Dans son édition du 31 janvier, le Journal du Dimanche (JDD) a affirmé que « les services de l’Etat doivent ruser contre l’islamisme » quand ils ne trouvent pas de délits.
En effet, le JDD a suivi une opération qu’il a rapportée sur ses colonnes.
On y apprend, ainsi, que la nouvelle stratégie du gouvernement contre un supposé islamisme est de « monter des opérations multiservices pour entraver et déstabiliser l’action de certaines structures communautaristes », citant Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône.
Selon l’article, la préfecture vise particulièrement « les mosquées radicalisées, les lieux où se déploie le prosélytisme comme les écoles hors contrat, les familles qui n’envoient pas leurs enfants à l’école, les clubs de sport et des snacks ».
Tout en reconnaissant que ces lieux n’enfreignent pas la loi, le journal explique que l’Etat doit ruser pour mettre la pression sur d’autres sujets que « le séparatisme ».
Ainsi, des mesures administratives sont largement utilisées pour incriminer « des séparatistes ».
Pourtant, quand on étudie les critères de « radicalisation et de séparatisme », on reste dubitatif sur les raisons.
Les pratiques religieuses en ligne de mire
Malgré des rappels à la loi par plusieurs organisations internationales dont Amnesty International et Human Rights Watch, la France continue de détourner les textes juridiques pour chasser et stigmatiser les musulmans.
Sans aucun regret, l’article précise, d’ailleurs, que les lieux visités par la CAF, l’URSSAF, les pompiers, etc., ne commettent aucun délit grave qui justifie autant de mobilisation.
Les services visent en particulier les snacks Halals. On y apprend ainsi que ce n’est ni des problèmes d’hygiène, ni des fraudes fiscales qui sont recherchés en premier, mais des « éléments de preuve de séparatisme ».
Et si ces services soupçonnent le moindre radicalisme alors dans ce cas seulement on applique des lois classiques pour verbaliser les commerces.
A titre d’exemple, l’article explique qu’un policier avait « découvert deux tapis de prière dans une partie privée non ouverte au public ».
De ce fait, pour n’importe quel musulman un tapis de prière est un simple outil de pratique religieuse. Pourtant, cela devient un outil d’islamisation pour les brigades de contrôle. Il n’existe plus de frontières entre islamiste, radical et musulman.
Liberté de croyance en danger
En criminalisant des pratiques des plus banales, acceptées de tous les musulmans du monde, la France conforte son image de « chasseur de musulman ».
Et pourtant, dans la même édition du journal en question, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa affirmait :
Comment dans ce cas expliquer que l’administration considère un tapis de prière comme une preuve d’islamisme ?
Désormais, sur les réseaux sociaux les musulmans se demandent si demain le fait de prononcer le mot « Allah » va les conduire en prison. Le terme « islamiste » est devenu si banal que chaque musulman est un islamiste sans pour autant jamais savoir ce que c’est « réellement l’islamisme ».
D’ailleurs, comme l’explique le professeur de sociologie à l’Université américaine de Beyrouth, Sari Harif, : « le terme « d’islam politique » (mais aussi et surtout d’« islamisme ») est souvent utilisé aujourd’hui pour stigmatiser un type de mouvement et pour suggérer que toutes ses trajectoires sont identiquement réductibles à l’influence des lecteurs de Sayyid Qutb (penseur des Frères musulmans radical sur le plan politique), d’al-Qaïda et de Daech ».
Ainsi, en mettant tous les « islamistes » dans le même panier et en cherchant à interdire des mouvements islamiques ou d’inspiration islamique, la France supprime toute possibilité d’expression politique.
Ce sont ces interdictions qui font le jeu des radicaux violents dans la mesure où ils utilisent comme justification d’actes violents « puisqu’ils ne peuvent plus exprimer leurs opinions ».
Pour toutes ces raisons, on comprend que, finalement, la France a décidé de supprimer la séparation entre islamiste et musulman et que tout musulman est un coupable inné.
Et tout cela pour « marquer les esprits et montrer que la République est partout chez elle », comme le conclut l’article du JDD.