A Mantes-la-Jolie, Brahim Bourika, restaurateur d’origine marocaine, offre des repas gratuits aux étudiants qui rencontrent des difficultés pour se nourrir, notamment en raison des conséquences de la pandémie de Covid-19.
Depuis quelques semaines, des images montrent un grand nombre d’étudiants à Paris, faire la queue pour obtenir des colis alimentaires distribués gratuitement dans différents points de la capitale française.
Le restaurant de Brahim, « Etoile de Fès », se trouve à 50 km de Paris. Le jeune entrepreneur a décidé d’offrir des repas gratuitement aux étudiants en difficulté financière.
Sa décision est d’autant plus remarquable alors que la France est empêtrée dans un débat houleux autour du projet de loi Séparatisme, actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale.
Ce projet de loi, préparé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est qualifié de discriminatoire plus particulièrement envers les musulmans dont les lieux de culte, restaurants, associations et autres entreprises sont menacés par des pressions administratives voire des fermetures.
Restaurateur depuis 4 ans
Par son geste, Brahim affiche le profil du musulman exemplaire.
Le jeune homme de 28 ans s’est exprimé au micro de l’Agence Anadolu (AA).
Il a travaillé jusqu’en 2017 dans la sandwicherie de son père, avant de créer sa propre entreprise il y a 4 ans.
« Quand j’ai ouvert ce restaurant, j’ai promis à Allah de ne laisser personne avoir faim », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que sa porte est ouverte à tous ceux qui n’ont pas d’argent.
Brahim s’est choisi comme principe de vie l’une des hadiths (paroles) du Prophète Mohammed : « Faites preuve de compassion envers les Hommes pour qu’Allah en fasse de même avec vous «
Brahim explique avoir été profondément touché par les informations concernant des suicides chez des étudiants en difficulté financière, et devant les files interminables devant les distributions de colis alimentaires.
« La France est parait-il la 6ème puissance économique du monde. Comment ces choses sont-elles possibles dans un pays comme ça. Ces jeunes étudiants qui travaillent pour la France sont condamnés à mourir de faim, ce n’est pas normal », estime-t-il aussi.
La décision de Brahim d’offrir des repas aux étudiants à très vite été reprise sur Twitter, puis dans les médias locaux et enfin nationaux. De nombreuses personnalités et anonymes ont apporté leur soutien au jeune restaurateur.
On ne regarde pas si les étudiants sont musulmans ou chrétiens
Pour Brahim, son geste est conforme avec la devise de la France, « Liberté, Égalité, Fraternité ».
« A mes yeux, tout le monde est égal, je ne regarde pas si la personne est musulmane, ou chrétienne, ou noire ou chinoise ou autre. Notre porte reste ouverte à tous », explique-t-il.
Brahim n’attend aucun retour, il se contente des prières que certains pourront faire pour lui.
– « Nous ne sommes pas des ennemis de la France, les dirigeants ne doivent pas nous voir ainsi »:
Le jeune restaurateur a aussi reçu de nombreux messages, même depuis d’autres pays tels que la Belgique, l’Allemagne, le Canada et le Maroc, son pays d’origine.
En revanche, il a refusé toute offre de dons, ne voulant pas que sa décision perde tout son sens.
Il remercie cependant chaque personne, musulmane, chrétienne ou juive, qui a proposé de lui donner de l’argent : « Je fais ça pour Allah », a-t-il insisté.
« Si tu es musulman, l’Islam te demande de toute façon de venir en aide aux gens. La France est aussi notre pays. Les musulmans ne sont pas comme décrits dans les télévisions », a-t-il ajouté.
Débat sur les lois antimusulmanes
Il regrette, en revanche, les débats autour du séparatisme, qui vise particulièrement les musulmans.
L’Islam n’est pas une religion séparatiste, les musulmans n’ont plus. Nous ne voulons pas nous séparer de notre État, nous ne voulons pas en créer un autre. Tout est un gros mensonge
Brahim Bourika
Brahim Bourika insiste sur le fait que les jeunes musulmans doivent être des modèles pour l’ensemble de la société, pour que ce message atteigne le monde entier.
Pour conclure, le jeune restaurateur indique que seul le maire de sa commune l’a appelé pour le féliciter, alors qu’aucun responsable gouvernemental ne s’est approché de lui.