Depuis la signature de la « charte des principes pour l’Islam de France » dit la charte des imams, le 18 janvier dernier, les contestations de la part des musulmans se multiplient en France et dans le monde.
En effet, suite aux refus de signature de la part de trois membres du CFCM, d’autres organisations et mosquées appellent à rejeter le projet, même si elles ne sont pas concernées par cette charte.
Ladite « Charte des Principes pour un Islam de France » constitue un préalable pour la création d’un « Conseil National des Imams ». Le CNI va ainsi labelliser des imams, afin qu’ils puissent exercer en France.
Imposée par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, la charte est pourtant contestée de partout au sein de la communauté musulmane mais aussi par des organisations de défense de droits humains.
Les mosquées montent au créneau
Le 25 janvier dernier, le Conseil des Mosquées du Rhône (CMR) ainsi que le Conseil Théologique des Imams du Rhône ont publié un communiqué dans lequel ils refusent une charte « dans laquelle ils ne se retrouvent pas ».
En effet, pour les deux Conseils, qui attendaient « une charte de déontologie ayant pour vocation d’être un guide de comportement individuel de l’imam », cette charte ne répond pas du tout aux « attentes des musulmans ».
Les deux organes regrettent l’absence de consultation au niveau des premiers concernés. Par ailleurs, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon et président du CMR ainsi que Azeddine Gaci, porte-parole de CTIR s’inquiètent d’un climat de suspicion général à l’égard des musulmans.
En outre, ils ne comprennent pas, non plus, pourquoi des pratiques « archaïques propres à une petite minorité font l’objet d’une charte aussi importante ».
Enfin, les deux organes qui représentent une trentaine de mosquées et d’imams refusent également que les non signataires de la charte « imposée et décrétée et non partagée » soient incriminés comme de « mauvais citoyens ».
Des imams de renom s’opposent
Par ailleurs et dans la foulée des événements, deux imams bien connus par leur notoriété ont également fait connaître leur opposition à la charte.
Il s’agit d’Ismael Mounir, imam à Marseille et Mohamed Nadhir de la plateforme Dinul Qayyima, pour ne citer qu’eux. Ils ont publié des vidéos dans lesquelles, ils s’exprimaient contre la charte des principes pour un Islam de France. D’ailleurs, Ismael Mounir qualifie ce contrat imposé comme « la charte de la honte ».
Il faut aussi noter que de plus en plus de citoyens, simples fidèles d’une mosquée, exhortent leurs imams à ne pas signer la charte.
Les sondages sans équivoque
Pour le moment, il n’y a pas eu de sondages de la part des grands instituts. Cependant, deux petites consultations permettent de constater l’opposition des musulmans.
La première consultation réalisée sur Twitter par le site « Dômes et Minarets », montre le mécontentement des musulmans.
Ainsi, 86.4% des internautes musulmans qui ont participé au sondage, affirment qu’ils « ne soutiendront plus financièrement leurs mosquées qui ont signé la charte. »
Un autre sondage publié le 26 janvier, par l’imam et conférencier à Paris, Nouredinne Aoussat sur sa page facebook concerne cette fois directement les imams.
Ainsi, 70 imams ont été interrogés sur leur position concernant la « charte de principes pour un islam de France » dite « la charte des imams ». Et ce sondage illustre parfaitement le malaise au sein des imams.
Ainsi, selon ce sondage 85% des imams se disent opposés à la charte. Seul 15% soutiennent l’initiative.
La plupart des imams considèrent, au fait, que c’est une charte imposée aux imams et qu’elle est écrite sans eux.
Un autre point qui dérange dans cette charte, c’est « le ton accusateur, écrit par le gouvernement et non les musulmans, qui bafoue la liberté de conscience et de religion et surtout qui dénature l’essence même de l’Islam ».
Contestation de la charte des imams à l’étranger
Il faut dire que les musulmans de France ne sont pas les seuls à monter au créneau. En effet, plusieurs pays ont appelé la France à « être raisonnable et cesser d’humilier les musulmans ».
Ainsi, le 21 janvier, la Ligue des Oulémas, regroupant des savants de 12 pays, du Sahel au Moyen-Orient, a demandé à la France « de corriger ses relations avec les musulmans ».
Félicitant les organisations qui n’ont pas signé cette charte, les oulémas ont rappelé « qu’il était illicite pour un musulman d’élever les principes d’une république au-dessus de l’islam, même s’ils ont le devoir de respecter les lois du pays ».
De son côté, le 23 janvier, l’Union internationale des savants musulmans a appelé le gouvernement français à cesser de s’ingérer dans les affaires de l’Islam et à aborder cette question de la même manière qu’il aborde les autres religions.
Dans son communiqué, l’Union a rappelé que les musulmans de France étaient aussi des citoyens à part entière de ce pays, mais que ce genre de situation « n’aidait pas à la cohésion sociale ».
Le lundi 18 janvier, cinq des 8 fédérations membres du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) avaient signé, à l’Elysée « la charte des principes de l’Islam » premier pas pour l’élaboration du Conseil National des Imams (CNI). 3 fédérations et une mosquée avaient refusé de signer la charte et Macron leur avait donné un ultimatum de15 jours pour signer.
Climat de suspicion général envers les musulmans
Cette offensive contre les musulmans de France avait commencé depuis le mois d’octobre 2020.
Le chef de l’État avait prononcé le vendredi 2 octobre un discours dans lequel il a exhorté au «réveil républicain» face au «séparatisme islamiste». Par la suite, le gouvernement a annoncé la dissolution de deux ONG musulmanes après l’assassinat du professeur Samuel Paty. Dans la foulée, plusieurs mosquées, écoles musulmanes et des commerces ont été fermés.
Par ailleurs, l’Assemblée Nationale discute actuellement d’un projet de loi contre les « séparatismes », rebaptisé en « loi réconfortant les principes républicain » dans lequel les musulmans sont particulièrement visés.
Un grand nombre de députés de la majorité et de l’opposition ont déposé plus de 2000 amendements de ce projet de loi.