroi. Cette France n’est pas celle de la « Liberté Egalité Fraternité » qu’on nous vantait.

Observatoire la laïcité

D’ailleurs le démantèlement de l’Observatoire de la laïcité par Marlène Schiappa démontre que le gouvernement veut imposer une définition de la laïcité selon son idéologie. Comme le souligne, Philippe Marlière, professeur à University College London, l’acharnement contre Nicolas Cadène, rapporteur de l’observatoire n’a rien de rationnel : « Il a été attaqué car il a défendu et expliqué précisément la laïcité selon le droit, rien que le droit. Ce qu’il a fait était indiscutable et imparable », explique-t-il sur son compte twitter.

Mais, visiblement, l’attachement à la loi n’est pas du goût de tout le monde. Ainsi le gouvernement va mettre en place une nouvelle instance qui aura une lecture de la laïcité selon les envies des membres du gouvernement. Elle sera donc, excluante, et non conciliante.

Une situation très grave qui va ternir une fois de plus l’image de la France à tel point que des apparitions de Macron dans des médias étrangers n’y changeront rien.

Surtout que désormais les citoyens français rigolent bien quand Marlène Schiappa affirme : « Vous pourrez toujours compter sur les marconistes pour battre l’extrême droite ».

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