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Medyaturk Info poursuivi, la liberté de presse menacée

censure medyatuk info

Medyaturk Info, notre site d’information destiné à un lectorat franco-turc, est poursuivi par le Tribunal de Bordeaux.

« Notre site d’information ‘Medyaturk Info’ fait l’objet d’une procédure judiciaire diligentée par une juge d’instruction de Bordeaux pour avoir simplement fait notre travail », a expliqué Fatih Karakaya, directeur de Medyaturk Info.

En effet, au mois de novembre 2020, la direction de Medyaturk Info a reçu « un avis de mise en examen en matière de délits de diffamation et d’injure publique » par la juge d’instruction de Bordeaux en raison d’un article daté du 4 septembre 2019.

« À l’époque, nous avons été contactés par une famille franco-turque de Bordeaux qui se plaignait de racisme subi de la part de ses voisins », a précisé Karakaya.

Après avoir recueilli le témoignage de cette famille, le journaliste tente d’entrer en contact avec le maire de la commune ainsi que les services de gendarmerie de Saint-Savin afin de confronter les sources, comme tout journaliste qui se respecte. Joint, le maire de la commune confirme qu’il y a bien un problème de voisinage mais ne se prononce pas sur le fond de l’affaire. Quant à la gendarmerie, elle refuse de communiquer sur l’affaire, précisant qu’il s’agit d’une affaire en cours d’instruction.

D’ailleurs, dans le reportage, la famille franco-turque se plaignant de comportements racistes pouvant émaner de son voisinage se dit atterrée du manque d’écoute de la part des gendarmes qui « laissent traîner les choses et ne diligentent aucune enquête depuis plus d’un an que les faits se répètent ».

Témoignage sur les réseaux sociaux

Avant de contacter Medyaturk Info, la famille Tanriverdi essaie de se faire entendre sur les réseaux sociaux ainsi que sur YouTube, où une vidéo montrant la détresse de la famille est toujours consultable. En effet, dans cette vidéo, Ferat, le père de famille explique, entres autres, que « leur maison a été incendiée alors qu’ils étaient en vacances en Turquie ».

Il accuse son voisin avec qui la famille a des problèmes depuis plus d’un an d’être à l’origine des faits. Par la suite, lorsqu’elle contacte Medyaturk Info, à aucun moment le nom des voisins n’est cité.

« D’ailleurs nous avons veillé à mettre un point d’interrogation dans le titre », tient à souligner Karakaya.

Les voisins refusent de témoigner

N’ayant pas pu obtenir de contact avec « les voisins », l’article est publié sans jamais citer de nom et en relatant le témoignage de la famille.

Après la parution de l’article, Karakaya a indiqué que les voisins mis en cause ont pris contact par mail avec Medyaturk Info afin de démentir la version de la famille franco-turque alors que leur nom n’était pas paru.

Dans une série d’échanges de mails entre Karakaya et les voisins, les voisins en question exigent la suppression de l’article.

« Nous avons alors proposé de donner leurs versions des faits afin que nous puissions les publier également », a poursuivi Karakaya.

Mais la voisine refuse et « explique qu’elle va plutôt parler à un média local ». Malgré, plusieurs relances de Medyaturk Info, les voisins ne donneront plus aucun signe.

Des poursuites plus d’un an après

Malgré la démarche du site qui a cherché à donner la version de toutes les parties concernées, en novembre 2020, Medyaturk Info reçoit un premier avis avant poursuite où le média est accusé de « diffamation publique ».

Les journalistes du site d’information rédigent alors une lettre d’observation dans laquelle, ils refusent « les accusations et expliquent qu’ils ont simplement fait leur travail de journalistes ».

Malgré les explications apportées dans ce courrier, la juge d’instruction décide de la mise en examen. « C’est une atteinte à la liberté de presse », s’est insurgé Karakaya qui estime que « les médias indépendants sont sous pression ».

« Si à chaque fois qu’un média qui relaye des témoignages fait l’objet de poursuites judiciaires alors il n’en restera plus beaucoup en France ».

le directeur de Medyaturk Info

Ce dernier estime que cette poursuite est infondée et qu’il s’agit avant tout « d’une tentative d’intimidation afin de faire taire ceux qui dénoncent des faits de discrimination et de racisme qui malheureusement sont encore bien trop nombreux en France ».

Quant à l’issu du procès, Karakaya reste confiant et estime que « les charges, si maigres, seront abandonnées », et que cette affaire n’ira jamais devant un tribunal.

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